Vendredi 8 février 2019
Mohand Aïmeur, un poète kabyle sur la butte Montmartre
Etre poète au naturel, sans artifice, sans effort, est un privilège que les muses distribuent avec parcimonie parmi les artisans du beau verbe.
Mohand Aïmeur fait partie de cette lignée d’élus qui vous déclament un poème dans la spontanéité de la tradition orale kabyle à l’exemple de ces illustres maîtres du genre tels Si Mohand U M’hand, Youcef U Kaci, Youcef U Lefki ou Cheikh Mohand U Lhocine. Sa poésie coule de source et n’a nul besoin d’une longue et studieuse élaboration.
Elle procède d’une puissante sensibilité et d’une maîtrise de la langue, pétries dans le fond culturel populaire. Elle est authentique. Les vicissitudes de sa propre existence et celles de ses semblables lui offrent un vaste champ fertile où il plante sa graine poétique pour une moisson d’amour et d’espoir. Ses poèmes sont des hymnes à la vie et à la liberté qui rythment sa respiration.
Tantôt lyrique, parfois un peu philosophe ou engagé dans le combat des siens contre l’arbitraire et l’oppression, il déroule son récit… notre récit, avec des mots brodés d’amour et de sagesse. Chaque jour lui apporte son lot d’émotions traduites en vers ciselés dans une sonorité harmonieuse. Nous l’avons découvert sur la butte Montmartre où il gère un charmant petit restaurant qui accueille de nombreux touristes venus des quatre coins du monde. On y parle des langues diverses dans une ambiance calfeutrée mais conviviale et ouverte sur le monde.
Entre deux clients, Mohand Aïmeur compose ses vers simples et mélodieux en écoutant des chansons kabyles. Ce jour-là, c’est Matoub qui passe en boucle. Ses mélodies emplissent l’atmosphère et laissent pleuvoir des nostalgies. Notre poète se transporte dans les limbes et le temps d’un service, le poème est servi.
M. G.