La polémique enfle à droite après une soirée raï organisée sur le Vieux-Port dans le cadre de l’Été marseillais. La présence d’artistes algériens, notamment Kader Japonais et Amine Babylone, a suscité l’indignation de la cheffe de file LR au conseil municipal, Catherine Pila, qui fustige une « provocation » à l’égard des Marseillais, pointant du doigt le contexte diplomatique entre Alger et Paris.
Dans un communiqué publié le 31 juillet, l’élue demande à la municipalité de rendre publique la rémunération des artistes invités et le budget consacré à la soirée. Elle estime que cette programmation traduit une « complaisance déplacée » envers un pays « dont le président insulte la France ».
La mairie, par la voix de l’adjointe à la culture Samia Ghali, défend une soirée qui a rassemblé plus de 45 000 spectateurs, soulignant le succès populaire d’un événement « qui célèbre les cultures méditerranéennes et l’identité plurielle de Marseille ». L’élue dénonce une « vision identitaire étroite » et affirme que « Marseille ne se construit pas sur l’exclusion mais sur le partage ».
Du côté du public, la soirée du 26 juillet a été saluée pour son ambiance festive, intergénérationnelle et pacifique. Des drapeaux algériens flottaient dans la foule, au rythme des tubes repris en chœur. Plusieurs voix dans la société civile dénoncent une instrumentalisation politique de la culture en période pré-électorale.
Cette controverse ravive les tensions mémorielles dans une ville où l’Algérie reste un sujet sensible, entre héritage colonial, immigration, et affirmation identitaire. À huit mois des municipales, la programmation culturelle devient un terrain de confrontation politique, révélateur d’enjeux bien plus profonds.
Samia Ghali défend la soirée raï sur le Vieux-Port : «Marseille continuera de célébrer la Méditerranée »
Face aux critiques visant la soirée raï organisée samedi dernier à Marseille, la maire adjointe Samia Ghali a tenu à réagir. Alors que certains dénonçaient une programmation jugée « communautaire », l’élue rappelle que la culture est, à Marseille, un vecteur de rassemblement.
« Depuis le début de l’été marseillais, la scène sur l’eau met à l’honneur des musiques et des influences diverses. Chaque semaine, les concerts que nous proposons sur le Vieux-Port rappellent ce qu’est Marseille : une ville jeune, vivante et fraternelle. »
Au cœur de la polémique : la venue de Kader Japonais et de Babylone, l’artiste algérien connu pour ses tubes mêlant pop, chaâbi et folk, qui a réuni 45 000 personnes. Samia Ghali balaie les critiques :
« Avant d’être arabes ou algériens, ces artistes sont avant tout des stars internationales. Ils nous ont fait l’honneur de choisir Marseille pour se produire et nous offrir un formidable concert. Les choix de Kader Japonais et Babylone ne sont ni maladroits ni provocateurs. »
Marseille, dit-elle, « continuera de célébrer la Méditerranée et d’accueillir les artistes qui font vibrer les cœurs, de la Corse aux montagnes du Rif, en passant par Beyrouth, Naples ou Alger. Et nous en sommes fiers. »
Djamal Guettala