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Libye : luttes d’influence à la tête de la Banque centrale

La Libye est de nouveau secouée par les luttes de pouvoir entre les deux gouvernements de l’Est et de l’Ouest : le gouverneur de la Banque centrale a été contraint de fuir le 26 août, poussé vers la sortie par le gouvernement de l’Ouest, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah.

 Une mission de l’ONU a été dépêchée sur place. Dimanche 8 septembre, la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont enjoint Tripoli de trouver une solution rapide. Le Parlement et le Haut-Conseil d’État libyen disposent d’un mois pour tomber d’accord et nommer un nouveau gouverneur.

C’est un poste stratégique : la banque centrale à Tripoli est la seule à contrôler les recettes pétrolières. L’installation à sa tête en tant que gouverneur par intérim d’Abdel Fattah Ghaffar a provoqué la suspension immédiate des transactions des banques internationales avec la Banque centrale libyenne.

Cette nomination ne respecte pas l’accord politique de 2015 ratifié sous l’égide de l’ONU. L’homme n’est donc pas reconnu au niveau international, explique Jalil Harchaoui, chercheur au Royal United Services Institute de Londres, au micro d’AlexisBédu : « Celui qui est présenté par le Premier ministre Dbeibah comme étant le nouveau gouverneur intérimaire de la Banque centrale, en réalité ne l’est pas. C’est-à-dire qu’il a pris le contrôle des systèmes de dinars [la monnaie locale, NDLR] en Libye. Mais pour la chose qui importe vraiment beaucoup, qui est le nerf de la guerre  à savoir les dollars, les euros, les livres sterling – il n’a pas la possibilité d’avoir accès cet argent-là. Il appartient à la Nation libyenne. »

Incertitudes sur les importations de nourriture

Il est désormais impossible pour Tripoli d’émettre des lettres de crédit pour importer de la nourriture ou des vaccins, par exemple. Des pénuries pourraient rapidement se faire sentir, toujours selon Jalil Harchaoui : « Comment est-ce que la Libye va importer de la nourriture en octobre 2024 ? Je ne connais aucun Libyen, aucun diplomate étranger, qui est capable de répondre à cette question, pour mesurer la gravité de la chose.

L’autre conséquence : la production de pétrole est à l’arrêt dans le pays. La mesure a été décidée par le gouvernement de l’Est, du maréchal Khalifa Haftar, qui détient les principaux puits et qui dénonce la prise de pouvoir de l’Ouest à la tête de la Banque centrale.

En proie au chaos depuis la chute et la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : celui d’Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, et un autre dans l’Est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar. La Libye tire quasiment la totalité de ses ressources de l’exploitation du pétrole, dont la production était revenue récemment à 1,2 million de barils par jour (contre à 1,5 à 1,6 millions avant la révolution de 2011).

Rfi

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