À Madagascar, un groupe de militaires a diffusé ce samedi matin une vidéo sur les réseaux sociaux, appelant leurs pairs à « prendre leurs responsabilités » face à la crise que traverse la Grande-Ile. Dans l’après-midi, des soldats ont été vus rejoindre les manifestants.
Face caméra et à visage découvert, un colonel connu sous le nom de « Mickael » appelle dans cette vidéo tous les militaires, y compris ceux qui assurent la sécurité des deux palais présidentiels, à rejoindre le Corps d’administration des personnels et services de l’armée de terre (Capsat).
Ce camp militaire situé à Soanierana, dans le sud d’Antananarivo, est le cœur logistique et administratif de l’armée malgache, où sont notamment entreposés des stocks d’armes et de munitions, rappelle la correspondante de Rfi. C’est ici qu’avait débuté en 2009 la mutinerie ayant conduit au renversement du président Marc Ravalomanana et à l’arrivée au pouvoir d’Andry Rajoelina.
« Refusons d’être rémunérés pour tirer sur nos amis, nos frères, nos sœurs »
« Nous, militaires, ne jouons plus notre rôle », accuse le colonel, entouré d’une vingtaine de militaires. « On a préféré s’assujettir et exécuter des ordres bien qu’ils soient illégaux au lieu de protéger la population », poursuit-il avant de lancer un appel à la désobéissance : « Refusons d’être rémunérés pour tirer sur nos amis, nos frères, nos sœurs ».
Aussitôt, face à la presse de Madagascar, le nouveau ministre des Forces armées, le général Rakotoarivelo, a lancé un appel au calme et au dialogue, en s’adressant particulièrement à ses frères d’armes du Capsat. « Il y a des divergences d’idées, mais le recours à la force provoquant une effusion de sang n’est pas la solution » a-t-il déclaré. À la suite de cette déclaration, le général Rakotoson, chef d’état-major de l’armée de terre, s’est rendu au Capsat afin de mener des discussions avec les militaires à l’origine de la vidéo.
Dans l’après-midi, des véhicules chargés de soldats armés ont rejoint des milliers de manifestants rassemblés dans la zone du lac Anosy, dans le sud de la capitale, où la police avait tiré des grenades lacrymogènes pour tenter de les disperser, montre une vidéo de l’AFP. Les manifestants ont crié « Merci » aux militaires, dont certains brandissaient des drapeaux malgaches.
Des partisans du président Andry Rajoelina se sont également rassemblés en fin de matinée dans le quartier d’Antanimena.
Rfi