Lundi 9 août 2021
L’oxygène médical : les prescriptions ne sont pas bien suivies !
À vrai dire, il n’est pas prudent de tester une fuite de gaz par la méthode du briquet. Malheureusement, bon nombre d’Algériens ne sont pas gênés de le faire.
Pour sa part, l’oxygène, en tant que produit dangereux, n’a pas échappé aux méthodes obsolètes et imprudentes lors de sa manipulation ou de son entreposage. Existe-t-il une autorité de régulation qui nous évite d’éventuelles catastrophes comme celle du 25 avril 2021, survenue à l’hôpital Ibn Al-Khatib à Bagdad où un incendie causé par l’entreposage fautif d’oxygène, a fait un carnage?
L’oxygène descendu de son piédestal
Par temps de Covid-19, la demande en oxygène médical a significativement augmenté. Cette situation est la conséquence directe du nombre important de patients en détresse respiratoire et qui nécessitent d’être placés sous respirateur artificiel.
L’oxygène médical ne doit pas être traité comme un produit banal, selon la classification du système général harmonisé (SGH), il est un produit dangereux. À cet effet, il doit être identifié, utilisé, entreposé, manutentionné en respectant les règles de sécurité et les prescriptions en vigueur.
Banalisation grossière de l’oxygène
L’oxygène médical est au même titre qu’un médicament. Outre son avantage et son effet salutaire sur la vie et la santé, l’oxygène peut devenir facilement un poison en cas de surdose ou en présence d’un incompatible (vaseline, pommade ou crème sur le visage).
Un cas de brûlure causant la mort d’un patient suite à l’usage de pommade et de l’oxygénothérapie m’a été révélé par l’infirmière Iris ! Un autre risque est le fait de manipuler sans délicatesse une bonbonne d’oxygène autrement dit, en la traînant sur le plancher des vaches ou en la soulevant par son robinet. Ce phénomène insolite, contraire aux bonnes pratiques, est une banalisation grossière d’un produit dangereux. Il est révélateur de l’ignorance et de l’absence de culture de sécurité.
Vite un plan de formation et de sensibilisation
En vedette de l’actualité, l’oxygène continue à préoccuper la population et à faire l’objet des discussions. Le manque criard de sensibilisation des algériens aux risques de ce produit est blâmable suite à l’absence d’efforts visant à réduire l’ignorance de ces dangers. L’éducation et la formation sont donc des besoins urgents à combler, notamment chez les professionnels de la santé. Le personnel d’exécution des structures sanitaires est pareillement concerné par la formation sur le transport sécuritaire de l’oxygène.
Bien évidemment, l’oxygène médical ne mérite pas d’être transporté comme une cargaison de pastèques dans des véhicules non dédiés.
Défaut d’affichage
L’oxygène médical en bonbonne est un gaz comburant sous forme comprimé en d’autres termes, il permet de déclencher et d’accélérer le brûlage d’un combustible. Le danger de l’oxygène médical provient de la nature et de la pression de ce gaz d’ailleurs, 2 placards de danger doivent être affichés sur la bonbonne, ce qui n’est pas coutume de voir cela.
Si jamais usage de faux
Sur le plan de pureté, l’oxygène médical versus l’oxygène industriel ne se valent pas. La fabrication de l’oxygène médical est normalement réservée aux établissements ayant une autorisation spéciale. Le remplissage de l’oxygène industriel n’obéit pas à des règles strictes au regard de l’oxygène médical ainsi, sa qualité est moins bonne (moins de 99,5% de pureté). L’oxygénothérapie à domicile a poussé les gens à utiliser des bonbonnes tout-venant : des bonbonnes visiblement non conformes ou ayant servi pour un autre gaz ou contenant une charge résiduelle d’un gaz autre que l’oxygène.
Une bonbonne d’oxygène médical doit être de couleur blanche avec capuchon de sureté, inspecté et certifiée et ne contient pas de rouille ou d’impuretés à l’intérieur, voire n’a pas servi à d’autres fins. L’usage d’une bonbonne corrompue signifie tout bonnement, le déclin de la santé du malade et l’aggravation de sa situation.
Reprendre le contrôle et assumer ses responsabilités
Pour faire court, il y a une fâcheuse tendance qui s’installe dont les conséquences peuvent être dramatiques : de l’oxygène médical entre les mains de profanes. Bon gré mal gré, le public est devenu partie prenante du système d’approvisionnement en oxygène. Les autorités compétentes doivent reprendre le contrôle de l’oxygène médical pour faire de lui le salut et non pas l’enfer des Algériens.