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Où va-t-on comme ça ?

Santé

Où va-t-on comme ça ?

Comment justifier l’injustifiable ? Je ne parle pas de l’affaire de la cocaïne du port d’Oran, mais bien d’autre chose ! Comment le service de la maternité de l’hôpital de cette même ville a-t-il osé, il y a quelques jours, délivrer la dépouille d’un bébé mort dans un carton à son père?

Qui a pris cette décision et depuis quand une telle pratique est-elle en vigueur dans cet établissement ? Est-il logique de voir se propager de tels comportements indignes du serment d’Hippocrate dans nos hôpitaux ? Puis, où est le respect de la dignité humaine, où est la courtoisie, la sensibilité des blouses blanches, le savoir-être? Le plus tragique dans cette affaire, c’est que quelques membres du personnel médical de ladite structure ont pris, toute honte bue, le micro pour dérouler tout un argumentaire devant des journalistes choqués, défendant leur attitude pour le moins immorale, inhumaine et sauvage. 

Loin d’être un fait divers anodin jeté en pâture à des chaînes-télé privées en mal d’audience, cet événement souligne, de manière claire, le mal profond de notre système de santé. Un système qui souffre aujourd’hui, face à l’anarchie de gestion, les pénuries d’équipement dans le service public, les lenteurs et les tracasseries administratives. Ce qui contraint beaucoup de patients livrés à eux-mêmes à se tourner, de plus en plus, vers le secteur privé pour des soins parfois très rudimentaires. Puis, il y a aussi l’exode de nos compétences à l’étranger qui est l’un des problèmes majeurs à régler en toute urgence.

A titre d’exemple, plus de 4 800 médecins, et entre 10.000 et 15.000 autres praticiens algériens exercent dans les hôpitaux de l’hexagone, tandis que d’autres sont installés aux quatre coins de la planète, alors que le coût de la formation des contingents du corps médical ayant fui le pays entre 1996 et 2006 s’est élevé à 40 milliards de dollars! L’Algérie est un pays qui produit de la matière grise au bénéfice des autres. 

Triste constat dont les miens en font les frais ! Une telle situation est à même de créer des déserts médicaux dans les campagnes et même dans les villes de l’intérieur dans les années à venir. La réalité est à ce point désastreuse que tous les Algériens décrivent leurs hôpitaux comme des mouroirs où la perte de l’éthique, le manque de savoir-faire et la mâarifa sont les caractéristiques les plus saillantes. Tout cela déforme l’image de l’Etat chez les citoyens, au point de rompre tout lien de confiance entre les deux. Le secteur privé n’est pas, lui aussi, au mieux de sa forme ni dans ses prestations ni dans ses coûts onéreux. Quelques faits divers alarmants ayant eu lieu, ces dernières années, mettent en relief son inefficacité et la piètre qualité des services dispensés. Que faire alors? Où tourner sa tête ? Où se soigner en cette Algérie trop mal en point ? 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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