Le roi du Maroc, Mohammed VI, a décidé de gracier plus de 4 800 agriculteurs faisant l’objet de poursuites ou condamnés dans des affaires de culture illégale du cannabis, a annoncé le ministère de la Justice, lundi 19 août 2024.
La décision prise par Mohammed VI intervient après la loi adoptée en 2021 encadrant les usages industriel et médical du cannabis dans le royaume, son premier producteur au monde, selon l’ONU.
Fin juillet, rappelons-le, le roi a gracié trois journalistes et un intellectuel. Pour autant, pas de grâce pour la centaine de détenus d’opinion du Rif, dont certains, comme Nasser Zefzafi, sont condamnés à 20 ans de prison, mais pour les cultivateurs du kif oui. Telle est la volonté du roi du Maroc.
Dans ce pays voisin, il est mieux d’être cultivateur de kif qu’opposant né dans les montagnes rebelles du Rif. Chez son voison de l’ouest, l’Algérie, Abdelmadjid Tebboune a pour règle de gracier les délinquants, mais jamais les détenus d’opinion. On a les valeurs qu’on peut.
Au Maroc, le roi Mohammed VI a gracié lundi soir plus de 4 800 personnes qui étaient recherchées, poursuivies ou condamnées dans des affaires de culture illégale du cannabis. Une décision annoncée par le ministère de la Justice et prise la veille de la fête nationale de la « Révolution du roi et du peuple ».
La grâce de ces quelque 4 800 agriculteurs, impliqués dans des affaires de culture illégale de cannabis, a pour objectif de leur permettre de s’intégrer dans la nouvelle stratégie lancée, selon le ministère marocain de la Justice. Cela après la légalisation partielle de la production du cannabis à des fins thérapeutiques.
Car le Maroc – premier producteur de cannabis au monde, selon l’ONU – a adopté une loi en 2021 pour encadrer les usages industriel et médical du cannabis : sa culture et son exploitation sont maintenant autorisées dans trois provinces rurales de la région du Rif, dans le nord-est du pays.
« Permettre à ces agriculteurs de vivre dans la sérénité »
Selon Mohammed El Guerouj, le directeur de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis, les grâces vont « permettre à ces agriculteurs et leurs familles de vivre dans la sérénité et la quiétude ». Cela alors que les petits producteurs vivaient depuis des décennies dans l’illégalité et sous la menace de se faire arrêter.
Cette grâce est donc « une étape importante » pour « l’élimination progressive de la culture illicite à travers la légalisation ou l’introduction de cultures alternatives », justifie Mohammed El Guerouj, dont l’agence a délivré 200 autorisations en moins de trois ans.
Avec Rfi