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Mort de Sonallah Ibrahim, icône de la littérature arabe et conscience critique de l’Égypte

Sonallah Ibrahim

Sonallah Ibrahim

La littérature arabe et égyptienne en particulier perdent l’une de leurs figures les plus libres. L’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim est décédé au Caire, le 13 août 2025, à l’âge de 88 ans, après une longue maladie.

Auteur majeur de la seconde moitié du XXᵉ siècle et du début du XXIᵉ, Sonallah Ibrahim a façonné une œuvre où se mêlent rigueur littéraire, regard lucide et refus de toute compromission.

Né au Caire en 1937, il s’impose par un style épuré, proche du documentaire, qui en fait un témoin incisif des bouleversements politiques et sociaux en Égypte et dans le monde arabe. Ses livres, traduits dans plusieurs langues, comptent parmi les plus marquants du roman arabe contemporain : Beirut, Beirut (1984), Charaf (1998), Zaat (1992) ou encore Le Comité (1981). Adapté à la télévision en 2013, Zaat a trouvé un écho singulier auprès de la jeunesse égyptienne après le Printemps arabe.

Sa trajectoire est indissociable de ses engagements. Emprisonné cinq ans sous Nasser pour ses convictions de gauche, il publie en 1966 Cette odeur-là, roman longtemps censuré.

En 2003, il refuse un prix littéraire offert par le régime Moubarak, dénonçant la corruption et la complaisance du pouvoir vis-à-vis d’Israël en pleine deuxième intifada.

Satiriste de la bureaucratie, chroniqueur de l’ordinaire et témoin intransigeant de son époque, Sonallah Ibrahim laisse un héritage littéraire et moral qui continuera d’inspirer les voix libres du monde arabe.

Djamal Guettala

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