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Mort de Nahel à Nanterre : les autorités françaises craignent l’«embrasement»

Les tensions restent vives au lendemain de la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi 27 juin lors d’un contrôle de police à Nanterre, en banlieue parisienne. Plusieurs personnalités ont exprimé leur vive émotion après la mort de Nahel. 

Les autorités françaises appellent au calme et craignent un « embrasement », après les émeutes qui ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villes de France.

Nahel, adolescent de 17 ans, a été tué par la police mardi 27 juin après un refus d’obtempérer. Les faits ont été filmés par un passant, la vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux a provoqué une vive émotion et de nombreuses réactions.

De nombreux rappeurs ont notamment réagit à la mort de Nahel. « Une pensée pour Naël (sic) #Nanterre », a écrit sur Instagram le plus gros vendeur du rap tricolore, Jul. Le Marseillais de 33 ans a accolé à son message un poing levé et une colombe. L’autre star du rap marseillais, SCH, s’est également exprimé sur Twitter, disant apporter « tout (s)on soutien » aux proches de Nahel ainsi qu’à « nos quartiers ».

Mercredi matin, le capitaine de l’équipe de France de foot Kylian Mbappé a également exprimé sa colère, qualifiant l’incident d’« inacceptable ». « J’ai mal à ma France », a-t-il encore écrit.

« Mes pensées et prières vont à la famille et aux proches de Naël (sic), mort à 17 ans ce matin, tué par un policier à Nanterre. Qu’une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant », a également réagi l’acteur Omar Sy.

Dans le contexte de forte émotion et de violences dans plusieurs villes françaises, le gouvernement a lancé un « appel au calme » pour éviter un embrasement dans les banlieues défavorisées où la mort d’adolescents a souvent été le détonateur d’émeutes urbaines. « Il faut du calme partout parce que nous n’avons pas besoin d’avoir en effet un embrasement », a déclaré le chef de l’État.

Emmanuel Macron exprime « son émotion »

Depuis Marseille, mercredi en début d’après-midi, Emmanuel Macron a appelé au calme et a dénoncé un acte « inexcusable » et « inacceptable ». Le président a exprimé son « émotion », lors d’une prise de parole attendue. « La justice a été immédiatement saisie. Je souhaite qu’elle fasse son travail dans le calme, que ce travail requiert pour que la vérité puisse être faite dans les meilleurs délais et que, évidemment, nous soyons tous informés et que la justice passe », a déclaré le président en déplacement à Marseille.

L’exécutif reste cependant extrêmement prudent alors que la mort Nahel enflamme la classe politique. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a qualifié les images montrant l’intervention de police « d’extrêmement choquantes ». Le ministre a, en même temps, dénoncé et condamné les violences de la nuit dernière en appelant au calme. Le gouvernement redoute l’embrasement de la situation alors que la nuit dernière, des violences ont éclaté entre policiers et jeunes, dans plusieurs villes de France.

L’intervention policière «manifestement pas conforme aux règles», estime Borne

De son côté, la Première ministre Elisabeth Borne a mis en cause l’intervention de la police à l’occasion des questions au gouvernement au Sénat. « Les images choquantes, diffusées hier, montrent une intervention qui ne semble manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre », a déclaré la Première ministre.

« Aujourd’hui, il y a un choc, un deuil, une colère. C’est à la justice d’y répondre. Je connais l’engagement de nos policiers et de nos gendarmes au quotidien sur le terrain. Ils savent que porter l’uniforme, c’est répondre à un devoir, celui de l’exemplarité. Les images choquantes, diffusées hier, montrent une intervention qui ne semble manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre. Nous voulons la justice pour Nahel et nous l’obtiendrons, mais elle doit être rendue de manière pacifique. Ces mots sont ceux du maire de Nanterre, Patrick Jarry. Je veux les saluer et avec vous aujourd’hui, je m’y associe », regrette Elisabeth Borne, première ministre

Une minute de silence à l’Assemblée nationale

Députés et membres du gouvernement ont observé ce mercredi 28 juin une minute de silence dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, en hommage à Nahel. « Le décès du jeune Nahel, âgé de 17 ans, survenu hier à Nanterre suscite une forte émotion dans le pays. Il conviendra de faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame », a déclaré quant à elle la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, en invitant à cette minute de silence « en mémoire de Nahel, en soutien à ses parents, et à ses proches ».

