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L’immuable politique interventionniste génocidaire de la France  

OPINION

L’immuable politique interventionniste génocidaire de la France  

On l’ignore malheureusement trop souvent : les Croisades sont la première entreprise occidentale de « colonisation », de barbarie occidentale, de génocides, d’holocaustes. En résumé, elles marquent la naissance du capitalisme occidental sanguinaire, de l’Occident colonialiste, esclavagiste. Ainsi, dans ses langes, l’Occident s’affuble déjà de l’armure meurtrière. 

Les croisades génocidaires  

En guise de lait maternelle, il se nourrit du sang des cadavres orientaux, amérindiens, africains, asiatiques. Il se muscle son corps économique embryonnaire par la rapine, l’exploitation, l’oppression. En un mot : Il assure sa longévité par l’extermination des peuples conquis, par l’asservissement des autres Continents, le pillage de leurs richesses.   

De fait, la Guerre constitue l’ADN de l’Occident. L’Occident “arrogant et dominateur” est né dans les guerres, il s’est perpétué par les guerres, il crèvera par la Guerre. Mais par une ultime guerre sociale salvatrice et émancipatrice. La guerre coule dans ses vannes économiques comme le sang ruisselle dans ses veines mercantiles. Par son addiction à l’hémoglobine meurtrière, il sombrera de coma éthylique sanguinaire.   
À la vérité, les Croisades n’ont aucune dimension religieuse. Leurs motivations principales sont politiques, et surtout économiques. Comme de nos jours, les conflits entre “l’Occident et le monde musulman » ne constituent nullement des guerres interconfessionnelles. Mais il s’agit de véritables guerres impérialistes, opérées au service du capital pour le contrôle du pétrole ou d’autres mobiles géostratégiques.    

Au cours des multiples croisades, certes, les Croisés affluent de toutes les régions d’Europe, depuis le Portugal jusqu’à la Lituanie, mais l’essentiel des troupes est originaire de la France. On peut relever que les expéditions des croisades sont menées principalement par la France. Déjà, dès cette époque reculée féodale, la France se positionne comme la principale force armée des royaumes continentaux, l’axe de la politique « impérialiste » européenne, « le gendarme du monde ». Elle s’érige comme l’Etat le plus puissant et le plus influent du continent. Ainsi, les Croisades sont essentiellement des opérations de conquêtes menées par les Francs, ancêtres de la France impérialiste contemporaine.   

Les croisades, contrairement à l’historiographie propagée dans les manuels scolaires, ne sont pas motivées par des considérations religieuses chrétiennes, mais par des mobiles politiques et économiques.  

Les croisades, cette « épopée » pour paraphraser le titre du livre de René Grousset, permettent surtout à la chrétienté occidentale de se libérer de son trop-plein d’énergie barbare et d’hommes jeunes batailleurs. Ces brutes seigneurs constamment en guerres les uns contre les autres.  

Par le détournement de ces guerres féodales fratricides vers des cibles « orientales », les monarchies respectives européennes escomptent éliminer les conflits   internes. Affaiblir les seigneuries féodales. Consolider leur pouvoir absolutiste. Construire un État fort, homogène, conquérant. De fait, les Croisades favorisent l’enrôlement d’un grand nombre de jeunes chevaliers désœuvrés en quête d’aventures guerrières, des cadets de famille impécunieux, des vagabonds bruts appâtés par l’enrichissement.   

Pour mener à bien ces entreprises de conquête, tous les ordres sont mobilisés, depuis le clergé jusqu’à la noblesse, en passant par la bourgeoisie émergente, sans oublier la masse majoritaire du “tiers-état” constitué de populations rurales et citadines misérables. Ces pauvres prolétaires de l’époque féodale répondent aux sollicitations des croisades avec plus de dévotion et d’exaltation chrétiennes que les autres ordres supérieurs. Attirés par les récompenses célestes, contrairement aux autres classes sociales privilégiées intéressées uniquement par l’enrichissement pécuniaire terrestre, ces pauvres prolétaires cousent sur leurs vêtements une croix en tissu pour affermir leur foi : de la vient leur nom de « croisés »  
  
Les Croisades se déroulent en de multiples expéditions étalées sur au moins deux siècles. Elles nécessitent des investissements financiers importants.  
  
Au cours de ces croisades, toutes les corporations trouvent leur compte : corporations d’armuriers, forgerons, tailleurs, tanneurs et artisans. Sans oublier les grands commerçants et les financiers. Toutes ces petites manufactures équipent les croisés dans leurs campagnes de conquêtes. Les puissantes corporations commerciales et bancaires financent également ces expéditions.  

