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Mais pourquoi l’Algérie est-elle toujours en retard ?

Mais pourquoi l’Algérie est-elle toujours en retard ?

Par-delà « l’inertie historique », pour reprendre le mot du penseur syrien Bourhane Ghalioune, dont souffre l’Etat post-colonial naissant dans le monde dit arabe, il y a divers facteurs qui justifient le retard pris dans l’émergence des démocraties dans notre espace civilisationnel « africain » et « tiers-mondiste ».

L’Afrique du Nord, en particulier l’Algérie, traînent des handicaps majeurs liés à l’histoire anthropo-sociale de toute la région.

Au sens anthropologique, la nation berbère fut un grand échec ! Massinissa, le grand Aguellid de la Numidie, bien qu’ayant établi des relations commerciales avec Athènes, Rome, Carthage et l’Espagne ibérique, n’a malheureusement pas pu rassembler son peuple autour d’une seule bannière.

S’il proclamait que « Tafarka » l’Afrique appartenait aux Africains, son ambition d’unification de la Numidie n’en restait pas moins une utopie. L’anthropologie de la Berbérie est complexe.

Entre la Numidie occidentale, pro-romaine, morcelée entre Numides, Maures, Garamantes, Gétules et Carthage, l’orientale, phénicienne par ses traditions et ses us, le grand rêve d’une Afrique du Nord unifiée n’était pas du tout accessible. Et puis, Massinissa n’a rien fait, côté édification étatique, dans la mesure où, la frappe de monnaie qu’on lui attribuait, se faisait, paraît-il, avant son avènement au trône.

D’après l’ouvrage de l’historien F. Lacroix, « Colonisation et administration romaine de l’Afrique septentrionale », dans plusieurs contrées de son vaste empire, Massinissa s’attachait à fixer ses habitants au sol, à leur faire abandonner les habitudes de la vie errante, en leur enseignant à tirer profit de la fertilité de leur territoire et de se livrer à l’agriculture.

Mais, pour lui, il ne changea rien aux coutumes de ses ancêtres. Il y a eu, à vrai dire, une forte propension des Berbères à l’autonomie et à l’indépendance, sur fond de tribalisme morbide. La tribu était conçue plutôt davantage comme un rempart contre l’invasion étrangère, que comme un repli sur soi ou un enfermement face à ce qui vient de l’extérieur.

Mais curieusement, il y a eu une certaine fascination des Berbères pour les étrangers, préférés aux leurs. Un gros vrai problème!

Auteur
Kamal Guerroua
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