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Maison de Dieu ou position avancée du conquérant !

Grand Angle

Maison de Dieu ou position avancée du conquérant !

Chaque village kabyle en a au moins une, souvent plantée en plein milieu, une place stratégique narguant tout ce qui l’entoure, elle surplombe toutes les autres habitations, spacieuse et autour, tout est minuscule. Elle les regarde de haut, arrogante, hautaine et insolente, se croyant en territoire conquis. Elle parle une autre langue. Sa mission et son but suprême : changer ce peuple, le déculturer, le déraciner, le bédouiniser, et anéantir toute trace de kabylité et d’amazighité. Toute trace de liberté. Elle se dit maison de Dieu mais un Dieu assez spécial, un Dieu customisé et façonné à son image et à celle de celui à qui elle obéit, un Dieu moulé à leur l’idéologie, un Dieu qui ne parlerait et qui ne comprendrait qu’une seule langue : la leur. Un Dieu qui serait sourd et insensible aux prières de ses ouailles et des croyants, à leurs lamentations, à leurs jérémiades, à leurs pleurs et à leurs peines car non formulés dans la bonne langue !

Jadis, elle était plus petite, plus modeste, semblable à toutes les autres maisons, elle était dans le décor, elle ne faisait pas tache. Elle était surtout kabyle. Le maitre des lieux était kabyle et parlait kabyle, il prêche en kabyle, il était issu des entrailles de ce peuple. Une maison ouverte à tous, au voyageur comme au vagabond, on y priait, parlait et pleurait en kabyle. La robe kabyle n’y était pas stigmatisée, le voile et le niqab n’y étaient pas encensés, nos us et coutumes n’y étaient pas dénigrés et abaissés. On implorait Dieu dans sa langue maternelle sincèrement et dignement, la spiritualité réelle était là sans extravagance, sans ostentation exagérée et provoquante, sans faire sursauter les bébés du village dans leurs berceaux en les traumatisant à vie à chaque lever du soleil avec des cris perçants amplifiés à l’extrême pour narguer le peuple qu’ils sont les maîtres, l’alpha et l’oméga. Le pouvoir.

Maintenant, le détenteur des clés et des prêches vient d’ailleurs, il vient d’un autre peuple, il voue une haine farouche à notre langue et à notre identité, c’est un soldat au service de la conquête et la cause arabes, bien payé et bien nourri, il est au service d’un conquérant qui veut annihiler tout ce qui n’est pas de sa culture et de son identité. Il travaille pour un état fanatiquement arabe et arabiste qui a décidé de normaliser la Kabylie, la clochardiser, la rendre futile, sotte et inconsciente, et surtout la rendre définitivement et irrémédiablement arabe. Il se comporte beaucoup moins en serviteur de Dieu et de la foi qu’en vrai colon.

Ces prétendues maisons de Dieu, elles pullulent en Kabylie, sont devenues des fiefs de l’anti-kabylisme primaire. Des machines infernales et très puissantes pour inculquer la haine de soi, le mépris de sa propre histoire, pour diaboliser le patriotisme et les patriotes kabyles. Elles sont des positions avancées de l’ennemi, des casernes militaires dont la muraille est bourrée de fenêtres de tir -ces fameuses meurtrières-, pour tirer sur tout ce qui bouge, pour mitrailler tout le village. Des balles bien idéologiques, bien réelles et bien néfastes, elles visent toujours la tête pour bien exploser le cerveau et le vider de ses neurones.

C’est dans cette forteresse bien gardée, propriétaire du régime sur le sol kabyle, qu’on maudit Ferhat Mehenni comme ils maudissent Satan et le juif. C’est dans les entrailles de cette fortification, au milieu des terres kabyles, qu’on planifie l’agression lâche de Bouaziz Ait Chebib et tant d’autres patriotes kabyles. C’est dans les coulisses de cette citadelle qu’on prépare la chasse au drapeau national kabyle. Elle est au centre du village et sa volonté d’emprise sur la vie des kabyles est sans limite.

