A Alger on fait tout un festival d’un simple appel téléphonique d’Emmanuel Macron à Abdelmadjid Tebboune. Une communication pour parler des cimetières et d’une histoire devenue un enjeu politicien.
Le président français, selon l’AFP, «est revenu sur ses dernières initiatives en France pour l’apaisement des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Il a dit se tenir disponible pour travailler sur ce sujet avec son homologue algérien, en particulier en ce qui concerne les recherches sur les disparus et l’entretien des cimetières européens en Algérie», selon un communiqué de la présidence. Voilà qui est dit. Macron est pour la paix des cimetières. L’actualité lui importe peu.
En revanche, le communiqué de la présidence algérienne évoque les prochaines rencontres. Nous apprenons, selon l’APS que « le Président français a renouvelé son invitation à monsieur le Président pour prendre part au Sommet Union européenne-Union africaine (UE-UA) qu’abritera la capitale belge, Bruxelles ».
Quid du dossier malien qui est d’une brûlante urgence ? De la Libye voisine ? Ou encore des sans papiers algériens ? Les communiqués n’en parlent pas. Paris préfère parler des cimetières pieds-noirs mal entretenus en Algérie et Alger fait semblant d’évoquer des sujets économiques au moment où le pays est encalminé dans une crise multidimensionnelle.
Le chaud et le froid
Les relations entre Alger et Paris sont au plus bas. Les autorités algériennes refusent notamment de répondre à Gérald Darmanin qui souhaitent expulser des dizaines de sans papiers algériens.
En octobre dernier Emmanuel Macron a suscité la colère du régime en reprochant au système «politico-militaire» algérien d’entretenir une «rente mémorielle» autour de la guerre d’indépendance. Furieuses, les autorités ont donné l’ordre à l’ambassadeur de rentrer à Alger. Depuis ce dernier est bien retourné à Paris.
Mercredi, Emmanuel Macron, a rendu un hommage appuyé aux pieds-noirs. Dans un discours très littéraire et empoulé, il a réussi à ne pas évoquer l’OAS qui a pourtant semé la terreur en 1961/1962 et poussé des milliers de pieds-noirs à fuir. Le président français a en outre exprimé la «reconnaissance» de la France envers les rapatriés d’Algérie et adressé un geste fort aux pieds-noirs en reconnaissant deux «massacres» qui se sont produits après la signature des accords d’Evian du 19 mars 1962. Il a ainsi qualifié d’«impardonnable pour la République» la fusillade de la rue d’Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l’Algérie française furent tués par l’armée française le 26 mars de cette année-là.
Dans une même discours, Macron a aussi dénoncé le massacre de Français à Oran le 5 juillet 1962. Il a aussi appelé, sans nommé l’Algérie, à la reconnaissance de ce massacre.
Yacine K.