Des militants, anciens détenus d’opinion et intellectuels appellent à la libération de Mohad Gasmi, militant pacifique du sud algérien.
En ce 5 juillet 2023, marquant le 61 anniversaire de la fête de l’indépendance et du recouvrement de la souveraineté nationale algérienne, Nos pensées spontanées émergent pour se solidariser naturellement avec tous les détenu-e-s, réprimé-e-s en Algérie et réfugié-e-s , exilé-e-s à l’étranger et notamment avec notre cher camarade militant Mohad Gasmi .
Mohad Gasmi est là où il ne devrait pas être. Il est enfermé à la prison d’Adrar depuis juin 2020, il a été condamné à cinq ans de prison pour
« apologie du terrorisme « .
Et comme pour faire rappeler cette fête nationale, il a déjà entamé une grève de la faim, un moyen ou une action dont il dispose pour dénoncer cet acharnement à son encontre.
Pour avoir bien connu Mohad Gasmi , j’aimerais apporter notre témoignage sur un militant qui a donné le meilleur de lui-même en vouant sa vie à être utile à son pays.
En devenant membre actif de la coordination nationale de défense des droits des chômeurs, il s’est engagé dans un combat de dépollution du milieu humain en cherchant les voies et moyens à éradiquer le fléau du chômage qui ronge la société algérienne comme un acide.
Par la suite, il a rejoint la coordination populaire contre le gaz de schiste d’In Salah, pour mener un autre combat de dépollution du milieu naturel, dans le cadre d’un mouvement pacifique de protestation contre les conséquences environnementales de la fracturation hydraulique.
Ainsi il apparait clairement que l’esprit de révolte de Mohad Gasmi et de ses camarades n’a jamais été pensé en démarche insurrectionnelle contre l’Etat. Il s’est agi d’une protestation de la conscience pour affirmer non seulement les droits du citoyen, mais surtout ses devoirs. C’est l’occasion de rappeler la vocation et les missions de la société civile, qui ne peut être réduite à un appendice de l’administration.
Le peuple algérien a payé un prix élevé en sacrifices pour mettre fin à la domination coloniale. Les Algériens sont restés animés par l’idéal révolutionnaire dont la leçon sublime est le lien étroit qu’il y a lieu de préserver entre liberté et vérité. Ce qui veut dire que la répression de la contestation citoyenne à travers sa pénalisation est de nature à provoquer une dévitalisation de la société et sa perversion.
La contestation est donc un signe de bonne santé citoyenne car elle est issue des droits naturels et humains, qui doivent être préservés des revers du juridisme générateur de l’ordre administratif. La cohésion sociale et la stabilité politique sont fondées d’abord sur le niveau de conscience des responsabilités individuelles et collectives.
La société civile est l’expression vivante de ces responsabilités individuelles et collectives. Son espace doit être protégé par la loi car il est le lieu d’expression et concrétisation de l’initiative citoyenne. C’est-à-dire là où se terminent les domaines de compétence de l’administration et les champs d’intervention des entreprises économiques.
Pour toutes ces considérations, il apparait que la vitalité de la société et la viabilité de l’Etat sont conditionnées par la neutralisation des tentations d’un système totalitaire. La loi ne doit donc jamais se substituer aux droits naturels et humains ni à la liberté des citoyens de concevoir les modes d’organisation qu’ils estiment les plus appropriés à leur initiative.
Tel a été le combat de Mohad Gasmi, victime avec tant d’autres de l’incompréhension des tenants d’un juridisme qui ignore l’éthique. Du fond de sa cellule, il est toujours animé par la poursuite de son combat pour éviter que le chômage fournisse une armée incontrôlable de révoltés qui n’ont rien à perdre et pour éviter aussi une catastrophe écologique.
En demandant la liberté pour Mohad Gasmi , nous espérons aussi mettre fin au dispositif inique de criminalisation de la contestation citoyenne.
Premiers signataires :
Djalal Firas Ferhat : membre du Civic d’Oran
Membre du GASO – Groupe antigaz de schiste d’Oran.
Tahar Belabbas : Movement for Justice -London.
Aibek Abdelmalek : CNDDC, Comité national anti gaz de schiste – Ouargla.
Elhella Djamel Eddine : membre de FFS Ouargla.
BEDJRA Youcef : Uncdh Ouargla.
Aissa Rahmoune : vice-président de la FIDH (Fédération nationale pour les Droits Humains) -France.
Hervé Paris : Réseau Altercarto Lyon-France.
Said Salhi : défenseur des Droits Humains Belgique.
Karim Tedjani : écologiste algérien.
Ali Ait Djoudi : Président de Riposte Internationale.
Azahoum Boualem : Militant des Droits de l’homme, Lyon France.
Malika Abdelaziz : ancienne journaliste.
Khaled Tazaghart :bex détenu d’opinion.
Marouane Tabti
Arab Izarouken : retraité.
Lahcen Bourbie : journaliste.
Houcine Boumedjane : Militant des Droits Humains.
Abdelouhab Fersaoui : Militant politique.
Kamel Kaced : section FFS Tadmait.
Hadj Ghermoul : Cnddc Mascara.
Ferhati Hacene
Mehdi Belgherbi : ex-secrétaire national FFS.
Hamza Hamouchene : écrivain.