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« Nous ne sommes pas arabes ! » (Vidéo)

Quand un député Kabyle se lâche à l’APN 

« Nous ne sommes pas arabes ! » (Vidéo)

Est-ce une prise de conscience générale qui se propage à toute vitesse ou une simple tempête passagère qui finira par s’essouffler et rejoindre la série d’évènements et de printemps sans conséquences majeures pour le pays ?  Quand on sait le nombre de revendications pacifiques que le pouvoir de petits chenapans, ignares et sordides, a su calmer par la matraque et/ou la ruse en mobilisant ses fidèles serviteurs pour casser toutes sortes de dynamiques légitimes, il y a de quoi poser un regard perplexe sur les dernières agitations populaires.  

Toujours est-il que la propagation du discours revendicatif de la cause amazighe semble se décomplexer et gagner du terrain un peu partout pour s’étendre, en plus des régions mozabite et chaoui, jusqu’aux citadelles du pouvoir, comme cela a été le cas tout récemment dans l’enceinte même de l’APN. Une assemblée dans laquelle siègent des dizaines de députés béni-oui-oui, grassement rémunérés par la clique qui gravite autour de Aek el-Mali, et dont la mission, faut-il le rappeler, se limite à participer à des votes à main levée pour dire oui, à tout et n’importe quoi, pour légitimer toutes sortes de frasques, d’en haut édictées !

Le discours de Khaled Tazaghart, (député du Front El Moustakbal) tenu, le 10 décembre, essentiellement en kabyle, à l’APN est singulièrement inhabituel pour ne pas le laisser passer sous silence, car il énonce une série d’évidences aigües que seul le pouvoir s’entête depuis bien avant 1962 à en réfuter les réalités. Démontrant de ce fait le caractère colonial du système FLiNtox qui a confisqué les rênes de l’Algérie pour l’amarrer à toutes sortes de constantes nationales importées d’ailleurs pour nous transmuter de force en ce que nous n’avons jamais été !

Malgré leur caractère fougueux et sincère, il y a néanmoins un petit bémol à ces envolées ; c’est ce zèle caractérisé à inviter « la-illaha illa allah, mohamed rassoul allah » dans une revendication qui a pour objectif justement de désenchainer la société de ce qui l’a entraînée vers une arabisation forcenée, à savoir ce cordon qui la lie à la oumma et qu’il est temps de couper aussi ! Car, refuser d’être arabe tout en perpétuant la « chahadda taht esseif » est pour le moins incohérent, par rapport à la démarche et aux objectifs de construction d’une société libérée de toute emprise céleste.  C’est, de mon point de vue, l’unique canal libérateur qui permettrait à cette jeunesse montante de ne plus tourner le dos à la mer et au monde qui y navigue en toute gaieté !   

En tous cas, l’intervention de Khaled Tazaghart est intéressante, ne serait-ce que par le fait de constater que les messages de notre sage Lounis Aït Menguellet ont franchi l’enceinte de l’APN, puisqu’en guise de conclusion, notre député se fend d’un « nezra la’thzeram khass ma th’dregh’lam » significatif, tiré d’e la chanson Nezra (Album Ammi) de notre vénérable chantre ! Si nous faisions rentrer, ne serait-ce qu’une infime partie des messages d’éveil de Lounis à l’APN pour en faire le « tafssir el 3ali » qui leur est dû, même le député Tliba se mettrait à hurler « Nekkini matchi dh Aerav ! Assa, azekka, alla, alla !».

D’ailleurs si le député Tazaghart avait bien intégré « Avehri », le titre précédent « Nezra » dans le même album « Ammi », il aurait enfoncé le clou en martelant encore plus fort « Dhachouth rebbi yaggui ikwen yess’d’rawchene yawk ? » ! Rêver d’un éveil intégral de nos honorables députés, après tout, pourquoi pas ?

Auteur
Kacem Madani

 




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