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Macron refuse de donner « des leçons » de droits de l’Homme à Sissi

Paris/Le Caire

Macron refuse de donner « des leçons » de droits de l’Homme à Sissi

“Je suis conscient du contexte sécuritaire et des conditions dans lesquelles le président Sissi opère”, a déclaré le chef de l‘Etat français à l‘issue de leur entretien à l‘Elysée. “Il a un défi : la stabilité de son pays, la lutte contre les mouvements terroristes, la lutte contre un fondamentalisme religieux violent”.

“Je crois à la souveraineté des Etats et donc de la même façon que je n’accepte qu’aucun autre dirigeant ne me donne des leçons sur la manière de gouverner mon pays, je n’en donne pas aux autres”, a-t-il poursuivi. Pour autant, “la France défend les droits de l’Homme comme étant des valeurs universelles qui ne souffrent d’aucun relativisme.”

Il a évoqué lors de son tête-à-tête d‘une cinquantaine de minutes avec son homologue une “quinzaine de cas individuels égyptiens” – journalistes, militants des droits de l‘homme, associatifs, a-t-on précisé dans l‘entourage d‘Emmanuel Macron.

Allié “stratégique” de la France dans la lutte contre le terrorisme, l‘Egypte connaît depuis l‘arrivée du président Sissi au pouvoir en 2014 la “pire crise des droits humains de l’époque récente” selon les ONG de défense des droits de l‘homme.

Pratique “systématique” de la torture par les forces de l‘ordre (Human Rights Watch), climat de “peur” (Ligue des droits de l‘Homme), arrestations d‘opposants, sites internet bloqués : les ONG s‘alarment régulièrement des atteintes aux droits de l‘Homme dans le pays – en vain pour l‘instant.

Dernier “accroc” en date, la loi sur les ONG promulguée en mai qui interdit aux organisations non gouvernementales de mener un travail de terrain ou d‘enquête d‘opinion sans autorisation préalable des autorités.

Sissi nie toute torture

S‘exprimant aux côtés d‘Emmanuel Macron, le président Sissi a assuré que son pays “tenait” aux droits de l‘Homme et que les forces de sécurité égyptiennes ne pratiquaient “pas la torture”.

“Nous sommes dans une région perturbée et ces troubles risquent de transformer cette région en région d‘exportation du terrorisme dans le monde entier”, a-t-il souligné, jugeant que l‘image de la situation dans son pays véhiculée à l‘international n’était pas “réelle”.

La dégradation de la situation dans le pays est source d‘embarras pour les capitales occidentales, notamment à Paris, Emmanuel Macron ayant fait de la lutte contre le terrorisme sa priorité diplomatique numéro un.

Contrairement à Washington, qui a gelé en août son aide au Caire pour protester contre le manque de progrès en matière de droits de l‘Homme, la France marche sur des oeufs. L‘Egypte, souligne-t-on à Paris, est un “élément central de la stabilité régionale” et essentiel à la résolution des conflits israélo-palestinien, libyen et dans la lutte contre le terrorisme.

“Il y a aujourd‘hui un partenariat stratégique étroit entre nos pays en matière de défense et de coopération, nous continuons à travailler dans ce cadre de ce partenariat”, a dit Emmanuel Macron, qui a été invité par son homologue à se rendre en Egypte.

Le Caire est en outre devenu sur la période 2007-2016 le quatrième client en armement de la France selon le ministère de la Défense, notamment grâce à la vente de 24 avions de combat Rafale, d‘une frégate multimissions et de deux navires de guerre Mistral pour quelque six milliards d‘euros.

L‘option du Caire sur 12 avions de combat Rafale a été notamment évoquée lors de l‘entretien entre les deux chefs d‘Etat. “C‘est en discussion, cette visite permet de discuter des conditions financières qui peuvent être octroyées aux Égyptiens”, a-t-on indiqué à l‘Elysée, sans donner plus de précisions. Selon latribune.fr, Bercy bloquerait la signature de ce contrat face à la demande de l‘Egypte de bénéficier de facilités de paiement.

Auteur
Reuters

 




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