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L’illusion du contrôle : les complots comme refuge face à l’incertitude

Tebboune

L'utilisation du complot et de l'ennemi imaginaire est l'unique ressort trouvé par le régime pour se justifier.

Tebboune s’est découvert des talents de dictateur.

 

« Les théories des complots prétendent souvent révéler des informations secrètes ou dissimulées au grand public. Les individus qui y croient peuvent se sentir privilégiés d’avoir accès à cette « vérité » cachée, ce qui renforce leur sentiment de contrôle ».

L’illusion du pouvoir par les complots fait référence à une croyance perçue chez certaines personnes que des groupes cachés, souvent puissants et déficients, contrôlent secrètement les événements mondiaux et manipulent les sociétés à leur avantage. Cette croyance est à la base de la théorie des complots. L’illusion du pouvoir par les complots peut émerger dans des contextes où les individus se sentent désorientés, impuissants ou démunis face à des situations complexes et incertaines.

Pour certains, la réalité peut sembler trop difficile à comprendre ou à accepter, et ils cherchent alors des réponses simplistes à des problèmes qui sont souvent multifactoriels. Voici quelques éléments qui expliquent l’illusion du pouvoir par les complots : 1. Recherche de sens et de certitude : Les complots donnent une explication claire et nette à des événements confus ou troublants. Ils simplifient la réalité complexe et donnent un sentiment de compréhension même si les preuves sont minces voire inexistantes. Tous les enfants ont peur du noir, le noir c’est l’inconnu, le noir c’est l’absence du parent rassurant qui nous tient la main.

Souvent, lorsque l’enfant est abandonné, il panique, et s’agite pour ne pas penser, pour oublier et s’oublier. Il ne se contrôle plus, il dit des bêtises. Il cherche un coupable, accuse son voisin, son camarade différent, son prof, son directeur, n’importe lequel qui donnera matière à une théorie persécutant ou complotiste.

Grâce au complot, ce n’est plus de sa faute s’il a peur ou mal, non, c’est à cause de l’autre ! Et faisant d’une pierre deux coups, c’est aussi l’occasion de se masquer sa faiblesse actuelle en s’inventant un génie, maléfique, une puissance intellectuelle, une force pathétique dans sa « capacité à percer à jour les mensonges des méchants puissants » Les dirigeants donnent le spectacle désespérant de leur incompétence et de leur suffisance, et cela est fondamentalement angoissant pour chacun d’entre nous. Il n’y a pas de pilote compétent dans l’avion…

Cela augmente la défiance, la perte de confiance en l’autre, et constitue un terrain propice aux croyances complotistes. D’un certain point de vue, il peut être rassurant de penser que nos élites nous manipulent, sous-entendu qu’elles restent puissantes, plutôt que d’accepter l’effrayante réalité de leur faillite. Les complotistes, en réalité, sont gagnés par des mécanismes paranoïaques classiques, et bien connus par les psychanalystes et les historiens…Dans les complots, il faut toujours un méchant, un génie du mal, tirant les ficelles par cynisme, vice et gourmandise.

Gourmandise pour toutes nos pulsions humaines (cupidité, sexualité, agressivité) mais que l’on préfère nier en nous et attribuer, outré, à un autre écœurant. Une bonne théorie complotiste doit être vicieuse, ingénieuse, mais compréhensible par le plus grand nombre, et ne pas rompre avec les fantasmes communs, afin de rallier la masse et de lui permettre d’y défouler son désarroi.

Pour disqualifier et déconsidérer toute tentative de critique de l’ordre établi, de leurs institutions politiques et juridiques et de leur domination économique et sociale sur nos vies, les défenseurs de l’ordre établi – via les journalistes, éditorialistes, intellectuels acquis à leur cause – accusent leurs détracteurs de “complotisme”…

Si l’on retire aux gens la possibilité de critiquer des dominants qui méritent perpétuellement de l’être, alors on les obligera à aller chercher cette critique ailleurs sur la toile, sur ces sites qui résument grossièrement la domination des puissants à un seul grand dessein plutôt qu’à la multiplicité de leurs gros profits.

Les complots et les conspirations ont toujours existé et il en existera toujours. L’histoire est truffée de machinations, de tentatives de renverser l’ordre des choses, de provoquer tel ou tel résultat en manipulant les hommes et les événements.

Le complotisme est une facilité. A des situations complexes, incertaines, où il existe certainement des éléments ignorés par la majorité, il apporte des réponses simples. Le complotisme, c’est, ne pas chercher à comprendre, « ils » sont plus forts que nous, « ils » contrôlent les médias, « ils sont partout ».

Le complotisme est aussi le refus systématique de la version officielle. Ce qui n’est pas forcément une tare mais non plus pas une vertu. Tous les gouvernements, toutes les entreprises mentent.

Par volonté de ne pas tout dévoiler, par volonté de masquer leurs égarements et incompétences, par souci de ne pas affoler les marchés financiers. Mais ces mensonges, que n’importe quel (bon) journaliste doit avoir en tête lorsqu’il est en conversation avec un service de presse, ne signifient pas que « tout » est mensonge, trucage et surtout, que toute dérive d’une machination structurée.

Le complotisme donne au complotiste la sensation qu’il est plus intelligent que les autres. Normal, puisque lui « sait » tandis que les autres, naïfs qu’ils sont, baignent volontairement dans l’ignorance et le déni. Enfin, le complotisme est une facilité et une incitation sournoise au renoncement.

Puisque le monde est géré par des forces occultes et puissantes, puisque les dés sont pipés, pourquoi alors s’engager et se battre ? Pourquoi se mobiliser puisque «tout » ce qui arrive est le résultat d’une savante conspiration que personne ne semble capable de démonter ?

Dr A. Boumezrag

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