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Mort ou déportation d’un député algérien hors  genre ?

APN

Lorsque j’ai lu cette information sur les paroles d’un député algérien appartenant au RND, je ne savais plus s’il fallait s’écrouler de rire, entrer en rage, s’indigner jusqu’à l’étouffement ou entrer dans le silence de la stupéfaction.

Mon Algérie, celle où j’ai grandi, celle qui m’avait donné toute l’instruction et l’ouverture d’esprit est menacée de nouveau par la descente aux enfers des ténèbres que certains voudraient de toutes leurs forces.

Nous avons connu une décennie noire où la force des lumières de beaucoup lui a évité le pire mais il semble que la vigilance doit perpétuellement nous animer. Nous n’avons pas été engloutis mais la porte des ténèbres est encore grande ouverte.

Menacer de la peine de mort les transgenres est tout simplement d’une autre époque. Tout d’abord parce que la barbarie d’exécuter un être humain au nom de la loi est à peu près éradiquée dans le monde.

Puis ensuite parce que la liberté de son choix dans les orientations de genre est aujourd’hui acceptée dans la plupart des esprits libres et tolérants. Cependant, toute opinion contraire à ces deux positions est libre. Aucun démocrate, dont j’essaie de faire partie depuis plus de soixante ans, ne peut interdire les opinions.

Chacun est libre de juger la transition transgenre comme hors de la nature, étrange, dangereuse ou interdite par les convictions morales et religieuses. Mais à menacer de la peine capitale, c’est tout simplement sortir de la communauté humaine.

Je n’ai absolument pas cette orientation de genre et très probablement j’aurais été décontenancé, perplexe et inquiet si cela aurait été le cas d’un ou d’une proche. C’est naturel mais il faut prendre sur soi un choc et avoir le courage et la force de le surmonter et de garder l’amour et le respect d’une personne qui a fait ce choix. C’est pour cela que je tourne le dos à cette déclaration d’une personne que je n’ose appeler un député. 

Dans ces affaires nous savons que le boomerang peut toujours revenir percuter ceux qui pensent l’avoir lancé si loin qu’il en disparaîtrait. Nous avons connu tant de violents partisans de l’ordre moral qui ont découvert ou détourné les yeux sur une réalité proche. Elon Musk, l’un des plus outranciers combattants contre la déviance, comme l’appelle la communauté d’extrême droite, est certainement guidé par la blessure engendrée par la transition transgenre de son fils aîné. Pourquoi veut-il nous faire subir la violence de son drame, pour autant qu’on le définisse comme un drame ?

L’Algérie a d’immenses défis à relever pour qu’elle se leste de telles outrances autant inacceptables que monstrueuses. S’imagine-elle emportée par des idées d’une immense dangerosité et revenir au début de la décennie noire ? Si certains le souhaitent, ils ne doivent cette fois-ci avoir aucune chance d’y parvenir n’y même de s’approcher d’une tentative de la sorte. Nous avons pris leçon (je l’espère) de ceux qui se sont approchés de la porte des enfers à travers laquelle ils voulaient nous faire basculer.

La déclaration de ce député n’est pas mon Algérie et ses opinions ne font pas partie de l’humanisme et du progrès de l’esprit. Je l’ai déjà dit, pour ma part je me compromettrais jamais  en proposant l’interdiction de telles paroles mais je milite pour les encadrer de notre vigilance et ne pas condamner l’avenir de mon pays.

Je n’interdis rien, je combats.

Boumediene Sid Lakhdar

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