Une bataille rangée

C’est une bataille rangée qui a débuté dans le monde politique. D’un côté, il y a la droite, l’extrême droite et une partie du camp présidentiel qui rappellent que le drame est, selon elles, d’abord dû au refus d’obtempérer du jeune homme décédé et qui soutiennent les forces de l’ordre. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, évoquait ce matin « les blessures psychologiques » du policier qui a tiré. De son côté, Marine Le Pen estime que les propos d’Emmanuel Macron sont « très excessifs » et « irresponsables ». « Est-ce que l’acte est inexcusable ? Est-ce qu’il est inexplicable ? C’est à la justice de répondre », a fait valoir la candidate malheureuse à la présidentielle. « Le président est prêt à oublier les principes constitutionnels pour tenter d’éteindre un potentiel incendie », a insisté la patronne des députés RN.

« Je suis étonnée de voir que de hauts dirigeants politiques et en premier lieu le président de la République ne laissent pas à la justice le soin de faire son travail. Car les propos tenus par le président de la République sont très excessifs et je trouve irresponsables. Est-ce que l’acte est inexcusable, c’est à la justice de répondre… », déclare la patronne des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen

Pour la gauche et les écologistes, ce drame est « insupportable » et dénoncent de leur côté un problème de doctrine policière. Les tirs et les morts lors de refus d’obtempérer sont en effet en forte hausse depuis la réforme législative de 2017. « C’est une américanisation de la police » a déploré ce matin la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, Marine Tondelier. Le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon avait lui appelé hier soir à « entièrement refonder » la police. « La question, c’est d’essayer d’enrayer cette spirale de violence qui, au final, ne se retourne que contre les quartiers, contre les équipements, contre tous ceux qui vivent, qui travaillent et qui étudient. Nous ne lâcherons pas. Je pense que dans ce pays, nous disposons de suffisamment de moyens pacifiques pour faire entendre notre message. Nous voulons la justice pour Nahel et nous l’aurons, c’est un engagement », a réagi, de son côté, le maire de la ville, Patrick Jarry (Divers gauche).

Gérald Darmanin va saisir la justice après un tweet du syndicat France Police

Gérald Darmanin a annoncé qu’il allait saisir la justice après un tweet, supprimé depuis, du syndicat France Police, proche de l’extrême droite, justifiant la mort de Nahel, tué mardi à Nanterre par un policier après un refus d’obtempérer.

« #Nanterre Bravo aux collègues qui ont ouvert le feu sur un jeune criminel de 17 ans. En neutralisant son véhicule, ils ont protégé leur vie et celle des autres usagers de la route. Les seuls responsables de la mort de ce voyou sont ses parents, incapables d’éduquer leur fils », avait tweeté mardi 27 juin l’organisation, qui n’a recueilli que 3,06% des voix aux élections professionnelles fin 2022.

« Le groupuscule France Police, qui n’est en aucun cas un syndicat représentatif de la police nationale (…), a publié un tweet inacceptable et abject », a réagi le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Gérald Darmanin a demandé qu’un signalement soit effectué sur la plateforme Pharos et va saisir le procureur de la République de Paris au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Le ministre de l’Intérieur a également demandé à ses services « d’étudier les modalités d’une dissolution de ce groupuscule », poursuit Beauvau.

Le dirigeant de France Police, Bruno Attal, a été révoqué de la police à la demande de Gérald Darmanin, une décision adoptée en conseil de discipline le 9 mars dernier, rappelle l’Intérieur.

Avec AFP

 

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