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Non Messieurs, l’Algérie nouvelle ne serait pas celle des harragas !     

REGARD

Non Messieurs, l’Algérie nouvelle ne serait pas celle des harragas !     

Si les Algériens ont repris confiance en eux-mêmes après la révolution du sourire qui les a hissé au sommet, aux yeux de tous les peuples de la planète, la situation aujourd’hui semble plus préoccupante que jamais sur plusieurs plans. 

D’abord, côté économie, les choses n’évoluent pas dans le sens souhaité. Les miens ne sont pas du tout rassurés quant à l’efficacité de la stratégie économique aux contours flous du président Tebboune pour sortir du bourbier. Cette stratégie de « ni planche à billets ni endettement extérieur », avec en toile de fond, une grave crise sanitaire dont ils ne voient pas l’issue, n’est pas pour apaiser le citoyen lambda de Bab El Oued, d’Azazga, ou d’In Salah.

Il est presque impossible, pensent la majorité des Algériens, de s’en sortir en pareille circonstance, très difficile sur le plan des finances, alors que le régime n’a pu rien faire lorsque le baril du pétrole fut à plus de 100 dollars! Le fait que les bureaux de postes d’Algérie manquent de liquidités à la veille de la fête de l’Aïd, un moment de communion très symbolique, en dit long sur l’incapacité de nos responsables à gérer, à planifier et à prévoir les crises.

En ce sens, le new-look de l’Algérie, version Tebboune, n’a rien de différent ni d’exceptionnel par rapport à celui « old-fashioned », comme disent les Anglais, de son prédécesseur « déchu ». Ensuite, le maillon manquant dans la relation élites-peuple, n’a pas été ressoudé.

Les masses, en pleine révolution pour la reconquête de leur « souveraineté » usurpée, sont restés au milieu du gué, sans réponses concrètes à leurs revendications légitimes, alors que le pouvoir qui parle à grand fracas de J.T de l’ex-Unique, de l’Algérie nouvelle est, paraît-il, en train de jouer un numéro d’équilibriste de « démocrature » (ni démocratie réelle ni dictature franche, mais un mélange hétéroclite contre-nature entre populisme, islamisme, répression et « réformes démocratiques »), pour apaiser une rue en rage, dans l’attente de faire sa restructuration.

Autrement dit, la revendication du changement du système est, de toute apparence, renvoyée aux calendes grecques. Jusqu’à quand ? Là, il va falloir reposer la question aux joueurs de tarots, ils en sauront, peut-être, quelque chose!  

Cela est d’autant plus « humiliant » pour les masses que celles-ci s’interrogent avec lucidité sur le pourquoi de l’empressement de leurs élites à discuter une mouture de Constitution en pleine pandémie de Covid-19, alors qu’elles refusent de discuter les modalités du départ d’un système rentier, gérontocratique, haï, vermoulu, hors-service.

Où se pose le problème, ironisent les miens : est-ce dans le régime en place, la Constitution ou dans son application? Les plus fûtés d’entre eux répondant, non sans une pointe de désillusion : commençons d’abord par changer ceux qui nous ont concocté les précédentes Constitutions, ayant permis à vieux malade, atteint d’AVC, de rester au pouvoir, assis sur un fauteuil roulant. Une fois cette étape franchie, la suite viendra seule !

Le troisième élément, c’est le contexte régional presque explosif, exploité d’en haut, pour redynamiser une diplomatie à l’arrêt depuis plus d’une décennie. Le clan Bouteflika qui a géré le pays en mode « pilotage automatique », a laissé un vide sur le plan international, que l’Egypte et la Turquie, deux géants militaires, ont exploité dans le dossier libyen. Ce dossier stratégique, en théorie du ressort de l’Algérie qui partage, pour rappel, plus de 982 kilomètres avec son voisin de l’est, semble échapper à notre diplomatie en période de convalescence.

L’équipe Tebboune nage, paraît-il, en vase clos, non seulement sur le front diplomatique, mais aussi sur le front social. Qu’elle descende dans la rue pour voir les déboires d’un couple algérois qui habite un F2, avec quatre enfants à charge, dont le père chômeur de son état, n’a pas bossé au noir depuis quatre mois de confinement. Quelle horreur mon Dieu! Je n’y ajouterai rien! 

La recrudescence du phénomène des harragas, avec l’arrivée, il y a deux jours, en une seule nuit, de plus de 400 migrants clandestins sur les côtes ibériques, trouve son explication dans cette grande désillusion des jeunes algériens. Faut-il que je le répète encore pour la énième fois en ce papier : nos jeunes veulent travailler, rêver, s’amuser, respirer dans leur pays.

Nos jeunes veulent une Algérie de jeunes, une Algérie où ceux qui ont dépassé 60 ans seront mis d’office à la retraite et n’occuperont jamais un haut poste de responsabilité, d’où ils leur parlent avec mépris de l’Algérie nouvelle, avec le logiciel périmé des années 1970.

Nos jeunes veulent une deuxième République, construite avec du bois neuf, où le dessein du feu Abdelhamid Mehri (le FLN devrait être remisé au musée), serait une réalité. Ils en ont marre des discours et des tournures de phrases : ils veulent du concret, du concret, du concret…

Auteur
Kamal Guerroua

 




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