L’Organisation internationale des migrations a par ailleurs indiqué ce mercredi 15 février que sept survivants étaient actuellement hospitalisés après le naufrage de leur embarcation la veille, et que onze corps avaient été récupérés par le Croissant-Rouge libyen et la police locale.
Le navire était parti de la localité côtière libyenne de Qasr Al-Akhyar, à 75 km à l’est de la capitale Tripoli. Il transportait environ 80 personnes. Destination : l’Europe. Au lendemain du naufrage, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué ce mercredi que 73 passagers étaient portés disparus et « présumés morts ». Sept autres ont été sauvés et sont hospitalisés. En Libye, la branche du Croissant-Rouge pour la région englobant Qasr Al-Akhyar a confirmé sur sa page Facebook, photos à l’appui, que ses équipes avaient par ailleurs récupéré onze corps. Aucun commentaire sur ce naufrage n’a en revanche été fait par les autorités libyennes.
Cette nouvelle tragédie porte le nombre de morts en Méditerranée centrale – l’une des voies privilégiées par les migrants tentant de rejoindre le continent européen – à plus de 130 morts depuis le début de 2023, selon le recensement fait par l’OIM. En 2022, plus de 1 450 décès avaient été enregistrés par l’agence onusienne. « La Méditerranée centrale reste la traversée maritime migratoire la plus meurtrière au monde, faisant chaque année le plus grand nombre de morts », rappelle-t-elle, jugeant la situation « intolérable ». Une « action concrète des États est nécessaire pour accroître la capacité de recherche et de sauvetage, établir des mécanismes de débarquement clairs et sûrs ainsi que des voies de migration sûres et régulières afin de réduire les voyages dangereux », estime l’OIM.
Rome pointé du doigt
Début janvier, plusieurs ONG internationales engagées dans des opérations de secours aux migrants en Méditerranée avaient dénoncé la volonté du gouvernement italien d’extrême droite « d’entraver l’assistance aux personnes en détresse ». Elles pointaient les effets croisés d’un décret obligeant les navires à se rendre « sans délai » vers un port italien après chaque sauvetage et l’assignation désormais habituelle de ports très éloignés, réduisant les capacités d’assistance.
En première ligne, l’Italie est depuis des années l’une des principales portes d’entrée de l’immigration par voie maritime de l’Afrique vers l’Europe avec un record de 180 000 arrivées en 2016. Rome espère notamment obtenir une redistribution automatique des migrants arrivant sur son territoire, mais cette idée se heurte à de fortes résistances de nombreux pays de l’UE. Lors d’une visite à Tripoli fin janvier, la Première ministre italienne Giorgia Meloni avait fait état d’un accord bilatéral pour « faire davantage afin de contrecarrer les flux d’immigration illégale » depuis les côtes libyennes, un problème « qui ne concerne pas que l’Italie, mais également l’Europe ».
Le chaos qui a suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 a fait de la Libye une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants, originaires d’Afrique subsaharienne, de pays arabes et d’Asie du Sud, cherchant à rejoindre l’Europe.
Mardi, l’ONG humanitaire SOS Méditerranée a annoncé que l’Ocean Viking, navire-ambulance qu’elle affrète, avait secouru 84 migrants à bord d’une embarcation pneumatique « surchargée » au large de la Libye. Parmi les personnes évacuées se trouvent « 58 mineurs non accompagnés » et « de nombreux rescapés souffrent de déshydratation et d’hypothermie », a précisé l’ONG basée à Marseille.
Avec AFP