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Ooredoo : c’était avant !

REGARD

Ooredoo : c’était avant !

Après vous être  fait dérobé votre téléphone chinois qui a coûté la modique somme de 35 000 dinars (smig 18000 DA), le cœur serré,  en pensant à toutes les photos et les vidéos que vous avez perdu, vous vous dirigez stressé et le pas pressé vers votre opérateur.

Dans notre cas il s’agit  d’Ooredoo alias Nedjma. Poliment mais la gorge encore nouée, bavette sur le museau,  vous alignez humblement votre 43  sur la  ligne rouge. Pas jaune mais rouge avec des pointillés blancs comme  pour signaler un danger, distanciation et Covid obligent.

Fixant, l’air pitoyable, la jeune fille bien enfoncée dans son fauteuil en face de vous, planquée derrière son pupitre, vous dites :
– Bonsoir Madame, je me suis fait voler mon téléphone je souhaiterais avoir une autre puce correspondant à mon numéro.
– C’est votre numéro?
– Oui bien sûr
– Prépayé ou abonnement ?
– Prépayée
– Alors il vous faut une déclaration  de perte établie par la police. Je vous remplis un formulaire et on se chargera de votre cas au poste de police.

Là un vent de panique vous submerge et vous rétorquez :
– Mais madame il est 16h30. C’est trop tard pour aller au commissariat et j’ai vraiment besoin du téléphone je travaille avec.
– Je n’y peux rien c’est le règlement lâche la donzelle d’un air désinvolte.
– Mais madame il y a  quelques temps,  j’ai récupéré un duplicata de la puce à ma fille sans tout ce casse tête insistez vous décidé à ne pas lâcher prise.
– Je n’y peux rien, c’était avant ! ça a changé! dit-elle sèchement tout en tendant le fameux formulaire.

Résigné, vous vous emparez du formulaire bien décidé à retrouver dès la première heure du lendemain les plaisirs de la téléphonie. Tôt le matin vous vous dirigez vers le commissariat, le précieux document tenu fermement dans les mains.

Passons l’épisode policier qui n’est  ni des plus distrayants ni des plus intéressants. Une millionième désillusion face à la ténacité de ce virus variant algérien, des plus dangereux et tenace, que l’on éradiquera jamais, du moins de votre vivant : la bureaucratie arabisée, islamisée, kabylisée,

Il est 11h00 à la sortie du poste de police, la déclaration de perte établie entre les mains, en route vers l’agence Ooredoo la plus proche afin de renouer au plus vite avec les ondes. L’étouffement commençant doucement mais sûrement à gagner vos neurones.

Du monde est agglutiné devant la porte : pas de réseau , revenez dans une heure ou deux ! crie l’agent de sécurité posté devant l’entrée.

Ok ne paniquons pas ! Vaquons à nos occupations et laissons quelques heures au réseau qu’il puisse se requinquer.

A 16 h de retour chez Ooredoo, le sourire jusqu’aux dents, la déclaration magique exhibée fièrement vous lancez à la bonne dame qui n’est pas la même que celle de la veille, bien sûr :
– J’ai la déclaration de perte, voilà ma carte d’identité je voudrais une autre puce

Se saisissant du parchemin qu’elle scrute bien soigneusement la jeune dame lance, les yeux inquisiteurs:
– Quel est le dernier numéro que vous avez appelez ?
– Quoi? rétorquez-vous abasourdi
– Oui, on doit vérifier dit-elle
– Vérifier quoi? lancez vous.
– Que c’est bien votre numéro. Répond-elle
– Le numéro est en mon nom, vous avez une carte d’identité entre les mains et une déclaration de perte de la police et vous cherchez à savoir quel est le dernier numéro que j’ai appelé. Hé bien je ne m’en souviens pas. Je me rappelle seulement de Nedjma, géré à la façon canadienne, qui me remplaçait ma puce en trois minutes tandis que je n’oublierai jamais Ooredoo géré à l’algérienne, qui m’a fait subir un parcours du combattant épuisant pendant plus de 24 heures pour dupliquer une puce!

Là, la dame ne moufte plus et vous remet le trophée tant méritée.

Votre puce à la main, vous prenez au plus vite le large humant l’oxygène de dame nature à satiété. Pressé de rentrer chez vous, prendre une douche, vous désinfecter du virus, vous purifier et enfin vous allonger en face de Netflix, vous réalisez l’ampleur de la catastrophe. Il est très probable que ce précieux et vital liquide soit indisponible !

Et là, à ce moment précis, vous ne pouvez vous empêcher de vous remémorer Alger sans coupure d’eau, alimentée par SEAAL (Société des eaux) géré à la lyonnaise, et son métro géré à la parisienne fermé au public depuis qu’il est géré à l’algérienne.

Tout en l’acceptant difficilement, vous ne pouvez ne pas vous rappeler ce temps de la première 3issaba (la bande criminelle), tombée depuis, où tout baignait dans l’huile, c’était avant…

Auteur
Djalal Larabi

 




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