Après une longue carrière consacrée à la défense des médias et des journalistes contre le harcèlement des autorités et sa mobilisation à côté d’autres robes noires pour l’assistance judiciaire des prisonniers d’opinion, l’éminent avocat Khaled Bourayou est décédé, ce samedi, à l’âge de 76 ans.
Khaled Bourayou a fait partie des collectifs qui ont défendu la presse qui avait ferraillé contre le système Bouteflika. Comme il a aussi fait partie de la défense des animateurs des arouchs pendant le printemps noir et de Mohamed Benchicou en 2004.
Me Bourayou laissera un héritage judiciaire et moral qui restera gravé dans la memoire de tous les démocrates de ce pays, des journalistes, des militants et défenseurs des droits humains qu’il a accompagnés dans les prétoires et à travers les tribunes qu’il avait publiées dans les médias tout pendant que le pouvoir avait encore toléré un semblant de liberté.
« Dans ses articles et interviews, il alimentait le débat sur les lois portant sur les médias et les droits des journalistes, et a appelé à des réformes radicales pour parvenir à une justice indépendante et une équité judiciaire qui soit à la hauteur des aspirations de la société.
Ses opinions sur le refus de la prolongation de la détention provisoire ont constitué une référence pour le débat juridique dans le pays et sont encore conservées dans les archives de la presse comme témoignage des batailles qui ont été menées dans ce pays pour les objectifs d’un « procès équitable », lit-on dans un hommage publié dans un média national.
« Un avocat émérite et farouche militant des causes justes (…) Nul n’ oublie son engagement pour la garantie des droits de la défense et, par là, les droits des justiciables.
Je garde de lui le souvenir impérissable d’un brillant avocat fortement convaincu par sa noble mission pour la défense des droits et libertés », témoigne l’avocate, Me Fetta Sadat.
Homme de loi rigoureux et compétent était bien plus qu’un avocat qui s’engageait pour la défense de ses clients. Militant et engagé pour la défense des libertés, il n’hésitait pas à mettre sa notoriété d’un ténor du barreau algérois au service de la liberté d’expression et l’émergence d’une presse libre dont l’existence, pensait-il, est nécessaie à la construction de l’État de droit, comme l’attestent ses prise de positions.
Farouche défenseur de la liberté d’expression et du journalisme indépendant, il s’élevera avec courage et fermeté contre le harcèlement des médias et des hommes de plume par le pouvoir politique, notamment sous Bouteflika, n’hésitant pas à se constituer et à accompagner devant les tribunaux, journalistes et journaux persécutés en raison de leurs articles audacieux ou de leurs positions et paroles critiques.
Rôle qu’il assumera, ces dernières années, quand il fallait défendre des journalistes et des prisonniers d’opinion et de leurs droits, croyant en la justice indépendante et en la nécessité de protéger les libertés fondamentales.
Khaled Bouayou s’était distingué aussi par sa présence dans les prétoires, en se constituant dans les grands dossiers de corruption, comme les affaires Sonatrach 1 et 2 et le procès des l’autoroute est-ouest.
Il a également été l’une des principales voix du barreau, lors des procès de responsables à l’époque du défunt président Abdelaziz Bouteflika, où il a exigé que la loi soit appliquée avec fermeté et équité, rejetant tout abus de pouvoir.
Il était également célèbre pour sa défense de l’ancien candidat à la présidentielle, Ali Ghadiri. Il a organisé plusieurs conférences de presse pour mettre en avant son cas.
« La justice et le combat pour la démocratie et les libertés, notamment la liberté de parole et d’information, perdent un immense défenseur », témoignera encore un citoyen sur le réseau social Facebook.
Yacine K.