Une usine dans chaque village à fabriquer en masse des salafistes et wahabistes kabyles très anti-Kabyles. Elle est là pour ôter au kabyle tout ce qui le fait kabyle : un être qui a toujours aimé la liberté et détesté la servilité et le déshonneur, un Homme fier de ses origines et de son histoire, conscient de ses repères, respectant sa langue et dépositaire de valeurs ancestrales humaines et positives ; pour le changer en un être servile et docile, semblable à une feuille blanche sur laquelle n’importe quel taré d’orient ou du pouvoir arabe d’Alger pourrait gribouiller tout ce qu’il désire, même l’impensable et l’inimaginable. On y fabrique des kabyles anti-femmes kabyles, des kabyles anti-robes kabyles, des kabyles anti-langue kabyle, des kabyles allergiques aux us et aux coutumes kabyles. Des kabyles pour le voile et le niqab. Des Kabyles en kamis et djelbab. On y fabrique, et en masse et sur nos propres terres, des ennemis de la Kabylie et du Kabyle.

Ces maisons de Dieu travesties et détournées sont devenues des ambassades et des représentations du régime arabe d’Alger en Kabylie. Ses instruments d’arabisation et de déculturation. Un réseau dense, énorme, efficace, très maillé, qui espionne, épie et guette les faits et gestes des kabyles. Un réseau de mouchards, de propagandistes et de comploteurs. Un réseau pour le triomphe de l’arabité.

Les patriotes kabyles ne doivent plus avoir de retenue, de décence ou de tabou à sensibiliser le peuple kabyle sur le danger de l’instrumentalisation de ses lieux de culte par nos pires ennemis. Quand une religion, quelle qu’elle soit, cesse d’être une religion et devient le bras armé d’une idiologie politique, le bras armé d’une machination raciste et fasciste, l’arme fatale et performante pour faire disparaitre tout un peuple de la surface de la terre ; alors il faut de suite cesser de la considérer comme une religion, comme toutes les autres religions neutre et paisibles ; mais comme un ennemi féroce auquel il faudra livrer bataille, lui rendre les coups. Un ennemi à combattre et à extirper de nos terres. Il faut rendre ces lieux à Dieu et aux kabyles. La reconquête de ces places stratégiques doit commencer maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, et ne s’achèvera bien sûr qu’avec l’avènement d’une Kabylie libre et indépendante. Fermer les yeux sur le travail de sape de notre identité et de nos valeurs par ces lieux supposés être de culte mais squattés par nos ennemis, c’est accepter de mourir surement. 

Il est tout à fait normal, c’est même primordial, que les cultes installés sur le territoire kabyle respectent les us et les valeurs du peuple kabyle, et respectent sa langue et son identité. Ces cultes doivent être kabylisés et point de prêches dans une langue étrangère. Point de prêches « wahabisants » et « bédouinisants ». Point de sermons incendiaires et menaçants contre ce que nous sommes, contre nous et chez nous. Point de glorification de l’histoire des autres au détriment de la nôtre. Point de sacralisation des us et des coutumes des autres tout en infériorisant et en humiliant les nôtres. Point de kabylophobie sur les terres kabyles.

La souveraineté et l’honneur d’un peuple passent aussi par son contrôle des cultes présents sur son territoire. On ne peut espérer une Kabylie libre et souveraine et en même temps laisser des milliers « d’ilots » chez nous défiant énergiquement notre Kabylité et notre amazighité, dédaignant avec arrogance notre capacité à être libres et indépendants. Nous ne pouvons rester les bras ballants alors qu’un cancer infiltrant, invasif et métastatique dévore et ravage le corps kabyle. Au bout, c’est la mort.

Nous sommes un peuple tolérant, nous ne voulons déclarer la guerre à aucune religion. Nous espérons un Etat kabyle laïque où chaque citoyen aura le droit de croire ou de ne pas croire, de choisir la religion qu’il souhaite ou de ne pas choisir, mais ces religions ne doivent en aucun cas défier nos valeurs et nos règles, et ne doivent en aucun cas être des bras armés de nos ennemis. Nous voulons un Islam kabyle comme l’est déjà le christianisme en Kabylie.

 

Auteur
Farid Attoui

 




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