Site icon Le Matin d'Algérie

L’urbain est-il une question marginale dans l’esprit algérien ?

Urbanisation anarchique

 

La répétition de l’échec est pire que l’échec lui-même ! Si on regarde bien dans nos campagnes, on se rend compte de la déchirure du tissu de la société. S

i un père de famille décide, autrefois, de quitter le village pour aller en ville, c’est pour l’éducation de ses enfants, c’est pour leur avenir scolaire et professionnel, c’est pour une belle perspective dans le monde citadin. Aller habiter en ville, c’est pas facile ! Ce n’est pas du jeu ! Or, la plupart des villes aujourd’hui sont habitées par des gens de la campagne et « l’intrusion » de ces derniers dans l’espace urbain est faite de manière anarchique, sans étude ni perspective d’installation.

Le résultat est plus que décevant : des villages à l’intérieur des villes. Aux cités-dortoirs construites dans le cœur des villes vidées de leur esprit urbanistique, s’agrège la lancinante problématique de la promiscuité, de la débauche et de plein d’autres fléaux sociétaux. La complexité de la situation est d’autant plus sérieuse que l’Etat se sent fragilisé face aux défis de la construction urbaine. Quel est l’avenir de la ville en Algérie ?

La question, aux mille et une ramifications, semble d’emblée difficile à cerner. Car, différents facteurs entrent en jeu : moyens et mode de vie que l’Algérien souhaite adopter, effet de foule concernant l’exode rural, et le changement presque « radical » du logiciel mental de l’Algérien de ces dernières décennies. En ce sens, l’exode massif en ville n’est pas, de nos jours, un fait exceptionnel, mais un trait collectif marquant.

Or, le dépaysement des campagnards, devenu presque systématique en milieu urbain, a fait en sorte que, d’une façon ou d’une autre, le processus d’éducation des enfants échappe à ces derniers et la Ville, avec majuscule tue dans l’œuf l’esprit « puritain », « noble » « authentique » que le village a semé en eux. Ainsi les enfants subissent-ils, sans qu’il ne parviennent à comprendre l’origine du mal, les conséquences négatives de leur « citadinisation forcée », devenue si l’on ose le mot ici, « ensauvagée », au fil du temps. Ni nos villageois ne sont devenus citadins ni nos citadins n’ont amélioré leur citadinité pour vivre en bonne intelligence avec les villageois.

Nos « dechras » sont vidées de leur population et nos villes sont devenues des grands villages ruralisés, privés de la moindre valeur du Vivre-ensemble, de vitalité, de dynamique culturelle et sportive et d’espaces d’expression/distraction juvéniles. Si je dis « espaces », je ne parle pas, bien entendu, d’infrastructures en béton, mais de structures sociales et symboliques, à même de mettre en chantier le progrès du pays. Aller en ville est un projet de vie qui devrait être mûri, analysé, étudié. Détrompons-nous, la ville, ce n’est pas un village.

Kamal Guerroua

 

 

Quitter la version mobile