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Makri et la moquerie islamiste

TRIBUNE

Makri et la moquerie islamiste

Dans un discours populiste qui frôle le ridicule, titillant la barbe trop pondue des islamistes, Abderrezak Makri, porte parole du mouvement pour la société et la paix (MSP), avait suggéré de criminaliser l’usage de la langue française dans les documents officiels et les institutions, dans le cadre des débats sur l’avant-projet de la révision constitutionnelle.

Pour les observateurs aguerris de la scène politique, cette sortie rocambolesque n’est pas étonnante, venant d’un personnage cynique qui a toujours cultivé le paradoxe et l’hypocrisie.

Politiquement, cette mouvance ( MSP), se décline comme une confrérie d’entrepreneurs, animée par une stratégie d’entrisme, celle-ci qui a participé à toutes les élections et soutenu tous les mandats de Bouteflika, y compris le cinquième avorté par la mobilisation populaire, dans l’objectif d’avoir une visibilité sur l’échiquier nationale, et gratter quelques dollars pour fructifier les affaires de ses dirigeants à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

À l’époque où Hachemi Djaaboub, alors ministre du Commerce issu du MSP, une centaine de licences d’import-export, furent attribuées à ses amis dans le parti, et beaucoup d’entre eux ont été rattrapés par la justice dans des scandales de corruption, quelques années plus tard. C’est avec l’argent sale amassé à l’ère Bouteflika, que les membres de cette confrérie avaient réservé à leurs progénitures une scolarité de choix dans les lycées français à Alger.

Abderrazak Makri lui-même avait envoyé sa fille continuer ses études dans l’une des prestigieuses écoles françaises au Canada. Et pendant qu’il suggère l’application de la charia comme fondement de législation dans la nouvelle constitution, et qui veut imposer le voile aux femmes algériennes, sa fille s’habille de façon décontractée, des cheveux en l’air avec un look Rock and Roll.

Ce même Makri, avait reçu le 20 septembre 2015, l’ambassadeur français Émie Bernard, au siège central du MSP à El Mouradia, et c’est dans la langue de Voltaire qu’il s’est entretenu avec lui, tout souriant se faisant tout-petit devant cet invité que ses mentors lui avaient imposé.

Nous sommes d’accord sur ce que vous avancez, à condition que vous repreniez vos études de médecine en langue arabe, puisque c’est dans les français qu’étaient dispensés les cours qui vous ont permis d’avoir le diplôme de docteur en médecine. Nous sommes d’accord que l’usage du français soit criminalisé, à condition que vous repartiez votre fille du Canada et l’inscrire à la zaouïa du coin.

Nous sommes d’accord pour criminaliser l’usage du français, le jour où vous renoncerez à accueillir l’ambassadeur français le jour, pour sortir le soir vous attaquez à la langue française. Le français est une langue étrangère, certes, mais c’est une langue vivante, une langue de savoir et de connaissance.

Le problème de l’Algérie n’est pas la langue française, le mal de l’Algérie c’est ce système politique qui emploie des bigots serviles de votre genre pour détourner l’opinion des véritables problématiques, dans un moment où le pays va droit vers une crise sociale, politique et économique sans précédent. Une fois que vous auriez accepté les conditions énumérées plus haut, nous pourrions vous accorder un peu de crédit, en attendant vous feriez mieux de nous épargner vos éructations nauséabondes, nous n’avons même pas où procurer un désodorisant en cette période de confinement. .

Auteur
Salim Chaït

 




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