La détention du journaliste marocain Soulaimane Raissouni est « arbitraire » et il doit être libéré « immédiatement », a jugé un groupe de travail de l’ONU dans un avis consulté mardi par l’AFP.
Emprisonné depuis mai 2020, M. Raissouni a été condamné en appel en février 2022 à cinq ans de prison ferme pour « agression sexuelle », des faits qu’il conteste.
Cet ancien rédacteur-en-chef du journal arabophone Akhbar Al Yaoum affirme avoir été poursuivi « à cause de ses opinions ». Ses soutiens ont dénoncé un « procès politique ».
À la suite de l’examen de son cas, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a conclu que « les violations du droit à un procès équitable sont d’une gravité telle qu’elles rendent la détention de M. Raissouni arbitraire ».
Le groupe « estime que la mesure appropriée consiste à libérer immédiatement » le journaliste et « exprime sa vive inquiétude quant à son bien-être physique et psychologique », d’après un avis transmis à l’AFP par le comité de soutien de M. Raissouni.
Le journaliste marocain avait entrepris une grève de la faim d’avril à août 2021, lui laissant « de nombreuses séquelles », selon les experts onusiens.
Il n’a pas assisté à la plus grande partie de son procès en première instance — entre février et juillet 2021 — en raison de cette grève de la faim de 122 jours.
Il avait été arrêté deux jours après la publication d’un éditorial dans lequel il reprochait aux autorités leur excès de zèle dans l’application de la législation sur l’état d’urgence pendant la pandémie de Covid-19.
Selon le Groupe de travail de l’ONU, l’éditorial en question « relève de la liberté d’expression ». M. Raissouni « est détenu pour avoir exercé pacifiquement ce droit ».
Pour les autorités marocaines, en revanche, les poursuites « n’ont rien à voir avec son travail journalistique ».
Deux autres journalistes marocains, Omar Radi et Taoufik Bouachrine, ont également été condamnés à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu’ils nient.
M. Radi, dont le procès en appel est en cours, est également accusé d' »espionnage ».
Le Maroc occupe la 136e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF).
AFP