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Lounis Aït Menguellet appelle à la libération des détenus d’opinion

DISSIDENCE CITOYENNE (VIDEO)

Lounis Aït Menguellet appelle à la libération des détenus d’opinion

Le chanteur Lounis Aït Menguellet sort de sa réserve légendaire. Particulièrement touché par les arrestations arbitraires et les détentions de nombreux militants pacifiques, le chanteur d’expression kabyle vient de poster pour la 2e fois une chanson emblématique accompagnée d’une déclaration de soutien aux détenus d’opinion. 

Le poète n’est pas un homme à s’emballer, il a la colère froide, mesurée, mais déterminée. Avec cette colère contenue, il tresse des poèmes puissants et intemporels.

Lounis Aït Menguellet qui a eu à connaître l’arbitraire, la censure et la prison sait de quoi il parle quand il appelle à cesser l’injustice et les emprisonnements de manifestants. 

« Je dédié cette chanson aux détenus d’opinion parce que ce qui se passe c’est de l’injustice pure, la vérité n’a plus court »,déclare-t-il. S’adressant au pouvoir il appelle à la libération des détenus. « Il faut qu’ils soient libérés, aussi je leur dédié cette chanson », clame-t-il. Alors il se lance avec seulement sa guitare à chanter Amacahu (Que je vous conte une histoire), une chanson qui campe la situation d’injustice comme seule le poète Lounis Aït Menguellet sait raconter avec sa poésie. 

Dans ces deux sorties en vidéo chantée, il y a comme une position de principe chez Lounis Aït Menguellet. Celle de clamer la justesse d’une cause, ici celle des détenus d’opinion. Mais aussi de s’inscrire dans la lutte du peuple pour sa libération.

Solidaire, il l’a toujours été avec les siens. En 1985, il a dédié une chanson, au cours d’un de ses galas à Alger, aux 23 détenus de la LADH, associations des enfants de chouhadas et du MCB, arrêtés et condamnés à de lourdes peines par la cour de sûreté de l’Etat de Médéa. Lounis Aït Menguellet savait ce qui allait lui en coûter mais n’a pas reculé. C’était à l’époque du parti unique du FLN et de la terreur de la SM. 

Comme un pied de nez à l’histoire, le chanteur est encore une fois appelé, 35 ans plus tard, à prendre position pour appeler à la libération des détenus. 

Actuellement,  bien loin de 1985, il y a plus de 120 détenus d’opinion qui croupissent dans les prisons pour avoir exprimé leur désaccord avec le pouvoir. Quelque chose a-t-il donc changé ?

Nous vous proposons d’écouter la chanson avec une traduction en français réalisée par son fils Tarik pour saisir combien l’injustice d’hier continue aujourd’hui. 

Amacahu

Amkan yuγal
D lḥebs iwmi rran uzzal
Medlent fell-aγ tewwura
Mi ara d-nsawal
Qqaren-aγ mi ara daγ-d-rren awal
Susmet skud i nella
Amacahu
Γef temgerṭ mi ara yers lmus
I tidett ma a d-teffeγ imi
Amacahu
Γef-win yefkan aqerru-s
Ur steqsan medden acimi
Fkan afus
Widak s i numen iḍelli
Weṣṣan si zik
Γef temεict n ddaw uḍar
Akken aneggaru a d-yerr ttar

Kra i daγ-nnan
Ula d abrid i γ-mlan
Wissen s ani i-yettawi
Nnejmaεen kfan
Γef-yiqerra-nneγ i tt-fran
Nutni ẓran nekwni ur neẓri
Amacahu
S ccac mi ara medlen allen
Yerna qqaren i medden Ttwalin
Amacahu
Nettwali kan ay d-qqaren
Nettruḥu kan s anda ara γ-awin
Yiw-wass wissen
D tadukli ara d-yesteqsin
Weṣṣan si zik
Γef temεict n ddaw uḍar
Akken aneggaru a d-yerr ttar

Tura nekfa
Nettarra-tt ala i tmucuha
Nḥekku γef-win d-iğğan isem-is
Zik amek illa
Qqaren-as D mmi-s n tsedda
Ur yeεfis ḥedd γef uḍar-is
Amacahu
Adrar asmi d-yerra ṣṣut
Lhiba-s tewweḍ-d s arraw-is
Amacahu
S yedmaren i ttqabalen lmut
Sεerqen i weεdaw later-is
I tneggarut
Amek ara yefru ssuq-is?
Weṣṣan si zik
Γef temεict n ddaw uḍar
Akken aneggaru a d-yerr ttar
Lounis Aït Menguellet

Que je vous conte une histoire

L’endroit devint
Une prison ornée de fer
Dont les portes se refermèrent sur nous
A nos appels
Nos geôliers disaient lorsqu’ils répondaient :
« Taisez-vous tant que nous sommes là ! »
Que je vous conte une histoire
Lorsque se pose une lame sur la gorge
La vérité osera-t-elle franchir les lèvres
Que je vous conte une histoire
Sur celui qui s’est sacrifié
Sans que nul ne demande pourquoi
Ils nous ont trahi
Ceux en qui nous croyions hier
Depuis toujours nous fumes avertis
Contre toute vie de servitude
Pour que le dernier puisse se venger

Tout ce qu’ils nous ont raconté
Et le chemin qu’ils nous ont indiqué
Qui sait vers où cela nous mènera
Ils se sont réunis et pris décision
Sur nos têtes ils ont tranché
Ils sont omniscients et nous ignorants
Que je vous conte une histoire
Avec un turban ils nous bandaient les yeux
Et disaient aux gens que nous y voyions clair
Que je vous conte une histoire
Nous ne voyions que ce qu’ils nous dévoilaient
Nous n’allions que là où ils nous menaient
Un jour peut-être
L’union demandera après nous
Depuis toujours nous fumes avertis
Contre toute vie de servitude
Pour que le dernier puisse se venger

A présent que nous sommes révolus
Nous nous sommes improvisés conteurs
Et racontons celui qui a marqué l’histoire
Comment était-il déjà ?
On le disait né d’une lionne
Et que nul ne l’avait mis sous sa botte
Que je vous conte une histoire
Le jour où la montagne résonna
Sa grandeur parvint à ses enfants
Que je vous conte une histoire
La poitrine en avant, ils bravaient la mort
Semant le désarroi dans les rangs de l’ennemi
Mais au final
Quel sera le dénouement ?
Depuis toujours nous fumes avertis
Contre toute vie de servitude
Pour que le dernier puisse se venger

Traduction: Tarik Aït Menguellet

Auteur
Hamid Arab

 




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