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L’irresponsabilité débute avec inchallah et s’achève avec Allah ghaleb 

Tebboune

Ceux qui refusent de comprendre le passé sont condamnés à le revivre. Ceux qui sont au pouvoir devraient le savoir.

Il est admis que le mouvement nationaliste a commis deux graves erreurs aux conséquences incalculables : la première c’était de croire que l’aliénation historique, économique et culturelle disparaissait automatiquement avec le départ de l’occupant étranger ; la seconde était de penser qu’il suffisait d’accaparer l’appareil de l’Etat, de promulguer des lois et des règlements, de se doter d’une armée pour maîtriser .le processus de modernité, de développement et de l’émancipation.

Il est vrai que l’histoire ne peut se faire que par une alternance de sagesse et de brutalité puisque de toute façon, les régimes déclinants résistent à la critique verbale. Le pouvoir compris comme un contrôle plus accru des hommes et des consciences par une sorte de bureaucratisation et d’asservissement des individus et de la société ne s’est accompagné d’aucune efficacité réelle sur la technologie, du savoir, de la science, du progrès technique et spirituel. C’est pourquoi, la société semble évoluer dans des directions inattendues, opprimantes et désespérées qui accentuent quotidiennement l’impression générale d’irresponsabilité, de passivité et d’impuissance.

Le citoyen se perçoit de plus en plus étranger à sa propre histoire, à ses réalités, à sa société, à ses gouvernants, à lui-même. Il a la persistance conviction d’avoir été dupé, dépossédé, dénudé, privé de ce auquel il avait cru pouvoir aspirer un jour : la liberté, la justice, le progrès.

A tous les niveaux de la société, il y a aujourd’hui une conscience commune aigue et quasi désespérée de l’échec de l’indépendance. Pour le citoyen, l’indépendance lui apparaît comme une entreprise de mutilation, de destruction de la tradition et du patrimoine. L’état de délabrement de La Casbah en est un exemple poignant. Ce vent violent dévastateur n’a pas épargné la religion qui est entrée dans une phase de mimétisme qui n’a que peu de rapport avec la vie spirituelle elle-même.

A aucun moment, ce pouvoir n’a pu accomplir, ni tout seul, ni avec la société dont il prétend être l’émanation la tâche contemporaine par excellence, celle de la maîtrise par l’homme de la science, de la technique et de la gestion. Un proverbe dit « ce n’est pas la girouette qui change de direction, mais c’est le vent qui tourne ». C’est la fin des tabous : le mythe nationaliste n’opère plus, ses « héros » ont disparu, vieilli, ou sont fatigués. L’ère des dinosaures est belle et bien révolue.

Le pouvoir actuel est en panne sèche de crédibilité à travers tous ses compartiments et à tous les niveaux de la hiérarchie. Sur le plan économique, le naufrage est consommé.

Un failli peut-il gérer sa propre faillite en faisant croire à ses créanciers (la population) qu’il est solvable ?  Aujourd’hui, rien n’a changé dans les orientations économiques et politiques globales. La stabilité du personnel politique et économique en est la preuve évidente.

Les mêmes hommes au pouvoir ou dans l’opposition ne peuvent que produire et reproduire les mêmes politiques et les mêmes schémas de pensée. Il y va de leurs intérêts. La tribu domine la cité. Les clans gèrent la cité au mieux de leurs intérêts convergents.

Au crépuscule de leur vie, les dirigeants arabes s’accrochent au pouvoir comme si le pouvoir s’identifiait à la vie. Pris dans le tourbillon du pouvoir et fascinés par l’argent facile, les dirigeants arabes délirent et se lancent dans des projets pharaoniques afin de s’immortaliser.

Dans la tombe, ils chercheraient à  «régner en enfer que servir au paradis ». Ils s’imaginent que le monde se plie à leur volonté et que les recettes pétrolières vont leur assurer l’éternité.

Dr A. Boumezrag

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