25 avril 2024
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Marseille : la maire Michèle Rubirola démissionne en « femme libre »

FRANCE

Marseille : la maire Michèle Rubirola démissionne en « femme libre »

Coup de théâtre à Marseille qui bascule de nouveau dans l’incertitude mardi: Michèle Rubirola, première femme maire de la deuxième ville de France, a annoncé sa démission pour raisons de santé, tout en souhaitant devenir première adjointe.

« J’ai pris la décision de quitter mes fonctions de maire de Marseille », a annoncé, déterminée, Mme Rubirola devant la presse réunie à la mairie, moins de six mois après son élection sur une liste d’union de la gauche inédite, le Printemps marseillais, qui avait mis fin à 25 ans de règne de la droite.

« J’ai connu dès l’été les premières difficultés liées à ma santé. (…) Ces épreuves (de santé) limitent l’énergie que je peux mobiliser. Être maire de Marseille c’est 300 % de son temps, j’en donne 150 % », a expliqué cette médecin de profession, âgée de 64 ans.

« Il y a en médecine les spécialistes du temps long et les urgentistes. Je suis de la première catégorie. Et c’est de la seconde dont nous avons besoin à Marseille », a-t-elle poursuivi soulignant les défis immenses dans une des villes les plus pauvres de France où se conjuguent crise sanitaire, crise sociale et financière.

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Michèle Rubirola, médecin dans les quartiers populaires, quasi-novice en politique, avait été préférée à Benoît Payan, « apparatchik » du PS, pour rassembler la coalition de gauche hétéroclite du Printemps marseillais (Parti socialiste, Parti communiste, une partie des Insoumis, Ecologie-les Verts).

Membre d’Europe Ecologie les Verts, elle avait été suspendue du parti pendant la campagne avant que les écologistes ne rejoignent le Printemps marseillais au deuxième tour.

Conscient des oppositions autour d’une tête de liste socialiste, M. Payan avait accepté de s’effacer de la première ligne durant la campagne.

Aujourd’hui, l’élue souhaite un chemin inverse. « Nous formons un binôme et je souhaite que notre binôme continue mais s’inverse et que Benoît devienne maire », a-t-elle proposé.

L’élection d’un nouveau maire sera décidée par le conseil municipal, qui doit être convoqué sous quinzaine selon la loi. Un exercice périlleux pour la toute nouvelle majorité de gauche, qui avait peiné à ravir la mairie à la droite.

Le 4 juillet, en raison de la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) qui oblige à un vote par secteur dans ces trois villes, l’élection de Mme Rubirola s’était jouée au « troisième tour », c’est-à-dire au conseil municipal.

Au terme d’un suspense haletant et de multiples rebondissements, le Printemps marseillais avait finalement réussi à s’assurer du soutien de la liste de gauche concurrente conduite par Samia Ghali, figure des quartiers populaires de la ville.

Mais qu’en sera-t-il lors d’un prochain vote ? Samia Ghali ne s’est pas exprimée mardi sur la décision de Mme Rubirola.

Incompréhension totale

Interrogé par l’AFP, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Renaud Muselier (LR) a fait état de son « incompréhension totale ». « C’est du jamais vu (…) on va faire rire la France entière encore une fois », a réagi l’homme fort de la droite marseillaise, « Michèle Rubirola est la première victime du Printemps marseillais, en l’espace de six mois elle a été dévorée par sa majorité ».

Depuis ses débuts à la mairie début juillet, Mme Rubirola s’est mise en retrait à plusieurs reprises, pour des vacances en août, pour une intervention chirurgicale en septembre et enfin, fin octobre, car elle était « cas contact » au Covid-19.

Mal à l’aise face aux caméras, de son propre aveu, elle laissait souvent la place à son premier adjoint, Benoit Payan, chef de l’opposition socialiste sous la dernière mandature de Jean-Claude Gaudin (1995-2020), qui devrait devenir maire par intérim.

Devant la mairie mardi, Agnès, militante de la première heure du Printemps marseillais, juge que Benoît Payan, s’il devait prendre la succession, « est très marqué PS et il ne correspond pas vraiment aux aspirations des électeurs »

La démission du maire d’une grande ville en cours de mandat – hormis nomination à de plus hautes fonctions – n’est pas une première mais est en général liée à une mise en cause par la justice, comme ce fut le cas pour l’ancien maire de Nice Jacques Médecin en 1990 à la suite de sa mise en examen pour délit d’ingérence. L’ancien maire de Bordeaux Alain Juppé avait également dû renoncer à ses fonctions électives en 2004 après sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

L’élection du maire de Marseille avait en outre été marquée par un scandale de fraudes aux procurations, à la suite duquel une enquête préliminaire a été ouverte.

Auteur
Avec AFP

 




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