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Non à l’humiliation !

DISSIDENCE CITOYENNE

Non à l’humiliation !

Par sa récente sortie, Bouteflika envoie tout le monde balader et compte rester encore au pouvoir. Jusqu’à quand ? Personne ne le sait. Une constitution faite par celui qui viole les constitutions ?

Une conférence nationale organisée par celui qui a miné les partis d’opposition, consacré le culte de personnalité, facilité la corruption dans un système déjà corrompu ? De toute façon, la nouvelle aurait pu passer pour une blague ou un canular  publié par des  journaux satiriques tels « El Gorafi », « Le Canard enchaîné » ou « El-Manchar », mais non, c’est la triste réalité algérienne en ce mois de mars 2019 !

A un ancien notable de la nomenklatura algéroise, en l’occurrence Mohamed Chérif Messaadia, pur apparatchik du FLN et inventeur du fameux article 120, à qui l’on avait demandé un jour en 1999 les vrais desseins de cet affidé du clan d’Oujda, il répondit non sans un brin d’humour : « Bouteflika, c’est d’El-Mouradia à Al-Alia, sans escale! » Cela résume tout des réelles intentions de l’homme, un fin manœuvrier qui fut à l’origine du putsch de 1965 contre Ahmed Ben Bella, le premier président de l’Algérie indépendante.

Ce dernier, raconte-t-on, n’aurait pu être renversé, en si peu de temps, si Bouteflika n’avait pas signé son acte de mort avec Boumédiène, trois jours seulement après la conclusion le 16 juin 1965 d’un accord historique entre le FLN et le FFS pour l’avènement du bipartisme en Algérie.

Ce fut  d’ailleurs son premier coup de force contre la démocratie et cela ne semble pas s’arrêter depuis. A quatre-vingt-deux ans, sénile, se déplaçant sur un fauteuil roulant en raison d’un AVC qui l’empêche même de parler avec ses interlocuteurs, il s’accroche encore au pouvoir, sabotant les rêves de quarante  millions d’Algériens.

Pire, après trois semaines de manifestations populaires grandioses contre le cinquième mandat et le système dans son ensemble, il s’accorde de façon machiavélique  un sursis, en promettant de mener dans un délai record des réformes qu’il n’avait jamais pu mettre en place pendant ses vingt ans de règne ! Tout cela dans la plus grande opacité. Faisant fi de toute règle constitutionnelle et signifiant le plus grand mépris envers son peuple, il ne compte jamais lâcher le morceau, au grand dam de nos jeunes poussés, pour la majorité d’entre eux, à quitter leur pays sans espoir de retour, par des embarcations de fortune, faute de perspectives et d’avenir.

En même temps, il ne se rend pas compte que, dans l’autre rive de la Méditerranée, des officiels français s’attendent déjà à un afflux migratoire sans précédent, à cause de son entêtement à rester au pouvoir envers et contre tous. L’Algérie étant, hélas, gérée comme une propriété privée par des mains invisibles cachées derrière les rideaux !

Au-delà de ce décor grand-guignolesque que l’on prépare aujourd’hui  pour une jeunesse fatiguée d’un système rétrograde et verrouillé, il y a comme une volonté de revanche contre l’Algérie et les Algériens. Tout cet aréopage de personnalités tournant dans l’orbite du régime n’est-il pas connu par les nôtres pour sa voracité, sa servilité et son larbinisme outrancier? Bien sûr que oui !

Des personnalités qui étaient là depuis au moins quarante ans, en train de profiter des largesses du système, de recycler les mêmes recettes, de répéter les mêmes stéréotypes, de véhiculer les mêmes discours, avec la même méthode de manipulation, de magouille et de rapine. Comment peut-on alors  leur faire confiance ? Comment peut-on croire à un sursaut de lucidité ou de bon sens de leur part ? C’est presque de l’impossible. Le réveil algérien est avant tout un coup de grâce pour tous ces cancres sans scrupules qui nous ont humiliés parmi les autres nations. Marchons enfants de la patrie pour dire : Basta ! Basta !      

Auteur
Kamal Guerroua

 




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