Alberto Cutillo, le tout nouvel ambassadeur d’Italie en Algérie, a fêté le 2 juin le 78e anniversaire de la proclamation de la République italienne, avant de s’envoler pour Annaba, une cité qu’il considère comme « la plus italienne des villes algériennes ».
Au même moment, l’agence privée italienne Agenzia Nova annonce que son homologue algérien accrédité à Rome, M. Abdelkrim Touahria vient d’être nommé ambassadeur d’Alger à Conakry (Guinée) et remplacer par M. Mohamed Khelifi, un diplomate déjà précédemment en poste à Londres.
Sur les quelques 2000 invités à cette commémoration, il est regrettable que la très « sérieuse » agence officielle italienne ANSA, n’ait compté que la présence des ministres algériens, MM. Ali Aoun et Mohamed Chorfa, de même qu’elle salua le groupe musical italien, le groupe touareg et le DJ Alexandro Campo, passant sous silence un fait majeur voire hautement symbolique : l’honorification d’une universitaire algérienne par une distinction émanent du Président de la république italienne.
Annoncée dès 2022 sur le journal officiel de la République italienne, la professeure Souad Khelouiati a été distinguée de l’Etoile d’Italie au grade de Chevalier sur la base d’un choix établi par le Président Matarella en personne apprend-t-on par ailleurs.
La distinction républicaine revenant à cette universitaire algérienne a été marquée par le vibrant hommage que Mme Khelouiati Souad a rendu à son défunt professeur Fabrizio Frasnedi de l’université de Bologne qui a mis sur pied une convention bilatérale de formation universitaire entre les deux pays, à un moment où l’Algérie sévissait la lutte antiterroriste durant les « années rouges ».
La jeune professeure d’Alger offrant cette distinction à la mémoire de son « guide scientifique », se rappelle les déboires de ceux et celles qui avaient souhaité à l’époque l’annulation du projet de l’enseignement de l’italien en Algérie. Ceux-ci faisaient le jeu de certaines officines diplomatiques qui voulaient mettre à genoux le pays.
C’est là où nous apprenons que la jeune professeure d’université fut initiatrice d’un groupe d’universitaires qui a élaboré les manuels d’enseignement de l’italien pour le compte de l’Éducation nationale en Algérie, de même qu’elle poursuit son effort à faire connaître les différentes dimensions de la culture algérienne au monde italophone à travers des séminaires et rencontres en Europe et en Afrique.
Tout comme il y a lieu de relever que l’omission de l’agence officielle italienne, a touché ainsi la seconde distinction d’un chef d’entreprise italienne basée depuis des années dans le pays et spécialisée dans la construction des ponts et chaussées, qui a timidement évoqué l’apport de son entreprise aux renforcements des « véritables ponts d’amitiés entre les deux nations ».
M. Tiziano Cecchellero, directeur de succursale d’Italconsult qui a été distingué de l’Etoile d’Italie du travail ne pouvait cacher sa joie en un moment qu’il qualifia l’un des plus beau instant de sa vie et qu’il fut agréablement surpris d’un tel honneur que lui a fait la République italienne.
Pour revenir à cette traditionnelle cérémonie italienne, il est certainement intéressant de relever que les relations bilatérales « ont été marquées par une grande coopération, dans les bons comme dans les mauvais moments, et elles ont atteint aujourd’hui un niveau jamais vu auparavant dans tous les domaines« , selon les propos de l’ambassadeur d’Italie, mais que la nature d’une telle manifestation, cherche surtout a gagner du terrain sur celui que la France et les États-Unis face à l’offensive sino-chinoise, notamment aux portes du Sahara algériens.
Au final, n’est-ce pas un petit gain – un peu gauche, certes – de voir le plus grand club de foot algérien usé de slogans italiens sur des banderoles aux couleurs nationales hongroises, faisant le mérite de ceux qui ont fait souffrir la nation italienne en occultant les victoires quotidiennes de ses ouvriers, techniciens, universitaires, artistes et poètes.
Mohamed-Karim Assouane, universitaire