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Marseille : perquisition chez l’Insoumis Sébastien Delogu

Deloglu

Le député Deloglu avec des manifestants à Marseille.

Ce jeudi 15 mai à Marseille, le député La France insoumise Sébastien Delogu a vu son domicile et sa permanence parlementaire perquisitionnés par la brigade financière.

Officiellement, il est soupçonné de recel de documents volés. Ces mêmes documents qui lui ont permis, en septembre dernier, d’effectuer un signalement au procureur visant des faits potentiellement délictueux dans la gestion de l’entreprise Laser Propreté, prestataire de la RTM et de la gare Saint-Charles.

Un renversement de logique saisissant : le lanceur d’alerte devient la cible d’une enquête pénale.

Un signalement devenu matière à suspicion

À l’automne 2024, Sébastien Delogu et le député Manuel Bompard avaient adressé un courrier au parquet, détaillant des soupçons de faux en écriture comptable, escroquerie, travail dissimulé, abus de biens sociaux et blanchiment, parmi d’autres. L’entreprise visée, Laser Propreté, connaît alors un climat social tendu et des grèves à répétition.

Selon Delogu, les documents transmis aux autorités proviennent de salariés ou de sources internes. Ce sont ces pièces, aujourd’hui, que la justice semble vouloir récupérer — non pas pour instruire les faits dénoncés, mais pour identifier leur origine supposément illégale.

Une justice qui se trompe de cible ?

“Je trouve inacceptable que la justice me perquisitionne pour un recel de documents alors que je dénonçais des faits graves”, déclare le député marseillais à Marsactu. Du côté du parquet, on évoque une enquête préliminaire ouverte pour vol, recel de vol, atteinte à la vie privée, et atteinte au secret des correspondances.

La réaction politique est immédiate. Jean-Luc Mélenchon dénonce “le monde à l’envers”, où celui qui dénonce des malversations est perquisitionné pour savoir comment il a pu les dévoiler. Bompard, lui, interroge : pourquoi seul Delogu est-il visé ? Pourquoi cette opération est-elle médiatisée dans l’instant ? Et surtout, pourquoi la loi sur les lanceurs d’alerte semble ici foulée au pied ?

Une affaire hautement sensible

L’affaire prend une dimension plus large encore lorsqu’on considère l’identité du dirigeant de Laser Propreté, Isidore Aragones, ancien président du CRIF Marseille et soutien assumé de Tsahal. Delogu avait lui-même lié cette posture politique à la gestion controversée de l’entreprise, dans plusieurs publications en ligne. Ce contexte alimente la crainte d’un détournement judiciaire à connotation politique.

Une alerte adressée à la République

Au-delà du cas personnel du député insoumis, c’est l’état de notre démocratie qui se retrouve sur la sellette.

En démocratie, la justice doit protéger ceux qui alertent, pas ceux qu’on alerte.

Si les procédures judiciaires sont utilisées pour intimider ou neutraliser des lanceurs d’alerte, alors ce ne sont pas seulement des individus qui sont visés — c’est le droit de chacun à la vérité, à la transparence et à la probité publique qui vacille.

Djamal Guettala

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