Les conclusions des travaux du Bureau politique du PT sont implacables. Le régime campe sur ses positions autoritaires. Aucune demande introduite par le Parti des travailleurs n’a été satisfaite. Pire encore, le parti parle d’une volonté du régime de l’exclure de la participation au scrutin. D’où sa décision de se retirer de la présidentielle du 7 septembre.
Louisa Hanoune ne participera donc pas à la mascarade du 7 septembre. Les conditions politiques ne s’y prêtent pas. Et l’agenda est pour le moins invraisemblable, estime le bureau politique du PT.
Lire le communiqué du bureau politique du PT
« J’ai convoqué le Bureau politique en session extraordinaire avec un seul point à l’ordre du jour notre appréciation politique du processus électoral relatif aux présidentielles du 7 septembre prochain tel qu’il se déroule en général et en ce qui nous concerne en particulier.
La discussion a été sérieuse, responsable et approfondie sur la base de données politiques nombreuses intervenues depuis le vote par le Comité central et le Conseil national du parti en faveur de la participation au scrutin.
Nous avions alors clarifié que notre décision de participer au scrutin ne saurait traduire quelques illusions que ce soit sur la nature du scrutin considérant le cadre législatif régressif et anti-démocratique imposé par la nouvelle loi électorale ainsi que les conditions politiques générales marquées par la fermeture du champ politique et médiatique.
Par-delà ces contraintes et celle relative à la programmation de la campagne électorale en plein mois d’août, période de très grandes chaleurs à l’échelle nationale en général et dans le Sud en particulier et période en même temps des grandes vacances annuelles, nous avions conclu que les objectifs politiques suprêmes que nous nous sommes fixés, sont au-dessus des considérations d’ordre démocratique bien qu’elles restent fondamentales.
En clair, notre décision était dictée par le devoir d’assumer nos responsabilités face au contexte mondial et régional lourd de dangers pour les travailleurs et les peuples et par l’urgente nécessité d’apporter les réponses aux questions centrales politiques, économiques et sociales d’actualité.
Quels étaient donc concrètement nos objectifs politiques ?
I- Assumer, comme question centrale, notre responsabilité face au génocide sioniste perpétré depuis 10 mois continus à Ghaza en particulier en Cisjordanie / et El Qods occupé en général, faire entendre la voix du peuple algérien, étouffée par l’interdiction de manifester.
Question centrale pour tous les peuples en général car intimement liée à la défense d’un peuple en danger d’extermination et donc en défense de l’humanité menacée par la barbarie.
Question centrale pour le peuple algérien qui l’a adoptée dès 1947, l’a intégrée dans son ADN national, ses constantes nationales depuis l’indépendance en 1962, comme composante de son identité, comme condition majeure pour la plénitude de son émancipation nationale propre.
Plus encore, les menaces sionistes directes qui planent sur notre région maghrébine, sur le Sahel dont nous sommes partie intégrante, menaces relayées voire préparées par l’entité émiratie contre notre pays au service de l’entité terroriste sioniste, nous dictent de placer la défense de notre pays comme question urgente, par conséquent, comme raison majeure pour notre participation au scrutin.
II- Assumer notre pleine responsabilité sur le plan interne, pour être la voix des sans voix, ouvrir des perspectives positives, en présentant des alternatives de progrès et de démocratie sur l’ensemble des terrains politiques, économiques, sociaux et culturels, en rupture avec toutes les détresses, toutes les oppressions, toutes les souffrances, en rupture avec le statuquo actuel qui, et cela est établi, est la continuation de l’ordre ancien.
Ce qui exige :
a- La rupture avec les institutions et le régime hérités du système de parti unique, vers la refondation/recomposition politique, constitutionnelle consacrant la pleine souveraineté du peuple, l’arrêt immédiat de la répression, le rétablissement des libertés démocratiques, la libération inconditionnelle de tous les détenus politiques et toutes les victimes accusées de crimes qu’elles n’ont pas commis, l’abrogation des lois liberticides qui criminalisent l’exercice des droits syndicaux, l’action politique indépendante, la liberté d’expression, la liberté de presse, tels que la loi sur les syndicats, l’article 87 bis du code pénal, le code de l’information, etc… ce qui implique la consécration de l’indépendance effective de la justice et la pleine séparation des pouvoirs.
b- La rupture avec toute politique économique régressive ou qui ouvre la voie à la prédation et au pillage étranger et local dont le code des investissements, vers une véritable réforme industrielle et agricole qui préserve la propriété collective de la nation, les nationalisations dans la voie d’un véritable essor économique conforme aux besoins du peuple algérien exclusivement.
