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Maroc ou France ? Mon choix de Hizb França

Equipe de France

Ce mercredi, pour le match Maroc-France, je me disais qu’on va encore me traiter de Hizb França, une accusation à mon égard depuis mon enfance.

Alors je vais, pour une fois dans ma vie, leur prouver le contraire. J’ai pris la décision d’écouter les arguments de mes détracteurs pour mon choix et leur montrer mon attachement aux idées nationales.

J’ai consulté les archives historiques, les discours, les manifestations et les violents débats sur les réseaux sociaux. Je me suis donc replongé dans mes racines algériennes.

Fort des argumentions que j’en ai tiré de mes compatriotes, je me suis réuni avec moi-même et nous avons décidé, ensemble et en toute indépendance, de supporter l’équipe de France.

Pourquoi ?

Tout d’abord, justement par cette consultation des archives du régime militaire et de l’histoire du sentiment national.

Pendant soixante ans, il est apparu que ce sentiment national était en guerre contre l’ennemi à nos frontières, que celui-ci nous menace constamment et qu’il ne cesse de nourrir à notre égard un sentiment belliqueux.

J’ai lu que récemment encore, un accident suspect avait été signalé à la frontière et que c’était une nouvelle fois la marque évidente de la main fourbe du royaume chérifien.

J’ai même consulté les écrits de beaucoup d’opposants démocrates, il n’y a aucun doute, pour eux le malheur constant de l’Algérie est cet ennemi de l’extérieur, pervers et menaçant.

Alors, face à cette première évidence, je me range du côté de mes frères du pays natal, je supporterai l’équipe de France. Pas question de rendre hommage au diable.

Pour la seconde raison, elle tire son origine de la consultation des archives moins anciennes. Je ne m’étais pas rendu compte, dans mon état de traître à la nation, à quel point les nationalistes algériens, fiers et rebelles, mettaient tous leurs efforts pour rejoindre le pays où je réside.

J’ai ouvert les yeux, moi qui fus aveugle depuis si longtemps, et j’ai découvert l’engouement national à faire la queue dans les consulats de ce pays. Des milliers se sont même aventurés dans la mer, au risque de la mort, pour rejoindre la terre de la liberté.

Mais ils n’ont pas perdu leur fierté, ils font la queue dans les préfectures ou profitent de ce statut quasiment devenu légal qu’on appelle « sans-papiers ».

Et j’ai découvert, dans mon réveil tardif à la cause nationale, que les décisionnaires du pays, maitres de la pensée nationaliste, investissaient leur noble argent algérien dans les banques de ce pays adoré puisque si plébiscité.

Ce sont les mêmes et, surtout leurs enfants, qui m’avaient traité de Hizb França toute ma vie. Je ne les avais pas compris, je ne les ai pas écoutés, je le regrette profondément

Alors, avec ma conscience, celle avec laquelle je m’étais réuni pour prendre ma décision, j’ai décidé pour une fois dans ma vie d’être en accord avec mon pays natal et ne plus apparaître comme ce traitre que j’étais.

Ce mercredi, je supporterai la France, la larme à l’œil d’être enfin un Algérien.

ALLEZ LES BLEUS, ALLEZ LES BLEUS !

Sid Lakhdar, redevenu enfin Boumédiene.

Enseignant

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