Pareillement, les armateurs et les ouvriers portuaires fournissent de nombreux navires pour transporter les croisés. Les croisades constituent le ferment économique de la bourgeoisie émergente, et la préfiguration des campagnes d’expéditions coloniales, des entreprises esclavagistes et des interventions impérialistes de la France. Il est important de relever que l’institution militaire a joué un rôle primordial dans la construction historique de l’État de France. Notamment dans la formation de la France bourgeoise impérialiste, instituée par le général Bonaparte au lendemain de son coup d’État en 1799, empereur qui a fait de la guerre son cheval de bataille et de l’asservissement des pays européens sa feuille de route ensanglantée. Mais également dans l’avènement de la Ve République, instaurée après le coup d’État du général de Gaule en 1958, ce général qui a combattu les nazis depuis sa confortable retraite londonienne emmitouflé dans sa robe chambre.

À cet égard, le rôle de gendarme du monde joué par la France moderne, matérialisé par l’interventionnisme régional, notamment en Afrique, est l’héritage direct des croisades, des expéditions coloniales, des opérations de razzia esclavagiste, des politiques interventionnistes initiées par des hommes politiques issus de l’institution militaire, Bonaparte et de Gaule. De même, ne pas oublier que l’État de Vichy fut dirigé par un militaire, le maréchal Pétain. Décidément, la tradition militariste et belliciste est très ancrée dans la France « démocratique ».

Pour preuve : actuellement, pour lutter contre un banal virus, Macron convoque régulièrement un Conseil de défense secret au sein duquel siègent des généraux. Macron n’avait-il pas inauguré sa première intervention (un mot très prisé par les gouvernants français), par une déclaration martiale : « Nous sommes en guerre » (un second mot très prisé par la classe dirigeante française : ne livre-t-elle pas actuellement une guerre de classe contre son peuple, sous couvert de pandémie, par la paupérisation généralisée et la militarisation de la société ; une guerre à la population musulmane, jetée en pâture à l’intolérance coutumière française, livrée à la vindicte populeuse raciste, sous couvert de lutte contre le séparatisme.

À ce propos, n’est-ce pas le gouvernement Macron qui œuvre à l’instauration de politiques de Séparatismes : les travailleurs sont séparés définitivement de leur travail, réduits au chômage et à la paupérisation ; les petits patrons sont séparés de leurs entreprises, acculés à la faillite en raison des mesures de fermeture irrationnelle décrétées par le pouvoir ; les étudiants sont séparés de leur scolarité, acculés au suicide social et à la détresse psychologique ; les personnes âgées sont séparées de leur famille ; les enfants sont séparés de leurs pairs du fait des inconséquentes mesures de gestes barrières et du port du masque ; l’existence est séparée de la vie, réduite à côtoyer uniquement la peur de la mort instillée par les médias stipendiés, officiant au service des puissants, etc.). 

Pour revenir aux Croisades, la première croisade est entreprise en 1095-1099. La seconde en 1147-1149. La troisième en 1189-1192. La quatrième en 1202-1204.  
  
Ces expéditions sont très sanglantes. Les populations orientales des villes conquises par les troupes chrétiennes subissent des atrocités barbares. Certains chrétiens s’adonnent au cannibalisme. Ainsi, après la prise de la Palestine, Raoul de Caen, chroniqueur de la Première Croisade écrit : « Maarat, les nôtres firent cuire les païens adultes dans des marmites et embrochèrent les enfants pour les manger rôtis. » Le chroniquer arabe Usana ibn Munqidh souligne dans ses mémoires : « Quand on nous eut informés sur les frany (nom donné par les Arabes aux Croisés), nous vîmes en eux des bêtes nuisibles qui ont une supériorité dans la valeur et l’ardeur au combat mais rien d’autre, tout comme les animaux ont une supériorité dans la force et l’agressivité. » Et cet autre : « Les frany passèrent au fil du couteau la population de la Cité sainte et tuèrent des Musulmans pendant une semaine. Dans la mosquée Al-Aqsa, ils massacrèrent 60 000 personnes. Ils réunirent et enfermèrent les Juifs dans leur synagogue et les y brûlèrent vifs. » Même les habitants d’obédience chrétienne n’échappent pas à la haine meurtrière des troupes européennes : prêtres et pratiquants des rites orientaux résidant à Jérusalem sont expulsés, d’autres sont massacrés. Daesh est un enfant de cœur comparé à ces croisés assoiffés de sang “impur” et “mécréant”.    

Dans le célèbre livre de Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, il est écrit : « Ils [les croisés] resteront deux siècles en Terre Sainte, pillant et massacrant au nom de Dieu. Cette incursion barbare de l’Occident au cœur du monde musulman marque le début d’une longue période de décadence et d’obscurantisme. Elle est ressentie aujourd’hui encore, en Islam, comme un viol ». Les croisades signent l’arrêt de mort de l’Orient, le début de la décadence de la civilisation musulmane.    

