Le Comité de soutien de Merzoug Touati au Québec et au Canada demande sa libération

Nous, citoyennes et citoyens du Québec et du Canada de tous les horizons de la société civile, réunis le 9 juin 2018 devant le consulat général d’Algérie à Montréal, exprimons notre entière solidarité avec le jeune blogueur Merzoug Touati injustement condamné, le 24 mai dernier, à dix ans d’emprisonnement ferme pour avoir interviewé un diplomate israélien et publié cet entretien sur les réseaux sociaux ainsi que sur son blogue Al-Hogra, le 9 janvier 2017. Ce qui lui a valu une arrestation immédiate et une accusation d’intelligence avec une puissance étrangère de nature à nuire aux intérêts de l’Algérie. Merzoug Touati, 30 ans, qui a fait appel de ce verdict, sera entendu de nouveau le 21 juin prochain. A court terme, nous appelons à une très large mobilisation en sa faveur pour exiger sa libération.

Nous condamnons vivement cette lourde peine et dénonçons l’instrumentalisation de la justice ainsi que les atteintes répétées aux droits humains fondamentaux et particulièrement à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion, deux principes garantis par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (article 19) et consacrés par la Constitution algérienne. Les dérives autoritaires du pouvoir qui tente par tous les moyens de limiter voire criminaliser ces deux principes inaliénables constituent, de notre point de vue, de graves entorses à la démocratie. D’ailleurs, ce climat délétère place notre pays dans une situation de tension inutile et de confrontation des plus dangereuses.

La liberté d’opinion et la liberté d »expression sont deux principes chèrement acquis de nos luttes collectives pour l’émancipation de notre peuple et l’ouverture démocratique de notre pays amorcée depuis 1988. Renoncer à ces deux principes c’est faire fi des sacrifices de toutes celles et de tous ceux qui ont payé de leur vie pour consolider l’idéal démocratique, dynamiser notre société civile et inscrire notre démarche nationale dans une perspective plus globale d’ouverture et de stabilité dans le monde.

Faute d’un réel projet de développement et d’unification des forces vives, le pouvoir a décidé, encore une fois, de recycler une vieille recette pour monter les uns contre les autres en érigeant en  »traîtres » des citoyens honnêtes exerçant légitimement leur jugement critique et leurs droits fondamentaux.

Dans son esprit, il suffit d’afficher quelques réticences vis-à-vis de ses politiques pour être accusés de crime de lèse-majesté. De plus, en brandissant le spectre du conflit israélo-palestinien, la justice souffle sur les braises de la haine et de l’intolérance.

Nous appelons l’opinion internationale à exiger la libération des détenus d’opinion dont celle de Merzoug Touati et à relayer le plus largement possible toutes les actions de solidarité allant dans ce sens. Nous appelons nos concitoyens où qu’ils soient à rester solidaires avec les détenus d’opinion de plus en plus nombreux et vigilants face aux campagnes de désinformation et de diabolisation les visant.

Épris de justice, nous restons mobilisés à défendre, à travers d’autres actions dans les jours qui suivent, les libertés fondamentales. Notre démarche se veut non partisane et s’inscrit dans un large mouvement de solidarité avec Merzoug Touati et l’ensemble des détenus d’opinion en Algérie.

Pour le Comité de soutien: Ali Kaidi, professeur de philosophie;  Belkacem Nasri, militant associatif; Djemila Benhabib, politologue et écrivaine; Nacer Irid, ingénieur