Mardi 2 juin 2020
Message à Sonia, Hania, Mehdi, Athmane et Anis
Réunis tels les doigts d’une seule main dans le reportage Algérie, mon amour diffusé sur « France 5 » le 26 mai dernier (émission « Le Monde en face » animée par Marina Carrère d’Encausse), vous voilà aujourd’hui accusés d’être sortis des sentiers battus de l’unanimisme ronronnant, d’avoir osé porter un coup de poing aux idées reçues ou convenues, de fragiliser les fondations d’un Hirak mythifié et tournant à vide, d’alimenter (selon les propos de l’ambassadeur algérien à Paris) les « intentions malveillantes et durables de certains milieux qui ne souhaitent pas l’avènement de relations apaisées entre l’Algérie et la France», de véhiculer (via le montage d’un réalisateur franco-algérien prétendument comploteur et suspecté d’ « intelligence avec l’ennemi ») une pensée machiavélique hostile à la bienséance généralement admise.
Or, d’emblée condamnée par l’indignation collective, votre sincère contribution est certainement beaucoup moins malsaine que les menaçantes contorsions d’islamoconservateurs frustrés. Ne vous laissez pas intimider par un quelconque sentiment de culpabilité. Vous avez mon entier soutien et j’appelle à cette occasion l’ensemble de l’intelligentsia moderniste à monter au créneau afin de provoquer en Algérie les indispensables débats contradictoires. Je publierai à cet effet demain le texte (de sept pages) « Télescopages dans le sectarisme d’un Hirak à désacraliser ».
En attendant, j’invite les cinq innocents anormalement incriminés à écouter la chanson de Maxime Le Forestier La ballade des marguerites (1972) dont voici l’extrait préféré.
« J’ai connu le temps de la désespérance
Où l’on s’enlise un peu plus chaque jour,
Où, les yeux ouverts, on n’attend de la chance
Plus que la mort si ne vient pas l’amour »