En Libye, Il y a eu le clan Kadhafi, maintenant c’est celui des Haftar qui met la main sur l’Armée nationale populaire. Les ambitions familiales de l’autoproclamé maréchal Khalifa Haftar modifient radicalement le paysage politique et compliquent davantage l’avenir du pays.
Plusieurs observateurs considèrent que la nomination de Saddam Haftar comme adjoint de son père au commandement de l’Armée nationale libyenne (ANL), puis celle de Khaled Haftar comme son chef d’état-major, sont des messages politiques qui « menacent une solution pacifique en Libye ». Des décisions immédiatement rejetées par Tripoli.
Ces décisions prises en huit-clos ont été immédiatement rejetées par Tripoli. Selon l’Accord politique de 2015 et la Feuille de route de Genève de 2021, il revient au Conseil présidentiel de nommer un commandant suprême des forces armées.
Le Conseil présidentiel ne reconnaît pas les forces dirigées par l’homme fort de l’est libyen comme un organe officiel de l’État, mais plutôt comme une force militaire de facto. Aussi, la légitimité du décret nommant Saddam Haftar comme adjoint – et donc de fait comme successeur de son père – est discutable. Mais cette nomination est très largement reconnue au sein de la population à l’est du pays. En témoigne le flot de félicitations adressé à la famille Haftar. Khalifa Haftar refuse de quitter la scène politique sans avoir, au préalable, imposé sa famille.
Ces décisions aggravent cependant la division du pays et mettent l’est libyen sur le chemin d’une dictature. Elles remettent en cause toute discussion sur l’unification des institutions et surtout de l’armée. Elles compliquent également la mission de l’ONU en Libye ainsi que l’organisation des élections générales.
La suspension des municipales dans les villes contrôlées par l’ANL est un autre message adressé à la communauté internationale.
Khalifa Haftar s’apprête également à réorganiser l’ANL, en se débarrassant des anciens haut-gradés, afin d’ouvrir la voie à son fils Saddam, qui nommera de nouveaux jeunes officiers plus fidèles.
La mise à l’écart lundi 18 août du bras droit de Khalifa Haftar, Abderrazak el Nadhouri, n’est qu’un début d’une série de changements qui auront lieu progressivement, affirment les observateurs. L’ANL est composée en bonne partie, à l’origine, d’anciens officiers du colonel Mouammar Kadhafi.
Khalifa Haftar bénéficie pourtant de plusieurs soutiens régionaux et internationaux comme les États-Unis, la Russie, la France, l’Égypte et les Émirats arabes unis. Sans ces derniers, l’autoproclamé maréchal Haftar n’aurait pas compté sur la scène libyenne. Tous ces soutiens intéressés cherchent en vrai à préserver d’abord leurs intérêts en Libye.
La rédaction/Rfi