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Où va ce monde coincé entre crapules et lâches ?

Dollars

Selon, notre président, une seule famille de la 3issaba aurait détourné 500.000 milliards de centimes, l’équivalent de 250 millions d’euros !  Et, il n’y a aucune raison de ne pas croire le premier magistrat du pays.

Mais nom de Belzebuth et de tous les diables, que peut-on donc faire de tout cet argent quand un calcul simple et rapide vous fait réaliser qu’un million d’euros équivaut à 70 années de salaire minimum de croissance (1290 euros = smic mensuel pour l’année 2022 en France) et que 20 millions représentent carrément 1400 années du même smic, l’équivalent du calendrier et de l’Histoire du monde musulman au complet ? Ya Ibad Allah ! comment peut-on nous faire croire qu’un politicien qui jongle avec de telles sommes sans prendre le tournis puisse avoir suffisamment de recul sur les problèmes du citoyen et façonner son destin avec bonté et bienveillance, la rahma d’Allah coulant dans chacune de ses veines ? C’est à croire que cloitrés dans leurs tours d’ivoires, les politiciens et les hommes et femmes du grand Monde vivent dans un monde parallèle.

Un monde éloigné de toute perception de la misère dans laquelle se débat le citoyen honnête aux quatre coins de la planète ! Ces attitudes rappellent étrangement l’épisode du « dernier empereur » que l’on empêchait de sortir de la cité interdite afin qu’il ne découvre pas l’indigence chronique du peuple, et qu’il finit par découvrir avec effroi quand il réussit à s’échapper de l’enceinte de la citadelle faste et somptueuse !

Descendez donc voir et côtoyer vos peuples au lieu d’en piller les ressources et les efforts !

Décidément, sous quelque angle de vision envisagé, on en déduit que la morale a foutu le camp aux quatre coins des continents.

Le monde se porterait tellement mieux sans cette frénésie de l’argent et du pouvoir qui semble éloigner de plus en plus l’homme des préceptes fondamentaux de la vie que la sagesse des anciens ont bien su décoder pour nous les transmettre génération après génération.

À cet égard, dans ces moments d’incompréhension et d’angoisse sur la cupidité des hommes, il me revient souvent en mémoire des souvenirs de ma grand-mère et d’une philosophie de vie simple et humaine. Certains épisodes dont j’ai eu la chance d’être témoin m’ont donné la juste mesure, c’est-à-dire un zéro quasi absolu, de l’argent et des richesses de ce bas-monde.

J’avais à peine 12-13 ans, ce jour où j’accompagnais cette grand-mère à la stature imposante sur les sentiers de mon village natal. En cours de route, nous avions dit bonjour à un vieil homme assis et adossé contre un mur, la tête enfouie dans les genoux pour ne pas voir le monde qui l’entoure. Salutations auxquelles il ne daigne pas répondre ! Nous avions à peine fait quelques pas de plus que ma grand-mère fait volte-face m’entraînant avec elle pour apostropher le Vieux !

-Dis-moi Amar-Hamou, je viens de te dire bonjour, tu n’as pas répondu, c’est que tu as un problème, que se passe-t-il ?

– Laisse-moi tranquille ! murmure-t-il.

-Non, je ne te laisserais pas tranquille tant que tu ne me fais pas part de tes soucis !

Il faut dire qu’elle avait beaucoup de trempe ma petite grand-mère. Une étoile qui a su guider la vie de la veuve et des orphelins, mieux que ne l’auraient fait les parents les plus avenants !

Vaincu par tant de détermination, le petit vieux déverse quelques confidences relatives à des petits problèmes familiaux, essentiellement centrés sur le fait qu’on l’aurait déplacé d’une grande pièce au profit de son fils pour lui octroyer une plus petite, lui le patriarche !

Au terme de son récit, ma grand-mère éclate de rire. Troublé, le vieux la dévisage avec une consternation mêlé d’égarement (mais qu’est-ce qu’elle a cette folle à ainsi rire de mes tourments ? devait-il se dire.)

-Mais voyons Amar, à ton âge, à mon âge (70 ans à peine), qu’avons-nous comme logis sinon celui qui nous attend là-bas, l’index de la chahadda pointé sur le cimetière dominant la colline et visible de loin !

À ces mots, comme propulsé par un ressort de raideur divine, le vieux se relève et grommelle « Wallah tu as raison a Ouardia », avant de s’en retourner gaiement rejoindre le foyer qu’il avait boudé toute une matinée !

Amar-Hamou est mort peu de temps après, et ma grand-mère l’a suivi quatre ou cinq années plus tard, il y a de cela plus de cinquante ans !

Quand de telles anecdotes vous reviennent en mémoire, vous avez bien du mal à comprendre les mécanismes à l’origine de ces turpitudes qui entraînent inexorablement le monde de l’homo-sapiens vers la fin de son règne sur la planète. Un homo-sapiens devenu si vorace, si avide, si insatiable qu’il serait prêt à dévorer sa propre mère pour quelques bouchées de plus assurées à son bien-être et celui de sa progéniture, oubliant souvent que la vie de ceux qui sont déjà bien longtemps sous terre vibrait aussi sur le tempo de tant de rêves et d’illusions !

Le monde court à sa perte, à vitesse grand V ! Il est trop tard pour le sauver ! Les crapules sont aux commandes quasiment dans tous les pays, et trop de lâches serviteurs leurs prêtent mains fortes pour les seconder dans cet ouvrage de destruction irréversible et insensé et auquel nous assistons tous en spectateurs souvent impuissants mais parfois complices !

Indignez-vous ! nous lançait Stéphane Hessel du haut de ses 93 ans, il y a plus de 10 ans ! Mais l’indignation à elle seule suffit-elle pour ramener à la raison tant de crapules et de lâches aux commandes et dissiper ce sale temps qui s’abat sur la planète ? Il est permis d’en douter !

Tant la machine du dernier souffle semble s’être emballée au point que nulle force, nulle sagesse n’est plus en mesure d’arrêter sa course folle vers le destin final, celui d’une extinction fatale dont nulle autre espèce animale ne peut se vanter depuis que les balbutiements de vie sont apparus dans les océans de la Terre, il y a de cela quatre milliards d’années !

Mais après tout, l’homo-sapiens n’est-il pas le seul animal à avoir su creuser sa propre tombe en délimitant les enceintes de ses cimetières pour les mettre à l’abri des charognards, perturbant ainsi le cycle même de la vie tel qu’établi par dame nature depuis des millions d’années ?

Nous comprenons le monde mais sommes spectateurs impuissants à son évolution !

Contentons-nous de tels postulats d’indignation pour rassurer nos inquiétudes !

Kacem Madani

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