Leila Benali, la ministre chargée de la Transition énergétique du Maroc, est soupçonnée de conflit d’intérêts. Ce qui fait jaser la rue et une certaine presse marocaine.
La cause de ce scandale qui secoue notre voisin marocain ? Une photo révélée par la presse australienne il y a un peu plus d’une semaine où l’on voit un homme et une femme s’embrasser.
Selon les médias du royaume chérifien, il s’agirait d’Andrew Forres, deuxième fortune d’Australie et fondateur du groupe minier Fortescue Metals, et de la ministre marocaine.
La supposée liaison pose problème à cause de l’annonce en avril d’une future collaboration entre l’Office chérifien des phosphates (OCP) et le groupe minier australien Fortescue Metals.
Membre du conseil d’administration de l’OCP et responsable du développement de l’hydrogène vert dans le royaume, Leila Benali est sommée de s’expliquer par la presse marocaine. La ministre nie être la femme sur la photo et assure respecter « les bonnes mœurs ».
La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable a publié un communiqué dans lequel elle « dément catégoriquement et fermement tout lien avec la photo » de l’article, réaffirmant son « engagement total envers la moralité, les bonnes mœurs et les attributs d’une bonne réputation, et son souci de respecter l’honneur ».
La ministre ajoute que « la considération et la dignité qui caractérisent sa personnalité en tant que femme et mère marocaine authentique d’une part, et en tant que ministre responsable au sein du gouvernement du Royaume du Maroc défendant les intérêts suprêmes du pays d’autre part ».
Ghizlane Mamouni, présidente et fondatrice de l’Association Kif Mama kif baba pour l’égalité femmes hommes, se dit « affligée de voir une femme contrainte de se justifier sur sa vie privée ».
Selon elle, cette affaire montre qu’au Maroc, même les femmes issues de milieux favorisés sont soumises à la pression sociale lorsqu’il s’agit d’accusation de relations sexuelles hors mariage.
Défini par l’article 490 du Code pénal comme un délit d’immoralité, le sexe hors mariage est passible d’un an d’emprisonnement.
Ghizlane Mamouni ajoute que l’affaire a eu un traitement spécifique, car la principale concernée est une femme politique d’envergure et que « les soupçons de conflits d’intérêts sont le prétexte pour porter atteinte à sa vie privée ».
La militante féministe rappelle qu’avant elle, des hommes politiques ont fait l’objet de graves soupçons de conflits d’intérêts mais leurs dossiers n’ont pas eu de couverture médiatique comparable. Pour l’heure c’est silence radio du palais royal. Le roi Mohammed, VI qui passe le plus clair de son temps dans ses résidence à l’étranger, ne semble pas préoccupé par cette affaire.
L.M./Rfi