Site icon Le Matin d'Algérie

Mon ami, l’écrivain Aziz Chouaki, n’est plus

TEMOIGNAGE

Mon ami, l’écrivain Aziz Chouaki, n’est plus

Aujourd’hui, mardi 16 avril en fin d’après-midi, mon portable a sonné et Mohamed Kacimi m’a dit sans prendre de précaution : « Kamel, renseigne-toi auprès de Yasmine, je crains que Aziz Chouaki ne soit parti.»

J’ai appelé plusieurs fois le numéro en ma possession et sa fille vient de m’indiquer que mon ami Aziz nous a quittés. Décrire le chagrin de ceux qui l’ont connu et aimé est si difficile.

Notre dernier contact remonte à une semaine à peine. Chargé par les éditions Frantz Fanon de contacter des amis écrivains pour un livre collectif sur les formidables événements qui se passent en Algérie, Aziz me répond dans le texte : «C’est chaud question temps mais je m’y colle. »

J’étais heureux de savoir que je serai entouré, dans ce livre, par des amis comme Hedia Bensahli, Mohamed Kacimi et Aziz Chouaki. Puis quelques jours plus tard, Aziz m’envoie un courriel dans lequel il me dit : 

«Mon cher Kamel, tu vas m’en vouloir beaucoup et tu as raison car je ne suis pas en mesure d’assumer ma mission, écrire le texte et ceci pour des raisons multiples.

Bref, je suis triste et j’espère que tu ne m’en voudras pas trop.

Je reste à ton entière disposition t’embrasse et souhaite bon vent à notre formidable pays.

Bien des bises.

Aziz»

J’ai été déçu mais je ne lui en ai pas voulu du tout connaissant son état de santé.

Aziz Chouaki est décédé ce mardi 16 avril 2019. Il devait fêter ses 68 en août prochain. Il est l’auteur d’une œuvre foisonnante de recueils de nouvelles, de romans, de pièces de théâtre (dont la plus célèbres, Les oranges). Et Esperanza, pièce majeure sur les jeunes harragas qui traversent la Méditerranée sur des rafiots de fortune et qui jouent leurs vies. Elle été jouée aux Abbesses en 2018 et Le matin d’Algérie a rendu compte.

Aziz Chouaki est aussi musicien et il aimait mettre en avant cette facette de sa personnalité.

Il était arrivé en France en 1991 lors des premières atteintes aux personnes par les islamistes des GIA et du FIS parce que son nom était sur les listes des intellectuels menacés. Il s’exile de son pays et se réfugie dans l’écriture qui sera le pays où il se réfugiait par gros temps.

De son premier roman Argo publié à Alger en 1982 jusqu’à sa dernière production, Nénesse, jouée au théâtre Dejazet en 2018, que de trajet parcouru, que de joies offertes…

La littérature algérienne a, à l’évidence, perdu un de ses meilleurs représentants.

Auteur
Kamel Bencheikh

 




Quitter la version mobile