c- La rupture totale avec la pauvreté, les précarités, les frustrations et l’exclusion sociales, vers une politique sociale juste répondant aux attentes et aspirations de la majorité du peuple, des travailleurs, de la jeunesse, des très larges couches et garantissant une vie digne pour toutes et tous, avec un vrai emploi, un vrai salaire et des pensions indexés sur le coût de la vie, le renforcement de la nature sociale de l’Etat, c’est-à-dire des transferts sociaux, la lutte contre l’inflation par le plafonnement des prix des produits de large consommation dans le cadre d’une politique commerciale consacrant un contrôle effectif de l’Etat sur le commerce intérieur et extérieur pour mettre fin à la spéculation, aux monopoles privés .
d- La rupture avec la criminalisation de la harga expression violente de la détresse notamment parmi les jeunes en lui substituant l’éradication de ses sources politiques et sociales, sauver notre jeunesse par le sauvetage de l’école et l’université, dont les nobles missions ont été dévoyées, sabordées par des décennies de politiques à la hussarde … sauver notre jeunesse exige plus largement l’ouverture de perspectives réelles, d’emplois pérennes conformes à leurs diplômes, de logements, de liberté d’expression politique et culturelle.
Et nous avions décidé de participer pour :
1- Consacrer l’égalité en droit entre les femmes et les hommes, la citoyenneté pleine et entière pour toutes et tous, leur égalité face aux services publics, la suppression des disparités régionales en matière de développement socio-économique mortelles pour l’unité et la continuité de la république.
2- Impulser la promotion effective de notre langue amazigh, son enseignement obligatoire à l’échelle nationale.
3- Réaffirmer et renforcer la doctrine de l’Etat algérien en matière de politique étrangère telle qu’elle a été instaurée après l’indépendance, fondée sur la défense inconditionnelle des causes justes, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à commencer par le peuple palestinien, ressouder les liens de solidarité fraternelle avec tous les peuples africains, rehaussant notre africanité, nous retirer de la Ligue des Etats arabes, repaire des valets de l’impérialisme US et de l’entité sioniste terroriste qui massacre le peuple palestinien et menace de plonger toute la région dans une guerre meurtrière.
Ce sont là quelques objectifs centraux et immédiats mais non exhaustifs que nous avions annoncés …des objectifs connus de toutes et tous et dont le président a été saisi en grande partie directement lors de notre entretien du 11 décembre 2023, puis par le biais de ses conseillers ou encore lors de la rencontre qu’il a organisée avec les partis politiques.
Nous avons continué à militer inlassablement pour des mesures d’apaisement politique et social, pour la prise en charge des urgences populaires et ouvrières, pour la levée des entraves devant l’exercice de la politique à commencer par notre droit de manifester notre soutien au peuple palestinien, pour la libération des détenus politiques et des petits commerçants victimes de la loi abusive portant lutte contre la spéculation qui a plongé des milliers de familles dans la détresse et la déchéance sociale.
Bien évidemment, ce n’est point de la naïveté de notre part, mais il s’agit plutôt de notre engagement sincère dans la recherche des solutions nationales aux problèmes qui minent notre pays et peuvent ouvrir la voie aux chantages extérieurs.
Nous nous sommes adressés aux autorités, au président de la république, porteurs de requêtes légitimes et de cris de détresse de groupes sociaux pris à la gorge, de victimes de hogra ..
Et nous avons milité inlassablement et encore à l’occasion de l’aïd et du 5 Juillet pour des mesures politiques de détente, pour l’arrêt des poursuites judiciaires pour des raisons politiques, pour la grâce présidentielle au profit des citoyens injustement incarcérés ou condamnés. Hélas, contrairement aux attentes rien n’est venu annoncer l’amorce d’un processus d’apaisement porteur de sérénité. Ce faisant, bien des espoirs ont été brisés.
Nous avons donc débattu de la première étape du processus électoral sur laquelle nous nous sommes exprimés plusieurs fois.
Une campagne de collecte des parrainages des électeurs infernale et chaotique, la pire depuis 1999, établissant l’échec total du dispositif numérique administratif et d’organisation mis en œuvre sans expérimentation ni préparation préalable au niveau des APC et des bureaux de l’ANIE, excluant des centaines de milliers de citoyens de l’exercice de leurs droits politiques.
Sur le fond, l’enchaînement de ces problèmes et défaillances depuis le début de la campagne de collecte des parrainages soulève moult interrogations politiques.
Une telle absence de prévisibilité et une telle impréparation sont-elles concevables, justifiables par de simples problèmes techniques ? Comment expliquer alors le fait que les requêtes répétées des candidats particulièrement les nôtres n’aient trouvé aucun écho chez l’ANIE qui en a pourtant reconnu le bien fondé, et chez les autorités habilitées à intervenir pour corriger ?
