Le mouvement Nida 22, initiative citoyenne indépendante issue du Hirak, a rendu publique la déclaration suivante.

L’année 2020 a été une année difficile pour les Algériennes et les Algériens à cause de la pandémie du Covid-19, la détérioration grave des conditions sociales et économiques, et l’échec prévisible du régime à gérer et trouver de vraies solutions à la crise.

Cette crise sanitaire les a poussés à suspendre de manière volontaire et temporaire leurs marches pacifiques et massives. Ces marches ont duré treize mois, sans interruption, dans l’objectif de concrétiser un changement radical et d’édifier un régime civil et démocratique qui respecte les droits humains, répond aux aspirations du peuple à la justice, lui garantit ses libertés fondamentales et lui permet de vivre dignement. 

Les Algériens et les Algériennes sont convaincus qu’ils n’ont pas encore réalisé l’objectif pour lequel ils se sont mobilisés, et qu’il est toujours possible de réaliser les objectifs du Hirak et de protéger le pays et sauver l’État.

Aujourd’hui, il est clair que l’agenda politique unilatéral, mis en œuvre depuis les élections formelles du 12 décembre 2019, imposées par le régime et rejetées par le peuple, est une voie sans espoir. 

Le régime illégitime a promulgué un nouveau texte constitutionnel qui a été rejeté politiquement et boycotté massivement par les Algériens lors du référendum insensé tenu le 1er novembre, malgré la pandémie et sans égards à la santé et à la sécurité des Algériens.

Le régime se prépare à organiser des élections législatives obéissant aux mêmes règles et utilisant les mêmes instruments. Ces élections seront rejetées par le peuple, car elles perpétuent le recyclage d’un régime qui espère renouveler sa base clientéliste alors qu’il est embourbé dans une crise sociale et économique, aggravée par la maladie d’Abdelmadjid Tebboune et ses absences répétées. 

Face à cette obstination, les Algériennes et les Algériens refuseront tout processus électoral sous la tutelle du régime.

Tout processus électoral sera rejeté à moins qu’il soit un véritable outil de changement dans le cadre d’un processus de transition indépendant du régime qui permet au peuple d’exercer sa souveraineté, de rédiger sa constitution et de construire ses institutions.

Aucun régime ayant perdu la confiance du peuple ne peut sérieusement prétendre faire face aux défis auxquels l’Algérie est confrontée sur les fronts intérieurs et extérieurs. 

La justice sélective et non indépendante et le fait que le pouvoir militaire libère et acquitte certains de ses anciens symboles montrent à quel point il est préoccupé par ses équilibres internes, tout en poursuivant sa feuille de route sécuritaire contre la volonté du peuple de réaliser la transition démocratique.

La poursuite de la politique d’escalade contre la détermination des Algériens à changer le système de gouvernance est une obstination dangereuse qu’il est nécessaire d’arrêter immédiatement en garantissant les libertés, en respectant les droits et libertés et en abolissant toutes les mesures qui leur sont contraires, y compris les représailles maquillées sous la forme de procédures judiciaires. 

Le 22 octobre 2020, Nida-22 a assumé la responsabilité d’une coordination de l’expression politique entre des acteurs du Hirak, fidèles au principe du changement radical, en Algérie et parmi la diaspora. Nida-22 organise des discussions et des débats dans les wilayas, les régions et au sein de la diaspora afin d’engager, d’incarner et de contribuer à réaliser les objectifs des marches populaires, suspendues de manière volontaire et temporaire. 

Nida-22 aspire à organiser une conférence nationale inclusive regroupant tous les « hirakistes » dans le but de s’entendre sur une feuille de route politique et d’adopter un contrat pour une transition démocratique indépendante du régime. 

L’échec du régime n’est pas une victoire pour le mouvement populaire pacifique sauf s’il devient une nouvelle opportunité pour avancer sur la voie du changement. Dans la crise actuelle, l’Algérie a plus que jamais besoin de démocratiser son système de gouvernance afin de consacrer la souveraineté populaire, la citoyenneté et les libertés fondamentales. 

En attendant le retour impératif, proche et en force des marches populaires, Nida-22 appelle les Algériennes et les Algériens à rester mobilisés de manière pacifique tant au niveau local, régional et dans tous les secteurs socioprofessionnels pour forcer le régime à : 

• Reconnaître l’échec patent de sa feuille de route politique unilatérale et non démocratique qui a poussé le pays vers l’impasse et fait perdre au peuple toute confiance dans l’avenir. Son départ est absolument inévitable et nécessaire pour sauver le pays ; 

• Arrêter la répression, libérer immédiatement et sans condition les détenus d’opinion et du Hirak et les réhabiliter ;

• Rendre effectif immédiatement l’exercice des droits et des libertés collectives et individuelles, ouvrir les champs politique, syndical, associatif et médiatique, et respecter le droit de manifestation pacifique, le droit de réunion, le droit à liberté d’expression et la liberté de la presse ; 

• Se soumettre immédiatement à la volonté populaire de réaliser un changement radical et une transition démocratique, ordonnée et indépendante qui consacrent la pleine légitimité du peuple et sa souveraineté constituante sur l’État.