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M. Tebboune et la conciliation nationale

DECRYPTAGE

M. Tebboune et la conciliation nationale

Comme à l’accoutumée, les débuts de réponses aux questionnements des Algériens viennent par delà la Méditerranée. 

Suite à l’absence prolongée du chef de l’Etat atteint par le Covid-19, l’absence du très médiatique chef d’état-major de l’armée des radars pour une raison inconnue du grand public, le manque de réactivité du premier ministre et de son préposé à la communication, la lenteur des services de la présidence dans le traitement de l’information, il aura fallu attendre des voix venant d’Europe pour se faire une idée de ce qui attend les Algériens.

C’est ainsi que, selon l’APS, Mme Angela Merkel, chancelière allemande, dans une lettre adressée au chef de l’État, vendredi 20 novembre, nous apprend que « le président Tebboune s’est remis de son infection au Covid ». 

En tenant compte de la rigueur et de la minutie qui caractérisent les Allemands et du légendaire doigté de la chancelière, l’on peut constater qu’elle n’a point évoqué de guérison ou d’état de santé de M. Tebboune mais seulement sa satisfaction de le voir remis de son infection au coronavirus. 

Plus loin, elle lui transmet ses meilleurs vœux de force et de courage pour  la suite de sa convalescence. Une formule toute diplomatique pour lui souhaiter force et courage afin d’affronter le reste. Cette convalescence pourrait bien englober des choses encore plus sérieuses que le virus.

De son côté, le président français Emmanuel Macron, dans une interview donnée à Jeune Afrique,  également vendredi, est plus prolixe que son homologue allemande en ce qui concerne le dossier algérien. Il se  dit franchement  disposé à faire tout son possible pour « aider le président Tebboune », qu’il estime « courageux », dans cette « période de transition ». Il précise que l’on ne change pas des institutions et des structures de pouvoir en quelques mois. Qu’il Il faut tout faire pour que cette transition réussisse en tenant compte du « facteur temps » qu’il qualifie d’important.

Nous pouvons donc envisager un retour du chef de l’Etat dans les jours qui viennent. Qu’il s’attellera dès son retour à amorcer cette phase de transition mais que le temps dont il dispose ne pourrait peut-être pas être suffisant, malgré tout son courage , sa volonté et celle de l’Europe de voir cette phase de transition réussir. Ce qui corrobore les déductions sur les non-dits de la chancelière  allemande quant à l’état de santé de M. Abdelmadjid Tebboune. Le facteur temps est d’autant plus primordial que la situation sécuritaire dans la région, dont la stabilité de l’Algérie est un élément capital, est préoccupante pour les pays avoisinants et l’Europe qui a assuré de tout son soutien pour mener à bien cette transition.

Il semblerait ainsi que le vocable de « nouvelle Algérie » cédera  la place  à cette idée de « transition » dans les semaines à venir étant donné la frilosité de la majorité des citoyens à y  adhérer.

Quant au hirak, le Président français lui reconnaît le statut de mouvement révolutionnaire ainsi que sa longévité, même sous une  forme différente. Il signale également  des choses qui ne sont pas dans les standards européens et qu’ils aimeraient  voir évoluer. Il rassure aussi sur la  volonté de stabilité des algériens, en particulier dans la partie la plus rurale de l’Algérie. 

Si l’on considère, logiquement et naturellement, qu’une  réelle stabilité ne peut être obtenue sans l’adhésion de la majorité, il paraît clair que cette phase de transition, nouvellement annoncée, devra débuter par une phase d’apaisement c’est-à-dire par la libération des détenus d’opinion et devra se poursuivre par un dialogue étendu à la condition que le mouvement populaire puisse s’aligner sur les standards de dialogue qui prévalent dans les démocraties modernes en combattant ce nihilisme improductif qui l’a caractérisé jusqu’ici.

Dans cette situation de crise politique, économique et sanitaire, les Algériens toutes catégories et toutes parties confondues  pourront-ils dépasser et surmonter enfin ces obstacles afin de préserver leurs acquis, ceux de leur pays et préparer l’émancipation des générations futures?  

Parviendront-ils à mener ce projet ardu, inévitable, vital d’une réelle « conciliation nationale » , sincèrement et avec bonne foi, en se limitant dans le temps ? 

Il est urgent pour eux et pour le chef de l’Etat de s’y atteler et de déployer toute l’énergie afin d’y parvenir.

Auteur
Djalal Larabi

 




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