Jeudi 22 novembre 2018
MBS, le prince héritier saoudien, attendu à Tunis et à Alger
C’est la réputation largement éclaboussée par le sang d’un journaliste que le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (MSB) tente de se refaire l’image.
Pour ce faire, rien de mieux que d’organiser des visites chez des pays « amis ». Ainsi, il a entamé jeudi aux Emirats arabes unis une tournée à l’étranger, sa première depuis l’affaire au retentissement mondial du journaliste saoudien Jamal Khashoggi sauvagement tué le 2 octobre au consulat de son pays à Istanbul.
Il a été accueilli par 21 coups de canon tirés à l’aéroport d’Abou Dhabi, la capitale des Emirats, proche allié de l’Arabie saoudite avec laquelle il apporte un soutien militaire au pouvoir au Yémen face aux rebelles, selon l’agence officielle WAM.
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Le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohamed ben Zayed Al Nahyane, et de nombreux responsables émiratis étaient également présents à sa descente d’avion, a précisé l’agence.
A Ryad, le cabinet royal a annoncé le départ du prince héritier pour une tournée effectuée sur « instruction » de son père, le roi Salmane, sans préciser les pays qu’il allait visiter.
Le roi est « soucieux de renforcer les relations du royaume aux niveaux régional et international » et de poursuivre « la coopération et les contacts avec les pays frères dans l’ensemble des domaines », a souligné le cabinet dans un communiqué.
Le prince héritier saoudien est attendu mardi en Tunisie, selon une source à la présidence tunisienne. Et le 6 décembre, il est annoncé à Alger.
Et en Turquie, le porte-parole de la présidence a indiqué jeudi que le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, et Mohammed ben Salmane pourraient se rencontrer la semaine prochaine en marge du sommet du G20 en Argentine.
Ce serait la première rencontre entre les deux hommes depuis le meurtre de Jamal Khashoggi, un critique des autorités saoudiennes.
Son meurtre a terni l’image du royaume, notamment du prince héritier, accusé par la presse et des responsables turcs anonymes d’avoir donné l’ordre de tuer le journaliste.
Si M. Erdogan n’a jamais ouvertement mis en cause le prince héritier, il a affirmé que l’ordre de tuer le journaliste émanait des « plus hauts niveaux » de l’Etat saoudien, tout en écartant la responsabilité du père du prince héritier, le roi Salmane.
Selon des médias américains, la CIA n’a plus de doutes sur la responsabilité de Mohammed ben Salmane dans le meurtre.
Mais le président Donald Trump a assuré mardi que l’agence américaine de renseignement extérieur n’avait « rien trouvé d’absolument certain », et réaffirmé son soutien aux dirigeants du royaume.
Après la position de M. Trump, « il est difficile de ne pas voir cette tournée régionale comme un tour d’honneur », a déclaré à l’AFP Kristin Diwan de l’Arab Gulf States Institute à Washington.
« Se rendre dans des pays amis oblige ces Etats à manifester leur soutien au prince héritier, et sert à rallier un soutien régional avant le G20 », selon elle.
L’affaire Khashoggi a poussé des pays occidentaux, dont l’allié américain, à imposer des sanctions à plusieurs suspects saoudiens.
Le procureur général saoudien a pour l’heure inculpé 11 personnes et requis la peine de mort contre cinq d’entre elles, mais a totalement dédouané le prince héritier.
Après avoir dans un premier temps nié la disparition de Khashoggi, Ryad a fini par reconnaître sous la pression internationale qu’il avait été tué dans son consulat à Istanbul lors d’une opération « non autorisée ».