Mercredi 11 septembre 2019
Massil Djahara porte plainte contre la police
Massil Djahra, le jeune arrêté le 30 août à Batna avec un drapeau amazigh et libéré aussitôt sous la pression de manifestants, est passé chez le procureur de la république de Batna lundi 9 septembre.
Il a eu la mauvaise surprise de constater que le procès verbal de son arrestation est introuvable. Il nous confie : « Le 30 août avant ma libération, les policiers m’ont notifié oralement que je devrais passer devant le procureur de la république. Quand je suis allé la voir accompagné de mon avocat , elle nous a informé que sur son bureau, seule ma plainte pour coups et blessures existe, elle nous a informé aussi que le procès-verbal de mon arrestation est introuvable et que la police nie m’avoir arrêté. Elle a donc renvoyé l’affaire à une date ultérieure ».
La même matinée, un rassemblement de solidarité a été organisé devant le portail du tribunal de Batna par une vingtaine d’activistes de la ville demandant le relaxe de Massil Djahara et l’arrêt des harcèlements contre les porteurs des drapeaux amazighs.
Pour rappel, vendredi 30 août , Massil Djahara a été violemment interpellé par les forces de sécurité avant d’être relâché quelques heures après sous la pression des manifestants en colère qui se sont rassemblés devant le commissariat central de Batna.
Ce jour-là, Massil Djahara et ses amis ont décidé de défier les forces de sécurité en brandissant le drapeau amazigh. L’un deux témoigne sur les réseaux sociaux : « Le vendredi 30 aoûtcoïncidait avec le 22e anniversaire de l’adoption du drapeau amazigh à Tafira , dans l’Archipel Canarien, le 30 août 1997. Nous avons voulu célébrer la journée et affirmer que le drapeau amazigh est un symbole d’unité et d’authenticité et non pas de division ».
Et d’ajouter « Dès le début de la marche Massil Djahara et d’autres ont sorti des drapeaux amazighs, c’est alors que des policiers en civil, nombreux au milieu des manifestants, ont commencé à s’agiter et à tourner autour de nous et prendre des photos. Ils ont attendu que nous soyons au niveau des allées de Ben-Boulaïd pour nous charger violemment. Ils ont arrêté Massil et deux autres personnes et les ont emmenés au commissariat tout proche. Ils ont, en outre, essayé en vain de nous enlever nos pancartes », conclut-il.
Les manifestants ont alors décidé d’arrêter leur marche vers le centre ville et de se rassembler devant le commissariat pour exiger la libération des manifestants arrêtés.
Après une heure ou deux d’attente, la police a fini par céder et libérer les personnes arrêtés.
Dans la soirée, Massil Djahara a publié sur sa page facebook un témoignage sur son interpellation violente accompagné de photos de lui torse nu où l’on voit des traces de bleus et d’hématome sur plusieurs endroits du corps.
Pour rappel, la police algérienne mène, depuis le 21 juin, une campagne contre les porteurs du drapeau amazighs qu’elle emprisonne pour « atteinte à l’unité nationale ». Mais cette campagne semble embarrasser de plus en plus le régime ; en témoigne l’ambivalence de la justice et la police dans son traitement des différents cas
Alors que les personnes arrêtées à Alger sont toujours en détention provisoire (on parle de 42 détenus d’opinion), d’autres personnes sont présentées devant le procureur de la république et acquittées. Et d’autres personnes encore sont tout simplement dépossédées du drapeau et relâchées.