Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement qui a annoncé la nouvelle, mercredi soir, a justifié cette décision par des raisons politiques et sécuritaires.
La junte militaire au pouvoir verrouille d’un énième cran la scène politique malienne. Lors d’un point de presse, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, a expliqué que la situation sécuritaire sur le terrain est l’une des raisons de la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis et associations politiques du Mali. « Sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, pour raisons d’ordre public, les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l’étendue du territoire national », dit un décret pris en conseil des ministres par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et lu devant des journalistes par le colonel Maïga. Il y a quelques jours, ce sont les étudiants qui ont été réprimés après qu’ils eurent réclamé la fin de la transition politique.
Le colonel Maïga a expliqué que la reprise de la ville de Kidal, en novembre 2023, des mains des rebelles touaregs ainsi que d’autres localités ne signifie pas la fin du terrorisme, des questions de sécurité. Il y a, a-t-il poursuivi, d’autres défis sécuritaires à relever, alors qu’au même moment, la classe politique malienne mène « des débats stériles » et est coupable de «subversion ». La justification de mettre sous cloche toute la société malienne est courte. A force de répression et de fermeture, sous prétexte d’insécurité, la junte militaire risque de voir se dresser justement toute la nation contre eux.
Le ministre fait référence aux voix politiques locales de plus en plus nombreuses et audibles qui affirment que la période de transition a pris fin depuis le 26 mars dernier. Et qu’il faut un retour rapide à l’ordre constitutionnel. La junte malienne balaie du revers de la main cet argument et avance une autre raison pour justifier la mesure de suspension des activités des partis et associations politiques : la nécessité selon elle d’instaurer un climat de sérénité au moment où un dialogue national inter-malien est annoncé pour aborder les problèmes du pays. C’est dire que les putschistes s’assoient sur les promesses données au lendemain du coup d’Etat de mai 2021.
Des attaques terroristes sont annoncées toutes les semaines. L’armée appuyée par les mercenaires du groupe Wagner sont en parallèle accusés d’exactions contre la population. Il y a quelques jours, ce sont les rebelles touaregs qui ont affronté les jihadistes du JNIM au centre du pays. Décidément rien n’est épargné pour le pays et ses habitants.
L.M./RFI