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Nos rues grondent d’un seul cri, notre dignité pèse plus que la peur et vos chkarates !

TRIBUNE

Nos rues grondent d’un seul cri, notre dignité pèse plus que la peur et vos chkarates !

Et voilà le peuple qui se rappelle à leurs bons souvenirs. A qui ? à tous les fieffés réactionnaires qui l’affûblent du quolibet de ghachi et autres insanités dont ils ne connaissent pas l’histoire.

Oui, oui les mots ont une histoire. Le refoulement de quelques vérités de l’humanité explique l’inculture de la caste de ‘’l’élite’’ quant à l’histoire de l’esclave Spartacus qui défia les Légions romaines, celle de la reine de France Marie Antoinette qui voulait calmer la faim du peuple en lui offrant de la brioche, celle de la mésaventure du Tzar de toutes les Russies dégagé de son palais d’hiver et enfin le cas des inattendus Gilets Jaunes qui perturbent la grasse matinée du samedi de la France des ‘’gagnants’’.

Et voilà que l’Algérie, le 22 février 2019 a étonné beaucoup de monde en s’ajoutant à cette liste des surprises de l’histoire. Ceux qui se laissent surprendre par des faits historiques, ce sont toujours les mêmes, ceux qui croient que le peuple est toujours corvéable à merci, que l’on peut le diriger en lui offrant une carotte le jour et la nuit en usant contre lui un gros bâton. Ils ont évidemment oublié que ce sont les peuples qui font l’histoire.

Ailleurs par exemple dans la France des Gilets jaunes, tout le monde revendique son appartenance au peuple et ce monde-là reconnaît que les Gilets jaunes posent de vraies questions. Jusque-là ces ‘’élites’’ étaient fiers de détenir la science et faisaient tout pour se démarquer de la ‘’populace’’ comme ils aiment le dire. Hélas, ce monde-là a fait des petits chez nous ! Certains veulent accompagner le peuple, suggèrent qu’il vaut mieux avoir conscience d’appartenir à sa communauté que d’avoir une conscience politique (1). Traduction, el ghachi est renvoyé à la foultitude et doit être accompagné (c’est écrit noir sur blanc) par les intellectuels qui connaissent la voie à suivre. (2).

Mais quand allons-nous lâcher les baskets à ce peuple et cesser de le bassiner avec des notions politiques mal digérées, notions qui battent de l’aile dans cette France qui a refoulé la Commune de Paris mais se voit obligée de parler aujourd’hui de notions Référendum Initiative Citoyenne (R.I.C), de justice sociale, de démocratie directe etc… Avant de s’autoproclamer de la communauté de ‘’l’élite’’ et porte-parole de la société, on devrait savoir que la fonction de porte-parole s’acquiert par la légitimité de la lutte. Modestement un intellectuel produit des connaissances  à faire partager à la société mais ne s’arroge point de  privilèges sur le terrain politique qui le placerait sur un piédestal…

Mais oublions l’histoire de ces ‘’élites’’ qui à toutes les époques et partout dans le monde s’adonnent à de petites trahisons et aux jeux de l’opportunisme quand surgissent où éclatent révoltes et bouleversements sociaux.

Ce qui s’est passé le 22 février 2019 chez nous, c’est un acte qui renoue avec une tradition d’un peuple qui se soulève à chaque fois que sa dignité est bafouée. Il s’est soulevé contre la France dont les ‘’ethnologues’’ et autres ‘’psychiatres’’ le classaient dans une catégorie humaine qui porterait la violence dans ses gênes.

que j’ai lu Franz Fanon, chaque fois que je lis une analyse socio-politique qui se fonde sur les gênes et la biologie, je tire la chasse d’eau sur ces écrits nauséabonds. Et c’est toujours au peuple à qui on demande de ne pas utiliser la violence ! Mais les peuples sont calmes et pacifiques tant qu’on ne les insulte pas et qu’on ne les empêche pas de respirer. C’est du reste l’ONU elle-même qui reconnaît dans sa charte le droit des peuples à la résistance et à l’autodétermination (3).

Les soulèvements chez nous, nous en connaissons les ingrédients qui les ont fait germer et nous voyons les résultats engrangés dans cette longue marche initiée en 1980, 1981, 1988, 1991, 2001. Ces dates sont désormais installées dans nos mémoires. Ni le débouze, ni les murs des forteresses n’ont pu nous interdire d’accéder au jardin où fleurissent les couleurs de l’espoir. Ce 22 février les cris de rage et d’espoir des citoyens ont résonné dans toutes les villes et villages du pays pour dire NON, pour refuser de s’engouffrer dans une sorte de trou noir où n’existent ni l’espace ni le temps. 