Le massacre des Cathares 

La France monarchique, après avoir perpétré les pires massacres en Palestine contre les « mécréants » musulmans au cours des croisades, se livre à une autre croisade à l’intérieur de “son territoire” : La croisade des albigeois (1209-1229) (ou croisade contre les albigeois). La France perpètre un impitoyable génocide contre une partie de sa population, les membres de la communauté cathare. Officiellement, au nom de la religion. Mais, il s’est agi en réalité d’une véritable guerre de classe menée par la noblesse et le clergé contre les masses paysannes pauvres en révolte contre l’injustice sociale. Contre la vénalité de l’Eglise. Contre la corruption des religieux, notamment le haut clergé inféodé aux classes royales et seigneuriales.  
Déclarés hérétiques pour avoir remis en cause la compromission financière de l’église avec les classes féodales possédantes, avoir fustigé la dépravation morale de ces classes privilégiées ecclésiastiques et nobiliaires cupides, ces opprimés de l’époque du Moyen-âge sont pourchassés et massacrés. Ainsi, pour avoir dénoncé le lien entre l’argent et l’église, les cathares subissent les foudres de toutes les classes privilégiées du royaume de France.   
En effet, en 1212 débute le génocide contre les cathares. Certains historiens estiment le nombre de morts à plus d’un million, massacrés notamment par des exécutions collectives commises par l’inquisition. Cette nouvelle croisade interne est impulsée par la royauté française et la noblesse, soutenues par la papauté. Elle s’exerce contre les populations pauvres du Sud, le pays de langue d’oc.  

Sous le prétexte fallacieux d’hérésie religieuse, accusés de professer des conceptions manichéennes, les cathares sont pourchassés, persécutés, décimés. Dirigés par des nobles et des religieux, des bandes de fanatiques armés perpètrent des atrocités contre les cathares. Villages incendiés, maisons brûlées, habitants torturés, violés, assassinés. En vérité, les peuples d’Occitanie sont sacrifiés, massacrés, pour s’être révoltés contre le pouvoir séculier et l’autorité ecclésiastique, tous deux appartenant aux ordres féodaux dominants, vivant de l’exploitation des classes laborieuses rurales opprimées.      
  
Certes la révolte des cathares se pare d’une rhétorique religieuse, se réclame du même dogme chrétien interprété différemment, mais le soubassement profond des revendications des cathares est d’inspiration socioéconomique et politique. Ainsi, les cathares s’élèvent contre l’enrichissement des religieux, en un mot de l’Eglise. Les cathares protestent contre la mentalité seigneuriale ecclésiastique animée par la même cupidité que les autres catégories sociales privilégiées. Ils se révoltent contre l’orientation exploiteuse et oppressive des religieux, ces seigneurs saigneurs du peuple  
  
Par leurs revendications, les cathares menacent directement le statut social privilégié des religieux. Leur révolte suscite aussitôt une répression féroce menée par l’ensemble des classes dominantes exploiteuses féodales. Des années durant, en Occitanie, particulièrement dans les fiefs de Carcassonne, Narbonne, Béziers, Toulouse, les insurrections cathares s’amplifient, se répandent dans de nombreuses régions du Sud. Devant ces révoltes, les classes dominantes réagissent avec férocité. Les cathares sont massivement massacrés.   

Pour preuve de la dimension politique et sociale de la « croisade albigeoise », cette croisade évolue rapidement en guerre de conquête. En effet, toutes les provinces seigneuriales occitanes “souverainement indépendantes” sont annexées au domaine royal de France. Le territoire correspondant aux actuelles régions Midi-Pyrénées et Languedoc fera partie désormais du domaine royal de France, arraché à l’influence de l’Espagne. Cette politique d’annexion du Sud de la France est la préfiguration des campagnes de conquêtes postérieures des autres régions “suzerainement indépendantes” situées à la périphérie de la France royale du Nord.   

Au plan religieux, cette croisade marque la naissance de l’Inquisition médiévale ; l’affermissement du pouvoir « idéologique » de l’Église sur ses ouailles, l’enrichissement outrancièrement indécent du clergé.  

Ce faisant, les massacres perpétrés durant les croisades, tout comme le génocide commis contre les cathares, constituent le prélude aux futures entreprises de conquêtes meurtrières coloniales et esclavagistes entreprises par la France “impérialiste” au cours des siècles suivants : aux Antilles, en Amérique, en Afrique, en Asie, au Maghreb, en Algérie.   

De nos jours, au nom de “l’ingérence humanitaire”, de la “défense de la démocratie” ou de « la lutte contre le terrorisme islamiste », la France poursuit la même politique de conquêtes meurtrières impérialistes, ces Croisades des temps modernes.  

Auteur
Khider Mesloub

 




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