Malek Ouary, né le 27 janvier 1916 à Ighil Ali, en Kabylie et mort le 21 décembre 2001 à Argelès-Gazost en France, était un écrivain et journaliste de langue française.
Cette émission littéraire Apostrophes qu’animait Bernard Pivot a été enregistrée en 1982. Malek Ouary parle de son roman « La montagne aux chacals » et explique pourquoi il a écrit cet ouvrage.
La contribution de Malek Ouary à la sauvegarde de la culture amazighe est des plus précieuses.
« La production littéraire de Malek Ouary a obtenu la faveur de la critique et du public en 1956 lors de la publication de son premier roman, Le grain dans la meule. Pour continuer son activité de journaliste pendant la guerre d’indépendance, Malek Ouary a émigré à Paris où il a travaillé à l’Ortf. Marié en France, il y a poursuivi sa carrière de journaliste et d’écrivain, en publiant une collecte des poèmes kabyles, Poèmes et chants de Kabylie (1974), et son deuxième roman, La montagne aux chacals (1981). Pendant sa retraite, il a terminé son troisième roman, La robe kabyle de Baya (2000) et il avait commencé à écrire un essai sur son village d’Ighil-Ali durant la période d’activité missionnaire des Pères Blancs.
Au cœur de l’activité littéraire et journalistique de Malek Ouary se trouve donc son intérêt passionné pour la langue et la littérature kabyles qu’il a (re-)découvertes après la « rupture intégrale », lorsque, étudiant à Alger, il a été sevré de sa culture et de sa langue par l’exclusivisme culturel du système scolaire français de la période coloniale.
« Mon entrée à l’école a revêtu pour moi un caractère singulier : on m’y envoyait en quelque sorte pour y désapprendre ma langue afin de m’initier à une autre » (Poèmes et chants de Kabylie, 1974, p. 13).
Il mentionne la grande impression, « l’illumination », suscitée en lui par la lecture de Chants berbères de Kabylie (1939) ; ce recueil de J. Amrouche lui fit prendre la décision durable de travailler de toutes ses forces, en utilisant la culture française acquise, à la sauvegarde et à la diffusion de la culture kabyle et berbère. Son expérience individuelle et la situation socio-historique lui faisaient craindre, comme à Jean Amrouche, la disparition1 du patrimoine culturel kabyle. Son activité se concentre alors sur la collecte de documents, souvent uniques, comme l’enregistrement des chorales féminines du pays des Aït-Abbas dans les années 1950, la traduction de poèmes et de contes, l’enquête sur la narration littéraire dans la société kabyle, lit-on dans la revue Encyclopédie berbère.