4 décembre 2024
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ONU : mener l’Humanité au paradis ou sauver le monde de l’enfer ?

Dans l’histoire tourmentée du conflit israélo-palestinien, le rôle des Nations unies apparaît comme une scène d’interminables promesses de paix et d’efforts avortés.

Alors que la Palestine tente depuis des décennies d’obtenir une reconnaissance pleine et entière, la question de l’inclusion et de l’exclusion des acteurs en jeu ne fait que souligner les contradictions internes de cette organisation censée protéger la paix mondiale. 

Les mots de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, résonnent ici avec force : « Les Nations Unies n’ont pas été créées pour mener l’humanité au paradis, mais pour la sauver de l’enfer. »

Pourtant, à voir le blocage perpétuel de l’ONU sur cette question, on pourrait se demander si elle n’a pas simplement échoué à nous éloigner du chaos.

Le débat autour de la Palestine et d’Israël au sein de l’ONU semble figé dans un dilemme kafkaïen : faut-il inclure la Palestine en tant qu’État membre, tout en excluant Israël, ou maintenir les deux dans un équilibre instable ? En 2012, la Palestine obtenait le statut d’État observateur non-membre, une avancée symbolique mais bien insuffisante aux yeux de ses défenseurs. Israël, de son côté, reste un membre à part entière, mais son statut se voit sans cesse remis en cause par des appels à des sanctions et résolutions qui finissent systématiquement au point mort. Cette inclusion « asymétrique » brouille les pistes : l’ONU peut-elle réellement agir en arbitre neutre, ou se contente-t-elle de distribuer des rôles dans une impasse politique ?

Dans ce contexte, la mainmise des grandes puissances occidentales, États-Unis en tête, pèse lourdement. Le soutien américain à Israël, matérialisé par le droit de veto au Conseil de Sécurité, rend toute tentative de sanction pratiquement impossible. Cette alliance stratégique n’est pas nouvelle, mais elle souligne un double standard criant : d’un côté, l’ONU prône la paix et la justice internationale, de l’autre, elle est l’otage de ses membres influents.

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La montée de puissances émergentes, notamment la Chine et la Russie, met en lumière une contestation du modèle multilatéral actuel, souvent perçu comme un outil au service de l’Occident. Ces acteurs tentent d’offrir des alternatives, ou tout au moins de nuancer l’influence dominante des États-Unis. Mais ce glissement progressif de l’équilibre mondial est-il réellement au service de la paix, ou bien aggrave-t-il une polarisation des intérêts, avec pour conséquence une ONU plus divisée que jamais ?

Un nouvel ordre en gestation… ou le symptôme d’une organisation en déclin ?

À l’heure où l’ordre occidental perd de sa prééminence, une nouvelle vision du monde est en gestation. Des coalitions comme les BRICS, qui regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, revendiquent une place plus équitable sur la scène internationale et poussent pour des réformes de gouvernance mondiale. Ces nouvelles voix représentent-elles un espoir de transformation pour l’ONU ? Ou ne sont-elles que des intérêts divergents ajoutant à la cacophonie générale ?

La question israélo-palestinienne cristallise ces contradictions. Face à un conflit emblématique d’une justice internationale toujours en suspens, l’ONU incarne une organisation coincée entre l’idéal et la réalité, entre les aspirations d’un nouvel ordre mondial et la persistance d’un ancien ordre en déclin. La reconnaissance de la Palestine ou l’exclusion d’Israël ne sont pas des décisions anodines : elles engagent l’ONU dans une redéfinition de sa mission, loin du rêve de paix universelle, et peut-être plus proche de la gestion pragmatique d’un monde divisé.

Ainsi, l’ONU se trouve à un carrefour. Devrait-elle chercher à « mener l’humanité au paradis » en imposant des idéaux de paix, d’équité et de reconnaissance pour tous ? Ou doit-elle se résigner à son rôle de « sauveuse de l’enfer », acceptant les compromis et les failles d’un ordre multilatéral qui peine à se réinventer ?

Face aux enjeux brûlants et aux attentes déçues, le rôle de l’ONU semble se diluer dans des incantations de paix qui masquent mal les fractures profondes de la géopolitique mondiale. Peut-être est-il temps pour elle de se demander si elle peut encore remplir son mandat sans être instrumentalisée. La question israélo-palestinienne, loin d’être un simple conflit régional, apparaît alors comme un révélateur d’un monde à la recherche de nouvelles règles, entre un ordre ancien en déclin et un nouvel ordre encore à définir.

Dans cette quête, l’ONU devra peut-être admettre que son mandat n’est pas de nous mener au paradis – une vision idéale mais irréaliste – mais bien d’empêcher un enfer global. Un défi qui pourrait définir la survie de cette institution, ou sceller son échec historique.

En conclusion, l’ONU se trouve face à une épreuve de vérité : la question israélo-palestinienne est moins un problème isolé qu’un miroir des dilemmes profonds qui traversent l’organisation et le monde. Le choix d’inclure ou d’exclure, de reconnaître ou de refuser, est plus qu’un simple geste politique ; il remet en question les valeurs fondatrices d’une institution censée représenter une communauté internationale unie.

Pour rester pertinente, l’ONU devra trouver un équilibre entre les idéaux de justice qui lui ont donné naissance et les intérêts contradictoires qui la freinent. Sauver l’humanité de l’enfer n’est peut-être pas suffisant, mais c’est un point de départ. Car si elle ne parvient pas à surmonter ce dilemme, elle risque d’être vue non pas comme la gardienne de la paix mondiale, mais comme une spectatrice impuissante de son propre déclin, abandonnant l’humanité aux incertitudes d’un ordre mondial en transition.

« La paix n’est pas l’absence de conflits, mais la capacité à les résoudre par le dialogue. » – Nelson Mandela. Cette phrase rappelle que la paix ne réside pas dans l’évitement des conflits, mais dans l’engagement actif et sincère pour les résoudre – un message particulièrement pertinent pour l’ONU face au dilemme israélo-palestinien.

Dr  A Boumezrag

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