L’espoir, ce mot du cœur dont la fraîcheur arrose l’esprit des gens, semblait jusqu’ici refuser de rendre visite à ce peuple qui afficha son sourire le jour de l’indépendance. Depuis cette époque, les mots de ces cœurs se sont vu imposer des coups de matraques en cas de caresse de la moindre brise printanière que la paranoïa ambiante voit en cette brise une tempête qui va tout balayer. Ce 22 février de l’An 2019, l’espoir a soufflé sur le pays et a ouvert la voie pour se débarrasser de la peur des tyrannies qui l’assaillent. Ici la forteresse de l’ignorance, là celle de la basse politique, ailleurs le mal être de la misère et de la frustration qui vieillit les corps et brouille les imaginaires. Sont-ce finalement toutes ces forteresses qui sont à l’origine de la pauvreté de l’offre électoral proposé aujourd’hui au peuple.

L’espoir du 22 février est né pour jeter aux orties cette douloureuse impression qui nous taraude et fait de nous des coupables condamnés à vivoter à l’ombre et dans le silence de ces forteresses. Vivre dans ces lieux et dans pareille atmosphère a fait enrager le citoyen à cause de l’absence d’une intelligence politique pour développer un pays gorgé de richesses du sol et du sous-sol ? Ledit-citoyen aurait tant aimé voir ses enfants rêver aux merveilles du monde et non terrifier par les macabres fumisteries de l’enfer ? Voir de son vivant la conscience politique de la société soutenant la Loi qui interdirait à ceux qui interdisent l’espace public aux femmes au nom d’une morale bigote et infantile. Des femmes qui pourraient s’adonner à des vagabondages pour respirer l’air de nos montagnes et profiter sur les plages du soleil généreux du pays.

Les tenants de la matraque pensaient nous berner avec des miettes de la rente accompagnées d’épopées d’histoire chantées dans une rude langue de bois ennuyeuse comme une journée sans pain ? Ils ont retenu de Machiavel que la dureté du traitement contre un ennemi et non la Vertu du Prince qui doit connaitre son peuple et doit savoir s’entourer de ministres et conseillers habités par ce que l’on nomme aujourd’hui le sens de l’Etat.

Avec le 22 février 2019, le pays est d’ores et déjà entré dans une séquence de son histoire où la rupture ne doit pas se limiter à un badigeonnage des devantures des bâtiments officiels ni cacher la misère derrière un décor de cinéma sur le parcours des visiteurs de marque entre l’aéroport et les lambris des palais du Prince. Désormais tout le monde a entendu le message du jour béni du 22 février. Une leçon politique mémorable à travers une attitude, des mots d’ordre et l’espoir qui habitait tous ceux qui ont participé à l’accueil de ce printemps.

Puisqu’on nous parle de constantes nationales, commençons par inscrire dans la constitution à côté de l’article ‘’ l’Algérie républicaine est une et indivisible, un autre article, ‘’le mandat de la magistrature suprême est renouvelable une fois et le dit article ne peut être amendé sous aucun prétexte. Ça éviterait au pays bien des déboires…

Le 22 février est le prélude à un changement qui en prépare un autre’’. La phrase est de Machiavel qui a si bien disserté sur l’Histoire et la politique. Et ce prince de la politique ajouta, il y a 5 siècles que la meilleure forteresse qui soit c’est de ne pas être haït par son peuple.  Un avis qu’il serait bon dorénavant de ne pas ignorer car il n’a pas pris une ride dans tout pays qui repose sur la légitimité de la souveraineté du peuple.

Ali Akika.

Notes

(1)  Tous ces mots se trouvent dans l’appel d’intellectuels et artistes publié à Alger le 25 février 2019.

(2)  Ça me rappelle l’image du pasteur (le berger) qui conduit son troupeau. La Bible, ça suffit. Avec la république aujourd’hui, le peuple n’a pas besoin de berger. Il est son propre guide et sait mieux que quiconque trouver son chemin.

(3)  Dans cet appel, on parle d’autodétermination. Le droit à l’autodétermination s’applique dans le cas d’un peuple opprimé et un pays occupé par une puissance étrangère. Quand un peuple se soulève contre un pouvoir national, il use de son droit contre une oppression.

Auteur
Ali Akika

 




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