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Marche blanche à Marseille pour Mehdi Kessaci : quand un drame individuel révèle une fracture nationale

À Marseille, l’émotion est encore vive après l’assassinat de Mehdi Kessaci, 20 ans, tué par balles le 13 novembre. Un drame de plus dans une ville durement touchée par les violences liées au narcotrafic, mais un drame qui, cette fois, suscite un écho particulier.

La famille du jeune homme appelle à une marche blanche le samedi 22 novembre, à 15 h, au rond-point Claudie d’Arcy, lieu où sa vie s’est brutalement arrêtée. Un rassemblement silencieux, sans banderole ni drapeau, qui se veut à la fois un hommage et un signal d’alarme.

Un jeune homme respecté, fauché “pour rien”

Étudiant, sportif, apprécié de tous, décrit par ses proches comme un jeune homme « généreux » et « au parcours irréprochable », Mehdi n’était ni dans une trajectoire à risques ni dans un environnement marginalisé. Et c’est précisément ce qui, pour beaucoup, donne à ce meurtre une dimension supplémentaire : l’idée que même les vies exemplaires ne sont plus protégées.

Pour la famille, l’entourage et de nombreux habitants de Marseille, la mort de Mehdi est un rappel brutal de la dégradation continue de la sécurité dans certains quartiers, malgré les discours officiels et les dispositifs censés endiguer la violence armée.

“Pourquoi la vie de Mehdi n’a-t-elle pas été protégée ?” L’appel à la mobilisation pose des questions lourdes, rarement formulées aussi directement :

– Pourquoi la vie de Mehdi n’a-t-elle pas été protégée ?

– La famille Kessaci sera-t-elle désormais en sécurité ?

– Combien de familles devront encore pleurer un enfant avant qu’un véritable tournant ne s’opère ?

Derrière ces interrogations s’exprime une critique claire de l’inaction ou de l’insuffisance de la réponse publique face à l’emprise croissante du narcotrafic. Pendant des années, certains quartiers ont été abandonnés aux logiques mafieuses, comme si les drames qui s’y déroulaient ne concernaient pas l’ensemble de la société.

Un drame qui agit comme révélateur

Le cas de Mehdi agit comme un révélateur de cette fracture. La famille insiste : si un jeune homme au parcours sans faute, inséré socialement, entouré, peut être tué de manière aussi absurde, alors personne n’est réellement protégé.

La mobilisation de samedi est pensée comme un acte citoyen, un moment de solidarité, mais aussi comme une tentative de briser l’indifférence. Les organisateurs espèrent d’ailleurs que d’autres rassemblements verront le jour ailleurs en France, même modestes, pour affirmer que “le meurtre de Mehdi doit marquer un tournant”.

Une marche silencieuse, pour une parole collective

La marche se veut silencieuse, sans slogan, sans drapeau, dans l’esprit des grandes marches blanches qui ont marqué l’histoire sociale récente. Le blanc symbolise le deuil, mais aussi la dignité et la volonté de se tenir debout malgré la douleur.

Dans les quartiers populaires de Marseille, où la violence armée fait régulièrement des victimes collatérales, ce type de mobilisation est rare. Elle témoigne d’un ras-le-bol, mais surtout d’une volonté de reprendre la parole autrement que dans la colère.

Vers un débat national ?

Si la mort de Mehdi suscite une telle réaction, c’est aussi parce qu’elle interroge directement la valeur accordée à certaines vies dans l’espace public. Pendant longtemps, les violences dans les quartiers populaires ont été reléguées aux marges du débat national. Ce meurtre pourrait contribuer à briser cette hiérarchie silencieuse.

Pour les proches, les habitants et les associations mobilisées, l’objectif est clair : faire de ce drame une rupture, un point de bascule qui oblige à regarder la réalité en face et à repenser la politique de sécurité, de prévention et de justice.

Mourad Benyahia 

Informations pratiques

Marche blanche pour Mehdi Kessaci

Samedi 22 novembre – 15 h

Rond-point Claudie d’Arcy, 13004 Marseille

Marche silencieuse, sans banderole ni drapeau.

Contact : marcheblanchemarseille@gmail.com

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