Il s’agit là d’un problème éminemment politique et non pas technique, d’une gravité sans précédent et qui avec la programmation de la campagne électorale à la mi-août transformera un scrutin très important censé marquer une rupture avec les pratiques du passé en une simple formalité aggravant la défiance et le désengagement populaires exprimés à travers une abstention sans précédent depuis les présidentielles de 2019 (présidentielles, référendum, législatives, locales).
Nous procéderons ultérieurement à l’évaluation des résultats de la campagne de collecte des parrainages des électeurs, à la lumière des données qui seront versées par les bureaux de wilayas.
Nous avons en outre enregistré et débattu d’un certain nombre d’éléments politiques graves, vérifiés centralement et au niveau local nous ciblant directement, intervenus depuis l’annonce de notre décision de prendre part au scrutin du 7 septembre.
Les informations en notre possession et les faits recensés, établissent l’existence d’une intention avérée de nous exclure du scrutin, et donc de la confiscation de notre liberté de candidature ce qui par la même piétine le droit du peuple de choisir librement entre les programmes.
Ne sommes-nous pas en droit de conclure que ce sont nos positions qui sont en cause ?
Ces éléments ont amené le Bureau politique à considérer que des conditions politiques ont été imposées pour empêcher notre participation.
C’est pourquoi, tout comme la direction nationale du Parti avait décidé le 16 mai 2024 en toute indépendance la participation au scrutin présidentiel, le BP déclare que le PT ne saurait faire partie d’une opération électorale qui ne consacre pas la liberté totale de candidature sans exclusion et ne permet donc pas aux citoyens d’exercer leur libre arbitre.
Par conséquent, conformément à la décision unanime des membres du BP, j’annonce solennellement la non-participation du parti au processus électoral relatif au prochain scrutin présidentiel dans son ensemble : c’est à dire l’arrêt de la campagne de collecte des parrainages, la non-participation à la campagne électorale et au vote le 7 septembre prochain.
Au moment où les résultats des élections législatives en France et en Grande-Bretagne notamment démontrent qu’il est possible pour les peuples de se saisir des élections pour arracher leurs aspirations politiques et sociales, exprimer sur le terrain de la démocratie leur rejet des politiques régressives, leur volonté de changer le cours des choses, plus que jamais, il apparaît clair que cela est conditionné par le respect des libertés démocratiques pour que s’exprime la volonté du peuple. Ce qui aujourd’hui fait défaut dans notre pays. C’est donc, une priorité pour nous de combattre pour la restauration pleine et entière des libertés démocratiques afin que le peuple puisse exercer sa souveraineté, instaurer la démocratie véritable avec son contenu politique, économique et social émancipateur.
Le Bureau politique salue les militantes et militants qui n’ont ménagé aucun effort dans 50 wilayas depuis le 9 juin dans une campagne politique exemplaire propre pour collecter les parrainages des électeurs, bravant des difficultés innombrables, souvent insurmontables. Il remercie toutes celles et tous ceux travailleurs, fonctionnaires, cadres, fellahs, petits commerçants, jeunes, retraités… qui se sont battus pour pouvoir nous accorder leurs parrainages, ceux qui, par dizaines de milliers, ont été empêchés de le faire, par leur radiation arbitraire du fichier électoral ou l’impossibilité de s’inscrire, par les longues et répétitives pannes sur le réseau intranet et sur la plate-forme numérique de l’ANIE, ainsi que le recours de certains responsables locaux à des pratiques indignes y compris l’intimidation et la menace .
Nos remerciements aux élus locaux et nationaux non militants au Parti, qui ont accepté de parrainer ma candidature dans un acte résistantiel et de démocratie.
Il assure toutes les couches sociales qui ont placé leur espoir en notre participation pour que nous soyons leur porte-voix durant la campagne électorale, que nous poursuivrons inlassablement la lutte avec eux jusqu’à la satisfaction de leurs aspirations mettant fin à leur détresse. Et bien évidemment, nous poursuivrons et intensifierons la campagne en défense du peuple palestinien, pour l’arrêt immédiat du génocide à Ghaza et en Cisjordanie, l’arrêt des transferts forcés, la levée immédiate du blocus génocidaire sur Ghaza, en soutien à la résistance du peuple palestinien, à sa lutte pour la réappropriation de tous ses droits nationaux légitimes inaliénables et imprescriptibles dont le droit au retour des réfugiés chez eux, interpellant les plus hautes autorités du pays pour qu’elles apportent toute l’aide nécessaire politique et matérielle.
Et nous nous adressons aux Algériennes et aux Algériens : C’est vous, et vous seuls qui possédez la capacité de modifier le cours des choses, d’améliorer votre sort, d’arracher vos aspirations politiques socio-économiques et culturelles, par la mobilisation unie car vous êtes le nombre et donc la véritable force porteuse de changement et de progrès, le PT est et restera à vos côtés. »