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L’impasse israélienne

Khan Younès

Khan Younès dévastée par les bombardements de l'armée israélienne.

Si l’on en croit un récent sondage du centre Harris-Harvard réalisé le mois dernier, 60 % des jeunes américains de 18 à 24 ans déclarent désormais soutenir le Hamas face à Israël.

Incroyable effet boomerang jamais attendu ni imaginé il y a seulement deux ans, soit depuis l’attaque spectaculaire du « déluge d’Al-Aqsa » en octobre 2023! Peut-être est-ce, susurre-t-on dans les médias américains, la conséquence directe du « generation gap » (conflit de générations) qui s’accentue dans un pays, les USA, où pourtant la population s’aligne traditionnellement sur la politique israélienne.

Or, la réalité est autre.  Alors qu’Israël et ses alliés occidentaux tendent à « criminaliser » le Hamas et « le capital de résistance » anti-sioniste sur lequel il s’appuie pour l’affaiblir sur le double plan militaire et politique, il semble que ce dernier, bien qu’à la base mouvement religieux extrémiste taxé de « terroriste » par l’administration américaine depuis 2001, gagne chaque jour davantage en audience dans les rues occidentales, plus particulièrement dans les campus universitaires où le slogan « Free Palestine » est devenu viral.

S’ajoute le spectacle grandeur nature de la famine qui, ravageant la population gazaouie sur fond de liquidations physiques dans les centres de distribution des aides alimentaires, a suscité, partout dans le monde, un véritable élan de solidarité. Mais ce qui attire surtout l’attention, c’est  la cascade des reconnaissances de quelques États occidentaux (Espagne, Irlande et bientôt la France, la Grande Bretagne, l’Australie, etc) qui compliquent le travail de sape de la Tsahal et la mettent dos au mur.

Même si, au fond, ces reconnaissances-là ne sont, sur le plan diplomatique, que des formalités protocolaires, puisqu’il n’y a, semble-t-il, aucune intention de reconnaître officiellement (même du côté de l’ONU) le caractère de « génocide » à ces meurtres de masse, commis en dehors de la légalité internationale et contraires à l’esprit du traité de Genève! Finalement, ce n’est qu’une question de temps, paraît-il!

Même s’il reste un seul dernier gazaoui (comme le dernier des Mohicans du roman de James Fenimore Cooper)  après cette guerre apocalyptique, la victoire sur le plan moral, historique et éthique sera sans doute déclarée du côté palestinien.

L’après-guerre sera, bon gré mal gré, un grand moment de vérité où les cartes brouillées seront triées : le bourreau et sa victime seront connus du monde entier.

La dernière agitation israélienne qui cible à tort et à travers nombre de pays arabo-musulmans, dont le Qatar (un allié traditionnel de l’Occident et le parrain des négociations entre Israël et Hamas) est une preuve par neuf de la débandade qui frappe toute l’architecture du commandement israélien face à une résistance farouche qui, faute de conclusion d’un cessez-le-feu définitif,refuse de lui restituer ses otages.

Demain l’épée de l’Histoire sera sévère, mais en attendant  se dirigera-t-on vers un nouveau « Tribunal de Nuremberg » où ces « assassins de l’humanité » seront face au peloton d’exécution? Où le génocide en cours sera vraiment qualifié de « nouveau Holocauste »? Où la lo gique de « deux drapeaux, deux États » prévaudra et arrêtera enfin ce conflit séculier?       

Kamal Guerroua

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