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L’Iran veut être le maître absolu en Irak

Moyen-Orient

L’Iran veut être le maître absolu en Irak

Plus on avance, plus Téhéran se confirme comme sa volonté hégémonique sur l’Irak. Les récents évènements du Kurdistan irakien viennent encore une fois de souligner cette alarmante réalité.

Selon Reuters,  » un haut responsable militaire iranien avait averti à plusieurs reprises les dirigeants kurdes du nord de l’Irak de se retirer de la ville pétrolière de Kirkouk ou de subir les assauts des forces irakiennes et des combattants alliés iraniens », ont déclaré les officiels kurdes.

Le général Qassem Soleimani, commandant des opérations étrangères des Gardiens de la Révolution iraniens, s’est rendu dans le Kurdistan irakien pour rencontrer les dirigeants kurdes au moins trois fois au cours de ce mois, avant la campagne éclaire du gouvernement de Bagdad pour reconquérir les territoires nordiques, affirme la même source.

« La visite de Soleimani … avait pour but de donner aux décideurs une occasion de dernière minute de ne pas commettre une erreur fatale », a déclaré le législateur, qui a préféré l’anonymat comme d’autres personnes interviewées sur cette question. « Il est vrai qu’il s’agit d’un dossier très sensible ».

Les Pasdaran iraniens pour faire face aux Kurdes irakiens

D’autres responsables de la sécurité du Kurdistan irakien attestent de la présence des forces des Gardiens de la Révolution iranien (Pasdaran / CGRI) aux côtés de l’armée régulière irakienne et des milices chiites de ce pays, pour intervenir dans une éventuelle confrontation avec les peshmergas kurdes.

« Nous ne sommes pas attaqués seulement par l’Armée irakienne et les Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) », a indiqué, dimanche 15 octobre, Chuan Chamerani, l’un des commandants des forces peshmergas, à la chaîne de télévision kurde Rodav. « Nous avons des informations qui attestent à 100 % la présence des forces du CGRI parmi les assaillants », a ajouté le commandant de la 2e Brigade des peshmergas de Kirkouk.

Au début du mois de septembre dernier, à l’issue des négociations apparemment infertile entre Qassem Soleimani et Massoud Barezani, plusieurs agences de presses s’étaient fait l’écho des menaces du commandant en chef de la force Qods des Pasdaran contre le Kurdistan irakien. « Jusqu’à présent j’appelais le Hachd al-Chaabi à ne pas attaquer le Kurdistan irakien. Je ne le ferai plus », aurait notamment dit le Général iranien, selon des dépêches de presse non confirmées.

En 2016, la RFI révélait que fort de 80.000 miliciens, le Hachd al-Chaabi avait été constitué et entièrement financé et armé par Téhéran.

Il y a de quoi s’inquiéter du rôle que va jouer le Hachd al-Chaabi dans les futures élections en Irak, préconise Mohamed Salem Abdulhussein al-Ghaban, un ancien ministre chiite irakien, dans une interview accordée à l’agence de presse officielle iranienne, Fars.

« Il y a en effet de quoi se préoccuper vue la part de lion de Hach al-Chaabi dans les évolutions militaires et politiques de l’Irak », ajoute l’ancien ministre dans cette interview du 10 octobre. « Cette milice s’est abstenue de s’introduire dans la ville de Kirkourk lors des récents évènements, laissant la place à l’Armée et à la police fédérale. N’empêche que le Hachd al-Chaabi est doté d’une importante structure et qu’il est fort probable qu’il présente une influente liste électorale aux prochains suffrages », explique al-Ghaban. (http://www.farsnews.com/newstext.php?nn=13960705000196)

La nouvelle stratégie américaine qui vient d’être tracée par Donald Trump, à l’égard de l’Iran, a désigné les Pasdaran comme une entité terroriste. Malgré le désaccord qui subsiste des deux côtés de l’Atlantique sur la suite à donner à l’accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015 entre Téhéran et les 5+1, les points de vue des Américains et des Européens convergent quant au rôle déstabilisateur des Pasdaran dans la région.

« Cet accord est-il suffisant ? Non », avait récemment déclaré le chef d‘État français, Emmanuel Macron, à des journalistes à New York, en marge de l‘Assemblée générale des Nations unies. « Il ne l‘est pas, compte tenu de l’évolution de la situation régionale, de la pression croissante que l‘Iran exerce dans la région … « 

Une chose est certaine : ni la France, ni l’Europe, ni les États-Unis ne peuvent plus continuer d’être des spectateurs passifs des ingérences des Pasdaran dans des pays de la région.

Auteur
Hamid Enayat

 




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